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18h41━ radio

Les jours lui donnaient l'impression de passer comme quand tu lèves les pages d'un calendrier. L'un après l'autre, d'une vitesse qu'on ne remarquait même pas et qui emportait naturellement les souvenirs d'hier. Les huit journées s'étaient enchaînées sans qu'Aly ne les voient, pourtant, chacune d'elles lui avait apporté plus ou moins de joie, de déception ou d'appréhension à un moment ou à un autre.

La joie de continuer à construire son nouveau chez-soit, car bien sûr, l'avancer avait bien changé l'ambiance et la familiarité de la maison. Celle-ci n'était plus une vielle bâtisse abandonnée, mais bien un petit foyer chaleureux et douillet que la jeune femme avait transformer au prix de sueur et de son temps. Quelques petites choses ici et là devaient encore être rénovées ou nettoyées, mais Aly appréciait énormément l'image qu'elle renvoyait.

La déception était un sentiment qu'elle n'aurait jamais vraiment pensé éprouvé le jour où Banda lui avait balancé sa décision de s'en aller. Il ne lui avait jamais expliqué la raison du pourquoi, et Aly n'avait pas pris la peine de lui demander. Elle avait rapidement compris au fil du temps que Banda était loin d'être comme elle, il n'appréciait guère les termes d'un "chez-soi", d'avoir un endroit sécuritaire parce que pour lui, n'importe où était un endroit qu'il pouvait définir comme sans danger. Il avait été épris des jeux, et il n'aimait pas se savoir embarquer dans une sorte de routine que la maison lui donner et qui l'empêchait d'agir comme il le voulait. C'est donc du jour au lendemain qu'il avait pris la décision de partir, laissant une Aly légèrement perdu, mais compréhensive au vu du caractère qu'elle avait côtoyé durant une bonne semaine.

Et enfin, l'appréhension. Cette solitude qu'Aly avait repoussée encore et encore lui était tombé dessus le soir-même où Banda avait quitté la demeure. Les quelques discussions qu'ils avaient, qu'elles soient pertinentes ou non, manquaient assez à la française qui devait maintenant passer ses soirées à lire, à réfléchir dans un silence des plus complet. Se sentiment s'amusait même à la suivre dans les jeux auxquels elle était obligée de participer pour ne pas perdre le peu de liberté qu'il lui restait. La seule différence était que l'isolement qu'elle ressentait dans une partie n'était autre qu'un enclavement qu'elle se donnait à elle-même. Aly ne voulait pas revivre le genre de séparation qui pouvait lui donner l'impression d'être de plus en plus seule. Rejeter avant d'être rejeté, d'une quelconque manière qu'elle soit, c'est ce qu'elle avait décidé de faire.

Huit jours, huit jours durant lesquels elle s'était entièrement approprié sa maison ainsi que les rues adjacentes au points où elle avait l'impression d'y avoir vécu toute sa vie.

Bien sûr avec tout ça, elle n'avait pas oublié de se glisser jusqu'au toit de la tour radio qui surplombait cette partie de la ville. Une fois tous les deux jours, Aly venait grimper la trentaine d'étages pour attendre patiemment l'arrivée de son ami, enfin, elle ne savait même pas quel mot elle devait utiliser pour définir sa relation avec Chishiya. Partenaire ? Ami ? Connaissance ? Enfin, malgré ça, elle n'avait jamais vu le bout de son nez depuis le premier jour où elle était montée ici.

Pile ou face ? | Alice In BorderlandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant