Le week-end promettait d'être particulièrement agréable. Il faisait doux, les quelques nuages qui parsemaient le ciel ne faisaient qu'adoucir la lumière crue du Soleil, et Émilie n'avait que peu de travail pour la semaine suivante. Juste une pile de coloriages magiques à vérifier, et une activité à prévoir pour occuper la classe pendant qu'elle prendrait un peu de temps pour aider le petit Léo, qui décrochait totalement en lecture. Émilie le savait, ça pouvait empirer et handicaper les élèves sur le long terme, alors hors de question de laisser Léo stresser à l'idée d'être en retard par rapport aux autres.
« Ça me manque les coloriages magiques... »
Émilie releva les yeux de sa petite pile de feuilles, et elle sourit à Baptiste, assis face à elle à une table de leur café favori.
« Je peux t'en ramener quelques uns de l'école si tu veux, proposa alors Émilie alors que son sourire passait de l'attendrissement à l'amusement. Les deux époux échangèrent un rire, et ils prirent une gorgée de leurs boissons respectives, en cœur.
Dans la douceur de cet après-midi bien entamé, Émilie et Baptiste étaient venus s'installer à une petite table au pied de la baie vitrée pour fêter le véritable commencement de leur week-end : les courses et les lessives étant faites, le plus gros des corvées était derrière eux, et il ne leur restait presque plus qu'à profiter.
« Hmm, je crois qu'Anaïs a un peu de mal à compter, remarqua Baptiste en détaillant du regard l'une des feuilles posées sur la table.
— Je pense plutôt qu'elle a besoin de lunettes, contesta Émilie en attirant le coloriage d'Anaïs au centre de la table. Regarde, elle a colorié de la couleur du 9 à la place de celle du 4, et comme par hasard c'était écrit « 3+1 ». Elle a dû prendre le 3 pour un 8. Elle s'est trompée à chaque fois qu'il y avait un 3 dans l'énoncé.
— Ah mais oui ! s'enthousiasma Baptiste. T'es trop forte. »
Après l'échange d'un grand sourire et d'un baiser délicat, tous deux reprirent leurs joyeux bavardages. Mais une petite dizaine de minutes plus tard, une voix les interrompit :
« Émilie ? »
Relevant les yeux de la feuille soigneusement coloriée qu'elle était en train d'examiner, Émilie reconnut l'homme à la carte du ciel, en train de s'approcher doucement de leur table baignée de soleil.
« Bonjour, Théo ! le salua-t-elle alors en lui adressant un sourire et un signe de main.
Baptiste se retourna, et lorsque Théo se fut arrêté à leur hauteur, Émilie s'acquitta de la tâche sociale très normée des présentations :
« Baptiste, voici Théo, l'homme à la carte du ciel dont je t'ai parlé. Théo, je vous présente mon mari, Baptiste ! »
Les deux hommes échangèrent alors un « Enchanté ! » et lorsque Théo se pencha pour enrichir cette transaction sociale d'une poignée de main, son visage se retrouva dans l'abondante clarté du plein soleil. Son visage était un peu trop maigre, et Émilie songea que ce garçon aurait sans doute besoin d'une ordonnance lui prescrivant des repas dans un fast-food.
Une courte conversation banale mais joyeuse s'entama, et une fois ces échanges communs achevés, Théo ouvrit un nouveau sujet.
« C'est marrant de vous avoir croisés justement maintenant, parce que je pensais à quelque chose : dimanche prochain je vais à l'anniversaire de ma nièce, et ma sœur est assez...disons... chiante. Elle est du genre à vouloir tout contrôler et à déjà se renseigner sur les grandes écoles que sa fille pourrait intégrer plus tard. Du coup, comme elle est en CP, je me suis dit que je pourrais vous demander de l'aide pour choisir un cadeau : je veux surtout que ça fasse plaisir à Léa, mais si vous me conseillez je pourrai dire à sa mère que le cadeau a été recommandé par une institutrice, et ça la détendrait sûrement.
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Brume constellée
Historia CortaÉmilie est heureuse. Elle aime sa famille, elle aime faire cours aux enfants dont elle s'occupe, elle aime la ville dans laquelle elle vit, elle aime le café où elle va très souvent. Et elle aime rendre service. Et elle aime se faire de nouveaux ami...