Ce que j'avais pris pour une forêt était en réalité une immense serre en verre de plus de vingt mètres de haut. Tandis que Voltaire commençait à avancer sur le sentier de pierres plates, j'observais les fougères, les palmiers et autres arbres impressionnants qui remplissaient cet espace. Caché dans cette végétation dense, je pouvais distinguer des singes sautant de branches en branches. Tout autour de moi, l'air humide vibrait au rythme strident d'un millier de chants d'oiseaux exotiques.
C'est impossible, laissais-je échapper. Quoi donc ? Se retourna l'homme aux dreadlocks blanches.Tout ça... Cet endroit... Aucun lieu comme ici n'existe.Bien sûr que si. Puisque nous y sommes. Oui... enfin non, balbutiais-je. L'instant d'avant j'aurais cru être dans la Galerie des Glaces et maintenant nous voilà dans une copie de la Grande Serre du Jardin des Plantes.Et si vous voulez tout savoir, Marley vous avait enfermé dans une cellule du Château d'If. Mais tout cela n'a aucune importance.
Et il continuait une nouvelle fois sa route. Trop curieuse d'en savoir plus, je le suivais en pressant le pas. Après quelques mètres nous contournâmes un bassin rempli de poisson pour rejoindre deux vieilles hommes vêtus de longues vestes blanches.
Wagner, Miélot. Je vous présente Camélia, dit Voltaire.Enchantés Mademoiselle, répondirent les deux vieux aux visages ridés. Ces deux messieurs vont vous ramener chez vous.
Sitôt sa phrase finie, Voltaire me salua d'un clin d'œil et disparut dans la végétation.
Si Mademoiselle veut bien se prendre la peine.
Mon cerveau sembla disjoncter lorsque l'un d'eux me présenta un fauteuil de cuir posé entre deux bananiers.
Attendez, je pensais que vous alliez me ramener chez moi, paniquais-je tout à coup.Oh mais c'est bien notre projet, rassurez-vous. Seulement nous ne pouvons pas vous laisser partir comme ça.
Les deux vieillards s'échangèrent un sourire moqueur. Le même sourire que font parfois les vieilles personnes quand elles rigolent de la bêtise de la jeunesse. Ils devaient être jumeaux ou tout du moins frères car leurs rides étaient identiques et ils partageaient tous deux une certaine malice dans le regard.
Alors que l'une de leurs mains fripées se posa dans mon dos comme pour m'inviter à m'installer dans le fauteuil, je me raidis tout à coup.
Non, je ne veux pas. Allons, ne faites pas l'enfant. Ça ne va pas durer longtemps.
Le tissu de mes vêtements commençait à me coller à la peau à cause de la sueur qui s'échappait de mon épiderme. Plus mon cœur accélérait et plus ma respiration se faisait saccadée. La pression dans mon dos se fit plus insistante sans que je n'y cède. Une affreuse intuition émergeait dans mon esprit pendant que ses deux hommes en blouse blanche me rassuraient avec des mots mielleux.
On ne va pas vous faire mal.Croyez-nous, ça ne fait pas mal. A peine le temps de s'asseoir et c'est fini. Je pensais que vous étiez pressée de retrouver votre mari.
Il était difficile de savoir lequel disait quoi tant leurs voix chevrotantes étaient identiques.
Bon, Wagner, il va falloir être plus persuasif.
Aussitôt une bruleur me barda la nuque et je me sentais soudain faible.
Si c'est pas malheureux de devoir en arriver là.
M'attrapant chacun sous le bras, les deux vieillards m'assaillirent sur le fauteuil. Tandis que l'un apportait une table rangement montée sur roulettes, comme il était possible d'en voir chez un dentiste, l'autre y posa une seringue vide. Voilà ce qui expliquait la douleur dans mon cou et ce soudain relâchement de mon corps. Ils m'avaient drogué ! Mais à quelle fin ?
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Entre les lignes
Mystery / ThrillerAlors qu'elle peine à faire le deuil de son mari, disparu depuis 6 mois, Camélia reçoit un mystérieux courrier écrit par ce dernier. Décidant de répondre à cette invitation et de s'envoler pour Rome, la jeune femme découvre qu'elle est mêlée à quelq...