Matta no Hikari no Naka de

Chapitre 2

Quelques jours plus tard, Amato devenu Theobald redécouvrait des sensations dont il n'avait pas eu conscience lors de sa première vie. Étant réincarné, il avait une chance d'empêcher le destin cruel que sa sœur jumelle, la princesse Alyssa allait subir. Tout les deux partageaient la même chambre. Alyssa était du genre à dormir presque toute la journée. Theobald lui observait tout ce qu'il se passait autour de lui pour apprendre le monde qui était désormais le sien.

Theobald se disait qu'en apprenant le plus de choses possibles, il pourrait tout faire pour empêcher la mort d'Alyssa. Mais dans son berceau, il ne pouvait presque rien faire. Leurs parents, l'Empereur et l'Impératrice ne passaient pas beaucoup de temps dans leur chambre. Seules les servantes du palais s'occupaient d'eux. Theobald savait qu'Alyssa n'était pas aimée par sa famille, mais même au sein des domestiques, Alyssa n'était qu'une mauvaise graine qui avait germé en chiendent.

- Le Corbeau n'est qu'une pisseuse. Se plaignait un valet.

- Elle fait de l'ombre au Prince Theobald. Remarqua sèchement une cuisinière.

- Tu ne devrais pas t'en approcher, elle va te contaminer. Critiqua une domestique à sa collègue.

Ces remarques déplacées, Theobald les entendaient tout les jours du matin au soir quand ces personnes passaient dans leur chambre. Alyssa encore trop petite pour comprendre, ne s'en rendait pas compte, mais pour Theobald, c'était insupportable d'entendre ces inepties. On le comparait même à sa sœur alors qu'à aucun moment le Quatrième Prince ne lui en tenait rigueur.

Un jour, le Prince Héritier, le Deuxième Prince la Troisième Princesse rendirent visite à Theobald et Alyssa Cette dernière était cette fois bien éveillée tout comme Theobald. Mais le jeune prince savait que les trois aînés avaient un masque en privé. Et cela se confirmait ce jour-là:

- Tu as vu, Adelina ? Theobald est magnifique comparé à Alyssa. Remarqua Balldor le Prince Héritier.

- En effet. Ce corbeau ne mérite même pas que je m'attarde sur elle. Critiqua Adelina la Troisième Princesse.

- Je l'entends déjà pleurer pour tout et n'importe quoi. Elle est trop faible pour exister dans ce monde. Conclus Edmond le Deuxième Prince.

Les trois plus grands repartirent ensuite comme ils étaient venus. Comme il s'y attendait, Theobald connaissait bien la personnalité de chacun des membres de sa famille. Il l'avait découvert pour la première fois dans le premier volume du light novel qu'il a lu. 

Tout d'abord, Rudolph Cavendisch, l'Empereur du royaume, totalement froid et méprisant, sans pitié lors des jugements qu'il rendait. Ensuite, l'Impératrice Karen, d'abord contente d'avoir enfantée Alyssa, elle a fini par la négliger dès l'âge de quatre ans  pour s'occuper des deux autres plus jeunes qui arriveront des années après. Puis, il y a Balldor, le Prince Héritier, premier né de l'Empereur. Sous les traits d'un grand frère distingué, il était en fait un grand manipulateur qui a rejeté l'affection qu'il avait pour Alyssa en grandissant. Edmond était le Deuxième Prince. Très jeune, il a eu de grandes responsabilités qui ont fait de lui quelqu'un de distant pour Alyssa, ne reconnaissant jamais ses efforts. Adelina, la Troisième Princesse était connue pour être arrogante, suffisante, d'un caractère emporté, et surtout elle n'aimait pas les gens faibles, à commencer par sa propre sœur Alyssa qu'elle détestait au plus haut point. Puis vient, Marianne, la Cinquième Princesse. Dès sa naissance, elle a été couvée d'amour par l'Impératrice mais elle cache en elle depuis toujours une part sombre qui est née à la seconde où elle a commencé à fréquenter Alyssa. Et enfin, le dernier, Lilus, le Sixième Prince. Il a toujours voulu devenir quelqu'un de responsable mais il déteste cordialement Alyssa qu'il ne peut pas supporter même pour un simple regard.

Dès son entrée à la cour, Marianne la Cinquième Princesse était connu pour sa beauté. Elle était rayonnante, douce et n'en voulait jamais à Alyssa qui était constamment rabaissé en la présence de Marianne. Mais en réalité, elle n'a pas eu la moindre empathie pour Alyssa. Allant même jusqu'à s'empoisonner volontairement pour faire injustement accuser Alyssa pour un crime qu'elle n'avait pas commis. Dès qu'elle arrivera, Theobald fera tout pour que Marianne ne tente rien contre sa sœur. Mais pour le moment, Theobald était loin d'être prêt. Cependant, ces derniers temps, il avait conscience de quelque chose de bien particulier qu'il avait en lui: Celui de lire dans les pensées. Chaque fois qu'une personne pensait, il pouvait très clairement entendre quand sa sœur était dénigrée.

De cette manière, il avait un avantage que personne d'autre n'avait et ainsi il allait pouvoir protéger Alyssa sa jumelle. Mais alors que Alyssa s'était réveillée de sa sieste et que Theobald était éveillé depuis bien longtemps, il ne se doutait pas que Alyssa le regardait avec une certaine insistance. Il fit donc ce qui était logique avec son pouvoir et se mit à essayer d'entendre les pensées d'Alyssa. Le résultat fut surprenant:

- Je suis triste. Tout le monde me dénigre. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter cela ? Je ne suis qu'un bébé de quelques semaines. Est-ce que ma seule erreur a été de naître ? Pourquoi tout le monde est si méchant avec moi ? Pensait Alyssa.

Theobald était stupéfait. Même bébé, Alyssa souffrait de la solitude qu'on lui imposait. Sa vie venait à peine de commencer qu'elle était déjà malheureuse. Il fallait faire quelque chose, mais pour le moment c'était compliqué. Et encore pire, étant dans des lits séparés, Theobald ne pouvait pas atteindre Alyssa par la main. Il ne pouvait même pas se retourner tout seul. Que faire quand on est coincé dans le corps d'un nourrisson ?

Enfin, une porte s'ouvre. Sept ans plus tard, les choses avaient bien changées. Theobald et Alyssa avaient grandis. Ils étaient désormais capable de s'exprimer, de marcher sans aide et surtout une chose très importante, ils se soutenaient mutuellement. Ce matin-là, alors que le soleil pointa le bout de son nez, Alyssa et Theobald se réveillèrent mutuellement:

- Bonjour Alyssa. Salua Theobald.

- Bonjour Theobald. Salua Alyssa.

Les jumeaux avaient pris l'habitude de se saluer chaque matin et avaient demandé à laisser tirer les rideaux eux-même pour pouvoir prendre du temps ensemble avant d'affronter leur famille qui de toutes évidences n'aimait pas Alyssa. Theobald était sûr que cette fois, sa jumelle ne mourra pas. Il en avait fait le serment.