17 - "C'est toujours l'amour fou"

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J'ai réussi à me ressaisir grâce à mon frangin si attentionné et j'ai pu retourner voir notre père pour lui parler un peu. J'ignore s'il a pu me reconnaître tout le temps que je lui parlais ou si toutes les choses que je lui racontais lui disaient quoi que ce soit, mais ça m'a fait du bien. Et en même temps, ça m'a fait mal au cœur de lui raconter mes aventures, dans la limite du possible évidemment, sans pour autant voir son émerveillement dans les yeux.

J'ai bien dû rester une heure et demi à ses côtés à monologuer, en lui posant des questions toutes les quinze secondes comme s'il m'allait répondre.

Maintenant, j'ai pris place dans mon ancienne chambre pour y déposer ma valise. Ici, à part le lit simple qui s'est transformé en un lit double neutre, rien n'a changé. Il y a toujours cette ambiance ado rebelle, que je n'étais pas vraiment soit dit en passant, avec ces posters rocks, grunges, punks et métal. Il y a même encore une de mes guitare électrique favorite posée sur son support qui m'attend ici sagement depuis des années. On dirait qu'elle a été bichonnée pendant tout ce temps, elle a l'air toute neuve.

Je déballe mes affaires quand d'un coup j'entends un souffle lourd, rauque et haletant entrer dans la pièce et quelque chose vient me pousser sur la jambe. Je baisse les yeux pour voir avec grande surprise Vidor, notre bouvier australien maintenant âgé de 9 ans, me sauter dessus, remuant la queue heureux de me voir. Je suis même étonnée qu'il me reconnaisse.

Je me baisse à sa hauteur pour le caresser et le câliner et il me lèche le visage. Il a gardé son énergie de chiot, visiblement. Sa présence me réchauffe le cœur et me procure une immense joie, d'où son nom « Vidor », qui en Hongrois signifie « joyeux ». Je me rappelle quand Anthony avait proposé son nom, je me suis demandé comment il savait ça. Puis je me suis rappelée qu'internet existait...

Thomas : J'en connais un qui était impatient de te revoir !

Moi : Je vois ça. Mais toi aussi tu m'as manqué !

Dis-je dans une fois enfantine qui ne fait qu'exciter le chien encore plus. Je peux entendre mon petit frère ricaner.

Moi : Où est-ce que vous l'aviez caché?

Thomas : Oh ! Il était chez le voisin qui a bien voulu le garder le temps que tu... tu sais...

Moi : Ouais je vois. Mais vous étiez pas obligés, au contraire, ça m'aurait fait du bien de voir sa petite bouille d'amour.

Thomas : Ah ! C'est toujours l'amour fou ! Enfin bref, dès que t'auras fini de t'installer, tu descendras ? On va manger, et maman nous a fait son fameux aligot.

Il prend son meilleur accent français qui pourtant ne paie pas de mine. Il prononce vraiment toutes les lettres avec une telle exagération...

Thomas : Tu sais, elle et sa gastronomie française...

Il rit à sa propre phrase et je fais de même.

Moi : Entendu, j'arrive dans pas longtemps.

Et Thomas me laisse seule ici, avec ma grosse boule de poil surexcitée dans mes pattes. Notre mère est un véritable cliché vivant, son élégance si particulière, sa cuisine. Je suis même étonnée qu'elle ne nous ait pas fait un coq au vin.

Le repas était... silencieux. En tout cas, plus que je ne l'aurais espéré, hormis le fait qu'on a dû aborder un sujet pas très joyeux, ce qu'on allait faire durant les prochains jours avec notre père. Le programme est de s'occuper de lui et de profiter de chaque instant. Après ça, l'atmosphère de la pièce était morose, à juste titre. J'ai observé ma mère tout du long et j'ai bien remarqué que sous ses airs forts ça n'allait pas dans sa tête, qu'elle était désespérée. J'ai voulu lui parler une fois qu'on a débarrassé la table, mais je la connais, et jamais elle voudra l'admettre. Pour elle, elle n'a pas le droit de flancher, elle doit rester forte devant ses enfants.

Une fois le repas terminé et la table débarrassée, je monte à l'étage pour aller me reposer. Il est tôt, presque 21h, mais avec le voyage je suis épuisée.

Je prends mon ordinateur portable que je pose sur le bureau à droite du lit pour l'ouvrir et regarder si des messages me sont parvenus. Aucun. Je décide donc de prendre une chemise de nuit avant de sauter dans la douche dans une salle de bains adjacente à la chambre. Une longue douche chaude me fait affreusement du bien et m'aide à me détendre. Une fois sortie et partie en direction de mon lit, je caresse Vidor en passant devant lui, qui est allongé au pied du lit, et c'est là que j'entends une notification en direction de mon ordinateur. Je m'empresse d'aller voir pour savoir de quoi il s'agit.

Soap : Salut princesse. Bien arrivé ?
20h52. Lu.

Hé bien... si je m'attendais à ça...

Moi : Oui, je suis arrivée il y a quelques heures déjà.
20h53. Lu

Soap : Hé bah c'est sympa de prévenir !
20h54. Lu.

Moi : Désolée, mais j'ai zappé. 
Moi : Il se passe tellement de choses, j'avais pas vraiment la tête à ça... 

20h54. Lu.

Soap : Excuse-moi... J'oubliais....
20h55. Lu.

Moi : Non, c'est moi qui m'excuse, je suis à bout de nerf.
20h55. Lu.

Moi : Il est tard chez vous, non ? Pourquoi t'es encore debout ?
20h57. Lu.

Soap : J'arrivais pas à dormir.
Soap : Et je voulais savoir si t'allais bien.
20h58. Lu

Moi : Ça va, merci.
20h58. Lu.

Moi : Désolée, mais je suis crevée.
Moi : On discutera plus tard si tu veux.
21h00. Lu.

Soap : Oui, bien-sûr.
Soap : Bonne nuit.
21h01. Lu.

Moi : Merci. Toi aussi.
21h01. Lu.

Je ferme le PC en l'espace d'une fraction de seconde avant d'aller m'allonger dans le lit. Mon chien me rejoint et s'allonge sur la place vide à côté de moi. Je le laisse faire, il mérite bien ce petit plaisir.

Je suis contente que Soap m'ait demandé des nouvelles, surtout que ça ne m'est jamais venu à l'esprit de lui en donner par moi-même. Mais comme je lui ai dit, j'avais d'autres choses à penser.

Je m'endors aussi rapidement qu'il n'en faut pour le dire pour enfin passer cette journée pénible. Mais ce n'est que le début et je sens au fond de moi que la prochaine semaine que je vais passer va être la pire de toute ma vie.

...

Merci à ColdllBlood pour m'avoir autorisé à utiliser son modèle de présentation pour les messages (utilisé dans son histoire "Le pardon s'accorde"). ^^

Le Prix de la Guerre (Call of Duty: MW2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant