Chapitre 1

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Paris - 23h

Je sens le vent frais sur mon visage en marchant et je ne peux m'empêcher de fermer les yeux pour profiter de ce moment avant de me rendre au travail.

Cet air j'en ai besoin car je vais me retrouver enfermer durant le reste de la nuit dans cette horrible boîte.

J'ouvre mes yeux et la voit au loin, j'y vois des voitures et du mouvement autour.

Mon ventre se serre, je peux pas m'empêcher d'être stressée comme si c'était mon premier jour, alors que ça fait bientôt bientôt 7 mois que j'y travaille.

Ce n'est pas un choix de cœur de travailler dans cet endroit mais plutôt un choix de survie.

Une fois mon bac obtenu j'ai postulé dans une fac de droit où j'ai été acceptée.
Ces études payées par ma mère me plaisaient énormément.
J'ai toujours eu l'envie de devenir juge pour enfants, pour sauver ceux qui en ont besoin. Une sorte de revanche que je me fais à moi-même.

J'en aurais bien eu besoin d'un juge qui vienne me chercher quand j'étais petite.

Depuis mes 10 ans j'ai une mauvaise entente avec ma mère, et ça s'est aggravée avec le divorce de mes parents.
N'en pouvant plus et par chance des bourses j'ai pu accéder à un appartement et partir du foyer familiale.

Enfin familial est un grand mot, a vrai dire je n'ai pas de frères et de sœurs et plus de nouvelles de mon père depuis mes 15 ans.

Volatilisé.

Je suis pas triste. C'est un poids en moins.
Un poids que je n'aurais jamais dû subir.

Après une dispute ma mère m'a coupé toutes
ressources, et par la même occasion ne paye plus ma fac.

Heureusement cette boîte n'est pas loin de chez moi, 15 minutes à pieds, puisque je n'ai pas de voiture.

J'entends du bruit et tourne ma tête à droite instinctivement et y vois un groupe de garçons me regardant de haut en bas comme si je n'étais plus que la seule femme sur terre.

Dans ces moments là j'ai juste envie de courir et leur donner un coup violent dans les couilles. Mais tenant un minimum à ma vie et en comparant leurs carrures à la mienne j'oublie vite cette idée.

Je fais donc LA technique, et sors mon téléphone et j'y remarque une notification de Lola.

Lola est ma meilleure amie, on a toutes les deux 22 ans. On se connaît depuis toutes petites, c'était mon ancienne voisine. On s'entend tellement bien, c'est comme ma sœur malgré le fait qu'on soit différentes. Elle est blonde, teint blanc, cheveux courts lisses, avec les yeux marrons.

Je suis brune, cheveux longs bouclés, teint blanc avec les yeux verts.
Elle est extravertie, aime le contact et est fan de la mode, elle est d'ailleurs dans une école et est très épanouie là-bas.
Je suis introvertie, et je ne fais qu'appliquer ses conseils pour savoir ce que je dois porter.

Lola :

Coucou ma vie, ce soir je te rejoins vers 00h là je suis en date, et comme tu t'en doute si je t'envoie un message c'est que je m'ennuie à mourir... il ne fait que de me parler de son chien?? Tu y crois toi srx ?!

Devant son message je lâche un rictus. Elle se met toujours dans des bourbiers avec les mecs.
Le contraire de moi qui les évite comme la peste.

J'ai abandonné l'idée qu'un jour je puisse connaître l'amour, le vrai. C'est pas dans ma personnalité de perdre espoir mais je n'ai jamais vu l'amour en vrai, pour moi c'est que dans les livres et les films. Rien d'autre qu'un rêve de petite fille.

Je suis devant la boîte. Me présente devant la porte et Paul s'y trouve devant.
C'est le videur.
Quel connard ce mec. Depuis le premier jour il ne me lâche pas avec son regard de pervers et ses remarques obscènes.

- Oh ma jolie, je savais pas que tu travaillais ce soir dit-il avec son regard de chien avec un grand sourire

Je souffle en lui répondant :

- C'est pas comme si je travaillais ici tous les jours et que j'y croisais ta sale tête au passage

- Toujours en mode tigresse Élise, GRRRR !

Je le fusille du regard et entre dans la boîte en direction des vestiaires.

Ici les filles doivent s'habiller avec un top blanc et un jeans slim noir
Pas de requête sur comment nous coiffer et nous maquiller, tant mieux.

Je me change et laisse mes cheveux détachés, je suis déjà maquillée et je rajoute seulement du gloss transparent.
Je me regarde une dernière fois et quitte la pièce en rejoignant le bar.

Je regarde autour de moi et y vois que ce soir il y a pas mal de monde en relevant la tête je croise le regard de Téo, le barman.

On se sourit mutuellement

- Ce soir ne va pas être de tout repos annonce t'il le sourire aux lèvres

- J'ai vu ça.. tant mieux je pourrais peut-être éviter de croiser Paul comme ça

Il rigole et hoche la tête. Sans perdre de temps il me donne une commande :

- Table 3

- Ça marche

Je me dépêche et prends le plateau puis je me dirige vers la table.
Je souris, donne 2-3 formules de politesse et reviens sur mes pas sans attendre leurs réponses.

Un groupe de personne entre dans la boîte, je tourne mon regard vers eux.
Il y a 3 garçons et 2 filles.

Je n'y prête pas attention et retourne au bar.

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