Entre coeur et raison

Chapitre 2

Cette remarque provoque des rougeurs au niveau de mes joues. Il ne me laisse pas indifférente non plus. Il est grand, du moins plus que moi du moins. Sa blondeur rappelle les rayons du soleil qui viennent me caresser les jours de beau temps en été. Son regard est ténébreux, une part de ténèbres vit peut-être en lui. La couleur de ses yeux apporte tout de même de l'espoir dans ses yeux. Ses mains semblent si puissantes, mais tellement douces à la fois. Il est un paradoxe, il se constitue de la meilleure des âmes à la plus grande noirceur. J'ai un pressentiment qui me parcourt le corps. Il est allé se loger dans mes entrailles pour toucher mon cœur. Au fond de moi, je sais qu'il y a une grosse part d'ombre en lui, qu'il cache sous une couche épaisse d'habits.

- Ça me va droit cœur! Dis-je avec les joues toujours rouges. Un rictus se forme au niveau de sa bouche.

On reste une dizaine de secondes à se regarder dans les yeux. Je le vois ouvrir sa bouche, il s'apprête à dire quelque chose alors je prête attention.

- Je veux tout savoir de vous, le moindre détail de votre vie. Après tout, nous allons nous fiancer. En disant ça, il commence à marcher, je le suis. Je le vois s'arrêter au niveau des œillets blancs. Il se penche au-dessus des fleurs pour m'en donner une. Je détourne les yeux par gêne, je prends la fleur et lui souris comme signe de remerciement. Et je me décide à lui répondre.

- À vrai dire, il n'y a pas grand-chose d'important à savoir sur moi, j'aime lire de la poésie, lire des ouvrages scientifiques. Ce qui me passionne, c'est l'astrologie. Et vous, ce qui vous fait vibrer ? Demande-je

- La compagnie de jolies femmes, la peinture et la politique. Il dit cela d'un ton fier de lui. Je prends un certain temps avant de réaliser ce qu'il vient de dire. Je pense avoir mal entendu. Mais il doit se marier à une femme et il se passionne pour toutes les femmes. Quel genre d'homme fait ça ? Je réplique pour ne pas le laisser penser qu'avec moi ça sera acceptable.

- Marier avec moi la compagnie de toutes ces femmes vous sera futile, et vous arrêtez. Mon ton assuré prit un air hautain et blessé. C'est pour moi, c'est une évidence. Vous me devez fidélité autant que je vous la dois ! Je perçois que son regard a changé, la noirceur de son âme prit le dessus. 

- Détrompez-vous, je ne vous dois rien, je ferais comme bon me semble. Vous serez ma chose, mais l'inverse ne marche pas, ma chère. Il débite ces paroles avec une intonation impassible. Il récite ce qu'on lui apprit. Je suis prise de court. Je reste bouche bée après ça. Il est comme ma chère et tendre mère, il veut me contrôler.

- Je ne vous devrais rien de mon côté non plus, je ne suis pas une chose que vous pourrez posséder, je ne suis pas un oiseau que l'on met en cage ! Je mérite le respect comme n'importe qui, l'infidélité est une forme de non-respect. Je vous le redis, vous me serez fidèle ! Je commence à perdre patience.

- Dans moins d'un an et demi, vous me serez soumise, s'il faut, j'emploierais la force, mais vous finirez par vous taire. Les femmes n'ont pas le droit de donner leurs avis si on ne les a pas invités à le faire. Son visage est impassible, il est distant et froid.

J'essaye de riposter, mais rien ne sort, il voulait me couper les ailles. Dans mon esprit, je me battais pour rétorquer, mais toujours rien. C'est comme si, ses paroles avaient muselé ma voix. Mon regard se baissa, je ne laisserais plus me regarder comme il l'avait fait. Tout le long de notre balade, il me raconte ses exploits. Je n'écoute pas, aucun mot sortie de sa bouche ne peut renter dans mes oreilles. La balade dura deux heures. À la fin, il m'embrassa sur la main, un sentiment de dégoût prit le pas sur tout. Il s'éloigna lentement, il me fit un clin d'oeil comme signe d'au revoir. Je détourne le regard. Toute cette mascarade me fit presque oublier la présence de Désirée. Elle était partie regarder les poissons au bassin, je l'ai rejoint. Je passe ma main sous l'eau pour enlever la saleté de ses paroles posées sur ma main.