Chapitre 1: Explosion mentale

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 Il voulait mourir. Il voulait juste mourir et en finir avec cette immense blague qu'était sa vie. Une immense blague, une de celles dont on riait jaune. Une blague synonyme de cauchemar, d'enfer, de supplice, de douleur. Sa vie n'était qu'une mascarade dont-il était la victime. Il l'avait découvert véritablement un an auparavant, même s'il s'était douté que quelque chose n'allait pas depuis le jour où Hagrid, le demi-géant, était venu le chercher chez sa très sympathique famille moldue pour l'introduire au monde magique, comme dans un rêve. Un rêve digne des plus grandes illusions. Un mirage vous promettant monts et merveilles, vous promettant la fin d'une errance douloureuse en plein désert, mais qui n'était au final qu'une vision sans consistance, sans réalité véritable.

Sa vie ne lui avait jamais appartenue. Il avait été manipulé. Il avait été trompé, trahis, utilisé. Traité comme un objet, comme une chose, une arme, un bouclier, une source d'amusement mais jamais comme un être vivant. Cela faisait un peu plus d'une année maintenant qu'il avait réalisé l'horreur de son existence. Une année pendant laquelle il avait tenté de se battre, de tenir, de trouver une solution, une aide, un moyen... Une année de souffrance mentale et physique insoutenable. Une année qui avait amené Harry Potter, le Survivant, Celui-qui-a-survécu, le Sauveur du monde sorcier, à ne souhaiter plus qu'une seule chose. Une chose qu'il souhaitait avec toute l'ardeur dont il disposait, avec toute la volonté dont-il était capable. La seule chose qu'il pensait pouvoir faire cesser tout ceci. Une chose que l'on redoutait en général, que l'on repoussait de toute sa force, une chose que toute personne heureuse ne souhaitait pas : la mort. Il voulait mourir. C'était là sa seule aspiration, la dernière qu'il lui restait et la dernière qu'il avait la certitude de se voir réaliser. Il se demandait juste quand une âme charitable lui accorderait sa rencontre avec la faucheuse puisqu'il n'était pas en mesure de la réclamer lui même.

Harry Potter n'avait jamais été quelqu'un de stupide. Bien au contraire. Il était très observateur et très intelligent. Il était rusé et avait toujours eu une certaine ambition même si celle-ci était désormais réduite à souhaiter la mort. Il avait toujours été objectif et un brin calculateur. Seulement, il s'était bien gardé de le montrer à qui que ce soit. Le choixpeau n'avait pas eu l'envie de le mettre à Serpentard sans raison. C'était la seule victoire qu'il pouvait se vanter d'avoir obtenu sur ses ennemis : ils n'avaient jamais su et ne savaient toujours pas qui il était vraiment. Il avait vu depuis le premier jour que quelque chose n'allait pas. Il ne s'était tout simplement pas attendu à ce que tout ceci aille si loin. Et pour comprendre ce qu'il se passait en cette nuit du vingt quatre juillet 1996, il fallait remonter un peu dans le temps pour jeter un coup d'œil sur la vie d'un adolescent de seize ans à peine.

Lorsque le plus grand mage noir de cette époque, Lord Voldemort, avait tué ses parents alors qu'il avait un an, le jeune Harry Potter, s'était retrouvé à vivre chez son oncle et sa tante, sœur de sa mère. Cette décision fut prise par Albus Dumbledore, directeur de Poudlard, président du mangenmagot. Et sa vie avait directement pris le tournant vers l'enfer sans même s'être vue proposer une autre direction. Les dix années qui avaient suivies avaient été tout sauf le modèle d'une vie d'enfant. Sa famille le haïssait littéralement. Son quotidien n'était que corvées, faim, soif et séances de corrections brutales. Séances qui l'avaient toujours laissé au bord sinon inconscient et en sang. Et pourquoi ? Parce qu'il faisait de la magie accidentelle sans même comprendre de quoi il s'agissait vraiment. Parce qu'il était magique. Parce qu'il était le fils de ses parents. Parce qu'il était différent. Parce qu'il était là. Parce qu'il existait.

Pendant toutes ces années, il avait saisi sa différence. Il savait qu'il avait quelque chose de plus que son cousin. Quelque chose d'autre. Quelque chose de spécial. Quelque chose qu'il savait unique, magique sans jamais avoir le droit de mettre ce mot dessus. Il l'avait amèrement regretté lorsqu'il l'avait fait en toute innocence. Il avait toujours senti ce pouvoir en lui, il avait toujours entendu les murmures des ombres. Il ne savait pas ce qu'il était exactement mais il savait qu'il ne rêvait pas, qu'il y avait quelque chose. Et ce quelque chose avait été l'un des éléments le condamnant à la souffrance bien qu'il ne trouva jamais en lui la moindre colère envers ce don. Ce don qui faisait parti de lui, ce don qui faisait qu'il était lui. Il ne savait pas si c'était là le seul aimant qui attirait la haine des autres sur lui mais il savait qu'il s'agissait là de l'un des éléments de l'énigme.

Maître d'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant