Soixante deux

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Impossible de comprendre la douleur d'une côte cassée avant de l'avoir expérimentée soi-même. C'était comme couteau, planté dans son flan et qui à chaque respiration s'enfonçait plus profondément. Heureusement, dès que la douleur devenait trop importante, Hannah venait lui injecter un anti-douleur directement par intraveineuse. C'était sympa de l'avoir là, même s'il la connaissait à peine. Elle était ce genre de personne qui parle beaucoup et meuble le silence, et Harry l'en remerciait parce que lui ne parlait pas beaucoup.

Louis resta à l'hôpital toute la journée, à regarder la télévision avec lui, à lui raconter des histoires d'enfance sans but précis mais Harry aimait l'entendre parler. Louis avait une manière de raconter les histoires qu'il adorait. Il prenait une voix dramatique pour les parties tristes ou effrayantes, et quand il s'excitait, il posait ses doigts sur le bras de Harry et le serrait fort en gesticulant sur son siège. Il s'essoufflait et explosait de rire pendant que Harry le regardait, les yeux grands ouverts. Lui ne souriait pas mais il ne fronçait pas non plus les sourcils. Il regardait. De temps en temps il hochait la tête, sans jamais le quitter des yeux.

On pourrait penser qu'être à l'hôpital ne soit pas très fun, mais c'était peut-être une des activités préférées de Harry ; rester allongé sur son lit, écouter louis parler sans aucune distraction mis à part la douleur et les quelques quintes de toux. Son poumon guérissait déjà, et il pouvait ne plus porter le masque à oxygène. Il pouvait respirer seul et sans tousser pendant plus longtemps maintenant.

Mais bien sûr, louis allait bien finir par devoir partir. Il devait se doucher, dormir ailleurs que sur une chaise. Harry aurait adoré que louis puisse dormir avec lui, dans son petit lit, mais tous les câbles auraient rendu leur sommeil inconfortable. Donc, vers six heure trente, Hannah est venue donner à Harry ses médicaments pour la nuit. Elle a suggéré à louis de rentrer et de se reposer, de prendre une pause de l'hôpital. Louis n'avait pas l'air de vouloir partir, mais Harry hocha la tête et toussa avant de sourire.

« Oui, Lou » murmura-t-il, en s'éclaircissant la gorge. Hannah tendit le bras et déposa une main sur son épaule.

« Je m'en occupe, c'est un patient facile. S'il se passe quoi que ce soit, je t'appelle, d'accord ? »

Louis se renfrogna. « S'il se passe quoi que ce soit ? Est-ce que quelque chose peut se passer ? » il recula et croisa le regard de Harry avant de poser ses yeux sur Hannah.

Harry se mit de nouveau à tousser alors qu'Hannah secouait la tête en direction de louis. Elle l'aida gentiment à mettre le masque au-dessus de ses lèvres avant de se tourner de nouveau vers louis. « Non, louis. Rentre chez toi. Je ne veux pas être méchante, mais tu vas vite te lasser te l'hôpital si tu y restes toute la journée. »

Harry retira doucement le masque de son visage sans le quitter des yeux, alors que sa gorge se détendait puis il regarda dehors. Il neigeait. Pas suffisamment pour qu'il ne voit pas au loin mais il neigeait. La neige blanche qui tombait en tourbillon lui serra la poitrine. Il s'imagina louis conduire sous la neige et cela le rendit nerveux même si louis n'avait jamais eu d'accident jusque-là. "sois prudent," dit-il doucement, clignant des yeux plus vite comme si la neige allait disparaitre. Il entrouvrit les lèvres alors que le paysage attirait son regard. Il fut distrait par le soleil qui se couchait à l'horizon, ses rayons se reflétaient sur le sol et à travers les arbres, la lumière comme des étincelles sur sa fenêtre. Il adorait les tons orangés et rose du ciel, qui brillaient purs sur les flocons blancs qui tombaient toujours. La neige était peut-être l'une de ses choses qui lui donnait comme un pincement au cœur, une beauté qu'il ne comprenait pas tout à fait, quelque chose qui l'émerveillait et attirait toujours son regard.

Il sentit le nez de louis dans son cou, prendre une grande inspiration et murmuré, « Magnifique, n'est-ce pas ? »

Harry hocha la tête, les yeux grands ouverts.

i sleep naked ➸ je dors nuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant