3. Vert Pomme

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J'avais dix-sept ans la première fois que j'ai rencontré Mathieu. Il n'avait que deux ans de plus que moi mais, à mes yeux, c'était déjà un adulte. Nous n'étions qu'en avril mais j'étais ipsinmrnoesé par la chaldssfur et lsmhke quuuf dsr maplghez dgvbiu dsddddddddddd l'odeur de moisissure m'irrita les narines.

La première chose que je vis en ouvrant les yeux fut une espèce de tignasse vert pomme en pétard. La jeune femme qui l'arborait ne devait, comparé à moi, pas avoir atteint les trente ans. Toutefois, son visage lisse et enjoué parvenait sûrement à la rajeunir de trois ou quatre ans. Ses yeux bridés me fixaient avec insistances et il me fallut un certain temps pour la reconnaitre. Il s'agissait de l'hôtesse qui m'avait abordé à mon arrivée à l'aéroport du Bourget. En effet, même si son visage était resté le même, le reste n'avait plus rien à voir. Sans même parler de son changement de coupe de cheveux, elle arborait des vêtements sombres et amples, très loin de son tailleur d'hôtesse de l'air.

En détournant le regard de cette espèce de punk, je découvris que j'étais couché sur une espèce de vieux lit aux draps usés. Autour de moi, les murs suintaient d'humidité et l'ensemble ressemblait à un cachot. La fille aux cheveux verts, voyant que j'émergeais, quitta le bord du lit où elle était assise, réajusta sa longue veste informe et me tendit la main.

Salut, moi c'est Marley.

Marley? J'avais le sentiment que ce prénom résonnait autour de moi depuis un moment sans que je ne parvienne à l'entendre.

Où je suis ? balbutiais-jeOn t'expliquera tout ça le moment venu.

Ma tête me tournait et je ne parvenais pas à me concentrer. Seule l'odeur de moisie m'empêchait de sombrer à nouveau dans les limbes. Étrangement, à chaque inspiration, mes narines et ma gorge me brûlait, comme-ci j'avais bu la tasse. Et soudain, comme un raz de marais, mes souvenirs me revinrent.

L'avion ! Il... il s'est craché ! Et... Et je... je... me suis, commençais-je crier en m'étouffant.Calme toi, se pencha Marley vers moi en posant sa main sur la mienne.Je me suis noyée. Je me suis noyée, suffoquais-je.Mais non voyons, regarde. Tu es vivante. Tout va bien. Voilà calme toi.

La jeune femme commença en respirer calmement et m'invita du regard à faire de même. Comme pour me guider, elle agitait une main devant moi au rythme de ses insufflations tandis que l'autre ne quittait pas la mienne. J'observais ses petits doigts, au verni en miette, battre lentement la mesure. Son souffle sentait le tabac froid mais parvenait cependant à me calmer. Après quelques minutes de cet étrange exercice, elle se rassit sur le rebord du lit et me fit un large sourire de compassion.

Ça va mieux ? demanda-t-elle.Oui, je crois.Parfait. Je... je suis morte ? Non, pas du tout. Regarde ma main, me dit Marley et serrant mes doigts dans les siens. Tu la sens ? C'est la preuve que tu es en vie.Mais, l'avion s'est crashé en pleine mer et...Et nous sommes venus te sauver. C'est fini maintenant, c'est fini.

Son visage n'était plus qu'à quelques centimètres du mien et cette proximité avec une inconnue me mettait très mal à l'aise. Aussi, je m'empressais de retirer ma main de son emprise. La punk dût comprendre et se recula lentement.

Regardant une nouvelle fois autour de moi, je commençais à penser que j'étais atterri dans une espèce de squat de vagabonds vu l'état des lieux. De plus, l'allure de Marley ne me permettait pas vraiment d'aller vers d'autres hypothèses. J'en venais même à douter que c'était réellement elle que j'avais croisé à l'aéroport quelques heures/jours plus tôt.

Je suis là depuis combien de temps ?Tu n'as dormi que trois heures.

Ainsi donc je l'avais vu cinq heures plus tôt. Et pourtant, la jeune femme propre sur elle et bien coiffé avait eu le temps de se changer en une espèce d'épouvantail mal fagoté. D'ailleurs, déjà à l'aéroport, elle dénotait légèrement. Ne devant pas dépasser le mètre soixante, elle était loin du mètre quatre-vingt des autres hôtesses et de leurs crinières blondes.

Entre les lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant