5. Tentation

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Hageshi

Cette toile que j'ai tissée, c'est pour Edward, chaque ligne se relie pour créer une alliance redoutable, assemblée pour former un dessin net et invisible pour les insectes en dessous de nous.
À présent j'ai notre proie capturée dans mes filets. Ce baiser est un échange de venin, ses mains sur mon corps n'est qu'un divertissement, cette nuit n'est qu'une répétition d'une scène jouée des centaines de fois. Les mêmes regards, les mêmes mots, cette même envie de faire plaisir à cet homme m'apportant la gloire.

C'est ce que tu veux Hageshi.

Au fond de moi cette voix me murmure tout mes désirs, et entendre mes émotions, sentir cette envie montée au fil de ce baiser m'apporte l'excitation soudaine de la réussite. Je suis au dessus de lui, je suis au dessus de cette ville qui m'enferme dans une sphère qui détruit mon corps mais me rends immortel. Edward est mon chemin vers le ciel, il me dit que je suis une étoile, mais une étoile ne doit pas être touchée, sinon elle brûle et emporte un désir lointain avec elle. Je capture celui de cet Azarael, et à nouveau, je brûle. Je reprends mon souffle en séparant mes lèvres des siennes, mon corps empli de cette chaleur était à présent contre le sien, et la foule autour de nous devient de pauvres chuchotements, n'écoutant que lui pour connaître la suite de cette histoire dont je connais la fin. Est ce que j'attends avec espoir un changement ?

«- On pourrait partir d'ici Azarael, loin de ces gens.

- Je ne suis pas contre cette idée, où irions nous Hageshi ?

- Emmène moi vers un plaisir inconnu...»

Pauvre idiot.

Ma main se promène le long de son torse alors que mon regard ne le quitte pas des yeux, un sourire apparaît sur ses lèvres, un sourire naïf. Il prends main et dépose ses lèvres qui venaient de toucher les miennes dessus avant que l'on s'éloigne de la piste d'argent. J'entends à peine Anthony me rabâcher que je vole ses trésors, est ce l'alcool qui me fait penser que je suis un voleur à ses yeux ? Je ne rempli qu'un rôle si simple et pourtant illustré avec précision, la mienne. Azarael a ma main, et alors que l'on récupère nos affaires à la hâte, un rire m'échappe lorsque le gérant de ce bar tente de nous arrêter dans notre précipitation sans bornes. Les lumières nous affiches, violettes, roses, bleues, ses couleurs se déposent sur notre peau, nos cheveux, nous dévoilant au monde dans notre fuite si peu rationnelle.

«- Encore toi Hageshi !! Reviens ici, tu m'as déjà tout pris, pas mon ange !

- C'est les risques du métier chéri. Dis à Anthony qu'il a une bonne queue !»

Je n'avais jamais vu le gérant, habituellement c'est Antho qui me vire de ce bar débordant de désirs à en vomir. Ce dernier devient rouge de honte et se cache parmi les acheteurs de son nectar afin d'éviter le regard de son patron. Tout les patrons font peur, mais ils nous accordent leur intérêt avec de l'argent, du pouvoir, ça en devient ridicule mais attirant à la fois. Une fois nos affaires récupérées, nous traversons la sortie sombre avant que le froid nous accueille par des caresses sur notre peau nue. Un frisson me parcours le long de mon dos, alors que Azarael semble serein tout en marchant de manière rapide pour vite partir du bar.
Les rues étaient délavées, comme si toutes couleurs s'effacent lorsque la fête s'éloigne. Les bâtiments gris sont de plus en plus clair avec la neige se posant sur celle ci et plus foncés lorsqu'elle fond sur les paroisses. Seul le vent parlait dans ce vide presque apaisant, il était trop tard pour les sorties, trop tôt pour rentrer, les rues sont à nous. Azarael, qui était silencieux auparavant, éclate de rire et brise ce silence si aérien, mes sourcils se froncent.

Nous, prostitués Où les histoires vivent. Découvrez maintenant