2. Jet Privé

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Durant la nuit suivante, je ne fermais pas l'œil de la nuit. Tous les événements de la veille se mélangeaient dans mon esprit dans une véritable tempête.

Je devais ouvrir les yeux. Ce ne pouvait pas être Mathieu qui m'avait envoyé ce courrier. J'étais très certainement victime d'une machination ou d'une blague de très mauvais goût. Mais qui serait assez dérangé pour me jouer un tour pareil ? Sûrement beaucoup plus de gens que je ne le pense. Le visage de l'homme qui m'avait accosté la veille à la terrasse de café me revint en tête.

Cependant, s'il s'agissait bien d'un canular, il avait été orchestré par quelqu'un en ayant les moyens. Après quelques recherches sur internet, il s'avéra que JetFly, la compagnie aérienne où avait réservé le ticket, était spécialisé dans les vols de luxe. En entrant le numéro de réservation, je découvris, avec un certain étonnement, que le jet privé réservé à mon nom l'était pour une durée indéterminée. Ainsi donc, quelqu'un sur Terre avait déboursé une fortune pour affréter un avion dans l'unique but de me conduire à Rome.

Et comme-si cela n'était pas déjà suffisamment invraisemblable, tout cette histoire était mot pour mot celle de mon roman. En retournant le problème dans tous les sens, je ne comprenais pas comment quelqu'un avait pu mettre la main sur mon cahier. Je l'avais constamment avec moi. Quand je le prenais au travail, il était dans mon tiroir fermant à clé et le reste du temps, je l'enfermais dans le coffre fort caché dans le mur de ma chambre. Le seul moment où je l'ai ouvert en extérieur c'était hier à la terrasse du café. Peut être que le jeune homme étrange avait eu le temps d'en dire un extrait mais il n'aurait pas eu le temps de mettre tout ce plan en place. Et pourquoi surtout ?

Ces questions ne cessèrent de tourner et de retourner durant toute la nuit. Ce ne fut qu'à l'aube que je sombrais dans un sommeil peuplé de rêves fiévreux. J'y voyais Mathieu flotter dans une sorte de marée sombre qui envahissait tout, peu à peu. Alors que je tentais de le rattraper, je le voyais disparaître dans ses flots noirâtres sans que je ne puisse rien faire. De son côté, mon mari n'éprouvait aucune peur à se faire submerger par cette masse. Alors que son visage disparaissait totalement, il se retournait toutefois vers moi.

Je t'attends devant la Fontaine de Trevi.

Aussitôt, mon mari disparut ainsi que la marée noire. Je me retrouvais projeté dans un espace vide où résonnait des notes de musique. Très vite, une voix masculine se joint à la mélodie.

" Is this love? Is this love? Is this love?

Is this love that I'm feeling ? "

J'avais déjà entendu cette musique il y a très longtemps. Bob Marley ! Mais oui, j'avais le CD quand j'étais adolescente et l'écoutais constamment.

Marley... étrangement, c'était davantage ce nom qui sonnait dans mon esprit plutôt que la musique. Marley... cela me rappelait quelque chose. Un message... que j'avais reçu juste avant d'■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■

Il était midi vingt quand je me réveillais en sursaut. Assise sur le matelas et dégoulinante de sueur, je ne parvenais pas à desserrer mes doigts qui s'obstiner à cramponner les draps. Comme-ci je risquais, à tout moment, de basculer dans le néant.

"Je t'attends devant la Fontaine de Trevi."

La voix de Mathieu était semblable à un écho au fond de mon crâne.

Quelle était donc la nature de ce rêve ? Une simple divagation de mon esprit qui ne parvenait pas à mettre du sens dans toute cette histoire? Où un réel appel de mon mari depuis l'au-delà? Et s'il était encore en vie?

Entre les lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant