Je t'aime plus que toi

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Ce matin-là, rien n'avait vraiment changé dans l'ambiance matinale à la maison. Encore, le bruit des coups de balais sur le sol crasseux de la cour annonçait l'heure du réveil pour . Si quelque chose se passait autrement que d'accoutumé, ce matin-là, dans la chambre du mécanicien, c'était bien le sentiment dégoutant qu'un rêve, qui venait de prendre son épilogue. Rêve peut-être irréalisable, impudique et peut-être même de nature pécheresse.

Toujours assis sur le lit, la tête dans les mains, comme si quelque chose lui avait frappé sur la tempe et derrière la tête en même temps, il sentait son cœur se fondre comme de la cire au soleil d'octobre. En remuant ses dernières minutes de sommeil avec ce qui est resté accroché à son lit, il voyait encore la « forme » qui l'avait suivi depuis l'arrêt de bus.

Cette silhouette pulpeuse, ronde par les côtés, arrondie par ses extrémités, tentante comme le balbutiement avant la sortie de mot, cette matière féminine lui a séduit depuis sa descente du bus. Charnue, elle l'avait inlassablement suivi, lui posant par moment un regard gracieux, doux et fantasmé. De l'action de ce regard érotique sur l'homme, on aurait dit une fleur éclose laissant couler son liquide sucré dans le dos de Serigne. En ralentissant son pas, l'odeur suave qui dégageait des aisselles de la nymphe lui parvenait jusqu'au cerveau. À cet instant, son instinct, animal et brutal, l'agaçait. En même temps, la senteur lui paralysait le pas et l'empêchait d'avancer.

L'attente du contact avec la nymphe fut longue, jusqu'au moment où, une main pulpeuse et pubienne lui caressa ; le cou d'abord, puis la joue avant de le saisir par la main.

À partir de ce moment-là, tout s'accéléra. D'un vif-éclair, furtif, comme la lumière jaillissant dans la pénombre, et la belle se retrouvèrent oniriques sous une couette satinée.

-Tu vas sortir de la chambre oui ou non ? Ton mariage est pour demain et tu es encore là à fléchir.

La voix autoritaire de sa tante coupa le silence envoûtant qui régnait dans la chambre. Ce silence qui s'évanouit finalement avec le bruit strident que fit le lit quand le jeune homme se leva brusquement. À cet instant précis, gluant et gênant ses pas fébriles, un liquide avait coulé le long de sa cuisse...


Chronique du rêve d'AdamWhere stories live. Discover now