Chapitre 3

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-Dakar, Dakar.... "tilène, tilène..." ! Les cris de l'apprenti chauffeur pénétraient les tympans des passagers à la fois horripilés et pressés de se rendre au travail.Sur le fond d'un siège minuscule qu'il partageait avec une dame, une commerçante de poissons sans doute, reconnaissable à sa besace pendante de pièces de monnaie, Serigne ne se rendait compte de rien à ce qui se passait dans son entourage. Ni le bruit, ni les odeurs ne l'atteignaient. Il vivait les cinq secondes que chacun d'entre nous a déjà vécu, complètement emporté par un nuage d'évènements qui viennent de se produire et dont notre vie pourrait en ressortir impactée á jamais.Plongé dans ses pensées les plus profondes, son visage alternait entre l'expression d'une mélancolie générale et une angoisse pesante. Sans doute, pensait-il : se marier avec "cette fille" n'est pas une bonne décision, ainsi le lui disait souvent son meilleur ami Birahim. 

Le car s'arrêta juste non loin de l'atelier sous les premiers rayons chauds du soleil estival. L'odeur de la fumée de carburant et celle des aisselles poilues et dorées des transports en commun cédait la place á celle des beignets et du café sucré-cramé. Serigne avança d'un pas craintif, comme s'il voulait se prémunir d'être vu de quelqu'un. Ou de quelque chose, quelle importance ? Par ici, autant plus écouter les choses que les êtres. Ainsi le disait l'autre. Que les murs aient des oreilles, voyaient-ils alors ! Comme à l'accoutumé à ces heures de la matinée, dans le seul espace « propre » au milieu d'une panoplie de carcasses de voitures, la vendeuse de petit déjeuner était encore là. Tout va lentement vers la journée de cohue qui s'annonçait. Il était 9h45 du matin.......

Chronique du rêve d'AdamOnde histórias criam vida. Descubra agora