04h14

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TOGA HIMIKO

04h14


Haaaaaaaargh ! 

Vraiment ?! 

Je hurlerai de joie si je ne savais pas que Dabi dort littéralement à côté. Deux de mes objectifs sont résolus (Boire le sang d'Ochaco et tuer une jolie fille, pas manger une glace) 

Ca me parait presque impossible de l'avoir croisé sur une application où des milliers de personnes sont connectés. Ca me parait encore plus impossible qu'elle n'ait eu aucun soupçon et qu'elle n'ait pas demandé de photos de moi, franchement j'aurai pu être un vieux pervers. On dirait presque que l'écrivaine de ma vie à la flemme d'inventer quelque chose de plus plausible. Enfin, si quelqu'un écrit ma vie, je la tuerait probablement pour m'avoir joué un tour pareille avec l'appel d'aujourd'hui.  

Il n'empêche que je suis assez conne : c'est évident qu'il s'agissait d'Ochaco vu qu'il y a littéralement écrit son alter, antigravité, dans sa fiche de présentation. Je suis débile. 

Je ne peux pas m'empêcher de rire un peu. Un sentiment de bonheur fait bondir mon cœur dans ma cage thoracique. L'extase envahit mes veines, coule dans mon sang, éloigne la faucheuse tapie dans mon ventre. JE VAIS VOIR OCHACO ! Je sautille sur place ! Je suis tellement contente et surexcité : je vais voir OCHACO à 7h30 ! Je tourne en rond (toujours dans la chambre de Shigaraki) en sautant sur un pied. 

Le plancher craque, je me retourne en sursautant. Si c'est Shigaraki, la prédiction de Death-Cast va probablement se réaliser plus tôt... Je me fige, toujours un sourire figé sur mes lèvres. J'attend. 

Aucun autre bruit. C'était probablement un rat. J'efface rapidement les pages en appuyant sur la croix rouge de l'ordinateur de Shiggy. Je l'éteind encore plus rapidement : même si c'est ma dernière journée sur terre (et voilà que je deviens dramatique) je préfèrerai ne pas mourir parce que j'ai touché à l'ordi gaming du boss. C'est franchement pourri comme mort en plus. Pire que tomber dans une bouche d'égout. 

Je sors de la chambre de Tomura sur la pointe des pieds accompagnée de ma discrétion phénoménale. 

Je traverse le couloir et m'engouffre dans ma chambre le plus silencieusement possible. Je sens toujours mon cœur battre un peu plus vite et mes mains font des gestes superflus à tout-vas. Je me tord les doigts de joie. C'est une sorte d'hystérie joyeuse qui m'anime et manipule mon corp comme un pantin désarticulé. Pas que le sentiment soit désagréable, cette transe me guide comme une valse. JE VAIS VOIR OCHACO. Elle fait partie des gens que j'aime, avec ses cheveux bruns et ses joues rouges. Je l'aime et je sais qu'elle aime Izuku et j'aime Izuku, ça nous fait déjà un point commun ! 

Je m'agite assez inutilement tout en essayant d'être efficace. Ma frénésie a remplacé la danse de la peur et de la mort qui faisaient leur nid dans les creux de mes entrailles.  

Je sors plusieurs t-shirt à la fois en les balançant sur mon lit. Je les observe, en sort d'autres, les essai les uns après les autres après avoir enlevé mon uniforme habituelle. Je chantonne. Je finis par choisir une jupe et un t-shirt du genre à la mode. J'essaye de remettre en ordre mes cheveux, trace un trait de maquillage autour de mes yeux.      

Je me tourne. 

Me regarde dans le mémoire, dévisage le reflet. Dévisage cette fille que la glace me renvoi. Je sens ma gorge se nouer. Brusquement, la frénésie, ma compagnonne fidèle, semble s'incliner devant la déprime. C'est le genre de fille que j'étais avant que je vois dans ma réflexion. La fille parfaite tout juste assez maquillée, la jupe tout juste assez longue, tout juste assez courte. Mais mon masque, mon masque lui s'est brisé en morceaux d'espoirs. Mon visage, au centre de la normalité, c'est le visage d'une taré. Je m'en fiche. J'en ai jamais rien eu à faire. J'EN AI JAMAIS RIEN AU A FAIRE ! 

Ok, peut-être il faut que je me calme. Je m'assois sur ma couche. Je devrai arrêter de sauter d'une émotion à une autre comme sa sans cesse. 

Avant de gouter son sang, je voulais pouvoir discuter un peu avec Ochaco. Pas pour me sentir normale ou une connerie du genre, simplement parce que je l'aime et que c'est normale de vouloir en apprendre plus sur les gens qu'on aime. Mais elle ne voudra jamais me parler. Pas avec ce visage. 

La solitude s'assoit sur mon épaule et la tapote. J'avais oublié le poids de cette vieille amie, elle ne s'était pas assise là depuis que le masque était tombée. Elle balance ses pieds du haut de mon épaule en souriant tristement. Je prends ma tête entre mes mains. 

J'ai été vraiment débile de penser que je pourrai juste aller la voir et discuter avec elle comme ça. 

Je souffle du nez un peu ennuyée et la solitude hausse ses épaules. 

Je reste un peu là et puis je me rappelle que je vais mourir et que s'apitoyer sur son sort n'aide pas. 

Je mets donc au point un plan digne d'un génie. C'est à dire : 

1. Je prends du sang que j'ai en réserve, je me transforme en une jolie fille. 

2. Je vais voir Ochaco. 

3. Je vais discuter avec Ochaco

4. Je bois le sang d'Ochaco

5. Je mange une glace

6. Je meurs

C'est un bon plan, je ne comprends pas pourquoi Shiggy ne me laisse jamais prendre le contrôle des opérations.  Franchement, avec moi comme cheffe, la ligue des vilains aurait déjà gagné. 

Je fouille dans un tiroir remplit de fioles pleines de sang plus ou moins bien étiquetées. Je finis par en sortir une après quelques hésitations. 

Je monte la fiole à la lumière pour mieux observer le liquide rubis et un léger sourire écarte mes lèvres. La solitude s'assoit un peu plus confortablement sur mes épaules tandis que la frénésie décide de revenir s'installer sur l'autre. Elles s'observent, se jugent et finissent par s'accepter mutuellement. 

J'évite la vue du miroir jusqu'à ce que j'ingère le sang. Avec cette quantité j'en ai assez pour une demi-journée peut-être. Un peu moins probablement. Mon visage change avec rapidité et bientôt la glace me renvoi le visage d'une jolie jeune fille aux cheveux noir courts.  

Je m'observe quelques secondes. Je suis plutôt mignonne sous cette apparence franchement. 

Je prends un sac et fous l'argent partiellement volé à Mr.Compress dedans. (Quand à que je meurs, il peut bien me filer son argent franchement.) 

Je regarde mon téléphone qui est à peine chargé et après une seconde d'hésitation je le laisse là : je préfères ne pas avoir à recevoir de message de Shiggy qui me demande ou je suis parce qu'il y a une réunion pour un de ses nouveau plan génialissime ou je sais pas quoi. 

Je décoiffe mes cheveux sombres. 

Il n'est pas du tout l'heure mais je ne peux pas rester ici ou je vais encore me poser trop de questions : il faut que je prenne l'air. La solitude et l'hystérie ont commencé un poker sur mes épaules. 

Je sors avec discrétion, faisant disparaitre ma présence. 

Je traverse le couloir sombre et couverts de gravats. Le salon est sombre mais je connais un peu près la disposition des lieux. Shigaraki et Dabi sont effondrés l'un sur l'autre dans un canapé. Merde si seulement je mourrai pas aujourd'hui j'aurai pu les vanner à tout jamais. Pour deux gars qui se détestent ils sont vachement collés. Je me cogne le gros orteil dans la petite table et manque de crier. Putain, j'espérai que ce genre de chose n'arrivait pas le dernier jour de ta vie.        

J'ouvre la porte et me faufiles dans la rue sombre. 

La première qui meurt à la fin ~Togachaco~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant