3: Enchanté

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 La première semaine d'Onyx au manoir du Seigneur des Ténèbres passa lentement. Il n'avait pas bougé de son lit sauf lorsque son père l'emmenait avec lui pour prendre un bain, ce qui était vite devenu un rituel pour eux. Le père et le fils apprenaient à se connaître tranquillement pendant ces moments, en profitant pour discuter, pour renouer les liens. Onyx passait également du temps avec sa mère, appréciant les gestes de tendresses qu'elle avait toujours à son égare. Il ne les réclamait pas, il n'osait pas mais il profitait pleinement de ce qu'elle lui offrait. Il avait l'impression d'être un bijou précieux et fragile pour ses parents qui veillaient étroitement sur lui. Ils le couvaient, lui demandant fréquemment s'il allait bien, s'il n'avait besoin de rien, s'il avait mal quelque part, s'il avait faim, soif, froid, chaud,...

Si n'importe qui d'autre aurait trouvé leur attitude plus qu'étouffante, Onyx lui, en était plus que touché. Il n'avait jamais eu personne pour s'occuper de lui ainsi, personne ne s'était jamais inquiété de ses besoins, de ce qu'il ressentait, personne ne s'était jamais soucié de son bien être. Pourtant, il en avait rêvé, il l'avait souhaité, imaginé, rêvé... Alors pour lui, cela n'avait rien d'étouffant, bien au contraire. Il savourait la chaleur qui le parcourait en leur présence, la joie que lui apportait leur attention, le bonheur de simplement les avoir avec lui, de pouvoir les regarder. Il sursautait encore au moindre contact, au moindre geste brusque, peinant à s'y faire mais cela ne l'empêchait pas de savourer. Il réalisait doucement qu'il ne rêvait pas. Il s'endormait toujours avec l'angoisse de se réveiller de retour dans son enfer, comme si son bonheur actuel n'avait été que songe. Mais à chaque fois qu'il ouvrait les yeux, il se retrouvait avec soulagement dans sa chambre luxueuse et chaude, sa mère et son père à ses côtés.

Il commençait à appréhender à son nouvel état physique. Il avait constamment le corps engourdi et lourd, douloureux. Il avait beaucoup de mal à bouger et manquait cruellement de force ne serait-ce que pour tenir une fourchette. Il avait des problèmes avec sa respiration, manquant de souffle et devant faire plus d'efforts pour obtenir l'air dont-il avait besoin. Si toutes ses blessures étaient guéries il restait endoloris mais cela, il n'y faisait plus attention.

La seule douleur qui attirait son attention était celle provoquée par sa magie brisée. Il avait la sensation qu'on lui enfonçait lentement de fines lames chauffées à blanc dans chaque parcelle de son corps. Severus avait dit que cette souffrance s'affaiblirait lorsque sa magie se stabiliserait enfin, mais il ne savait pas combien de temps cela prendrait. Le professeur avait réussi à faire une potion qu'il prenait plusieurs fois par jour. Elle diminuait de moitié la douleur mais elle restait tout de même bien présente. Cependant, le jeune homme la cachait parfaitement au point même que seul les sortilèges de Severus mesurant son niveau de douleur permettaient aux autres de se rendre compte qu'il avait mal. Il y avait cependant une chose qu'il ne parvenait pas à dissimuler : les violents malaises et la véritable torture qui l'assaillait lorsque sa magie avait un sursaut incontrôlé. Il en avait subi plusieurs dans la semaine. Ce fut à chaque fois assez violent pour lui arracher des cris et le laisser dans un état d'épuisement plus que visible. Heureusement, le phénomène ne durait jamais longtemps mais il inquiétait tout le monde, tous sachant que le jeune sorcier aurait à subir ce genre de crise toute sa vie.

Il ne se plaignait jamais, ne voulant pour rien au monde gêner sa famille. Aussi, il ne disait jamais lorsqu'il ne se sentait pas bien, il ne réclamait jamais rien et il s'efforçait de ne leur causer aucun tracas, de se faire aussi petit que possible. Il appréciait simplement leur présence. Toujours dans son soucis de ne pas être une gêne pour ses parents, il s'efforça de les convaincre qu'ils n'étaient pas obligés de dormir toutes les nuits avec lui. Le couple, ne pouvant se résigner à le laisser seul, avait chaque nuit élu domicile dans la chambre de leur enfant. Ils dormaient à ses côtés, le tenant dans leurs bras comme s'ils craignaient qu'il disparaisse. Mais Onyx avait l'impression de les accaparer et ce même s'il n'avait rien demandé. Il avait la sensation de les priver de leur vie de couple, de leur liberté, les monopolisant complètement. Ils passaient tout leur temps avec lui et il craignait qu'ils finissent pas en avoir assez et se lassent de lui. Aussi, il les avait convaincu qu'il pouvait dormir seul. Et même si ce fut avec difficulté, ils finirent par accepter, se rassurant en se disant qu'ils seraient dans la pièce juste à côté, en posant des alarmes sur la chambre et en plaçant un sort qui permettrait à Onyx de les appeler s'il en avait besoin.

Maître d'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant