18: Le pyjama à la cannelle

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– Malie, prononça Remus difficilement, son cerveau embué osant encore à peine y croire, son murmure écorchant douloureusement son œsophage martyrisé.

   Les mains joliment construites de Malie se frayèrent un timide chemin sur chacun de ses avants-bras emplis de cicatrices rosâtres.

– Respire, ok? lui chuchota-t-elle, avec une douceur qui ralentit minimement ses battements de cœur dératés.

– Ouais, ouais, c'est ce que je fais, inspira beaucoup trop rapidement Lunard, le moindre de ses tissus musculeux se prenant bizarrement d'admiration pour des sauterelles.

   L'air qui rentrait et sortait de sa bouche le brûlait sauvagement de l'intérieur, lui coupant toujours sadiquement le souffle.

– Eh, Remus...

   Il va aussi me l'enlever, elle.

   Ses tremblements incontrôlables redoublèrent d'intensité, si c'était même encore possible.

– T'es en sécurité, ici, murmurait Malie à son oreille, alors que ses bras minuscules entouraient délicatement son corps mince et tout fébrile.

   La morsure démoniaque de Greyback sembla maintenant perdre de son souvenir cuisant, au simple contact timide de la présence bienveillante d'une amie rassurante.

– Personne ne pourra te faire de mal tant que je serai là, chuchota encore Malie avec une assurance inédite.

– Personne n'oserait s'en prendre à ta taille de moustique, réussit à articuler Remus en retour, après une dizaine de secondes délicieusement silencieuses.

   Lunard s'esclaffa très doucement, reprenant une à une les fonctions opérationnelles de son système biologique, tandis qu'il sentait le sourire de Malie s'élargir sur son épaule droite.

   Les minutes les plus calmes défilèrent lentement autour de leurs deux corps timidement rapprochés, seulement ponctuées par le son régulier de la respiration apaisée de leurs poumons en bon fonctionnement. La terreur impensable qu'avait subi l'organisme de Lunard se faisait dorénavant sèchement lessiver par un silence réparateur plus que bienvenu. Ses entrailles épuisées offrèrent petit à petit cette mélasse indigeste d'angoisse viscérale au néant, le délestant de sa perte de contrôle, au gré du souffle chatouilleur de Malie dans le creux de son épaule. Il entendait parfaitement bien les battements à l'heure de son organe cardiaque démesurément calme. Les douces arabesques que le pouce tiède de la jeune sorcière traçait silencieusement révélaient momentanément l'affection assurée que lui portait inconsciemment cette petite facétieuse incontrôlable. L'atmosphère fatiguée et douillette qui entourait leur étreinte familière finissait librement son travail d'apaisement profond dans les tréfonds d'ordinaire agités du cerveau de Lunard. Sauf que ce n'était qu'une question de temps avant que les tourments mentaux d'un adolescent légèrement différent ne reprennent vicieusement le dessus.

– Est-ce que... , brisa Malie soudainement mais délicatement le silence rassérénant. Est-ce que tu veux bien me dire de quoi il parlait, ton cauchemar?

   Une pierre aux allures astronomiques tomba lourdement sur le parquet d'entrée de son estomac soudainement oppressé.

– T'es pas obligé de m'en parler si tu veux pas, s'empressa de rajouter précipitemment la principale concernée d'ennuis inimaginables.

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