Chapitre 4

5 0 0
                                    

Tw: violence domestique

Ce jour fut l'un des plus sombres dans ma vie. J'avais vécu des choses, mais ça, c'était différent. Je rencontrai pour la première fois la faucheuse.

La dame avait un drapé noir comme le néant, la faux était fait de bois de sépia, la lame faite d'un métal que je ne connaissais pas. Sa chevelure flottait dans le vent, elle était couleur ébène. Ses mains étaient dépourvues de chaire. Ses yeux rouges étaient semblables au sang. Un matin d'hiver, précisément un vendredi 13 novembre. Elle traversa la chambre de ma grand-mère. Elle inspecta la chambre, ouvrit les fenêtres laissant rentrer le froid brutal. Elle prit le temps d'éteindre soigneusement chaque bougie disposée dans la chambre. Elle termina sa visite en kidnappant la maîtresse de ces lieux. Elle s'éleva dans le ciel avec la vielle femme au bras. Elle disparut dans la pénombre d'un matin d'hiver.

C'est une bonne qui retrouva la reine-mère sans vie. Son corps est resté, laissant s'en aller son âme. Le corps est pâle sans plus aucune couleur. Elle a perdu ses joues rosies. Ses iris ne rayonnent plus. La lumière qui l'habitait s'est éteinte. Son visage laisse tout de même transparaître un soulagement. Comme si elle avait rempli son devoir sur cette terre. Elle s'en va pour un autre monde. On ne sait où, mais on sait qu'elle est partie en paix.

Peu de temps après la découverte de la bonne, ma famille accourut pour se recueillir auprès de la défunte. Des regards éplorés se dessinent sur les visages, pourtant si joyeux des enfants. Des larmes silencieuses coulent le long des joues des adultes. Je regarde le corps avec un tel détachement. Je ne me rends pas compte qu'elle est morte. Une douleur apparut, mon cœur s'est brisé. Là est tout le problème, lorsque la faucheuse apparait, elle soulage les âmes des morts pour les mener vers la paix et brise celle des vivants.

La première étape d'un deuil est le dénie. La perte est si brutale donc le cerveau se protège. En regardant le corps, j'entendis ma grand-mère parler.

Les jours qui suivirent, j'appelais ma grand-mère dans l'espoir qu'elle me réponde. J'allais voir dans sa chambre. Je trouvais seulement un lit au carré sans ma grand-mère. Sans l'odeur de la lavande qui venait couvrir ses draps. Je me posais là, pendant des heures en espérant voir réapparaître ma grand-mère.

Il me fallut une semaine et demie pour accepter la réalité. Ce jour où j'ai commencé à accepter la douloureuse vérité, c'était le jour de son enterrement. La grande dame fut enterrée dans le cimetière familial près d'une modeste église. Aux côtés de son défunt mari. Son cercueil fut accompagné d'un jeté de fleurs. Elle reposait maintenant pour l'éternité.

Je pars me coucher, cette journée fut éprouvante. J'ai enterré la seule personne qui m'a toujours soutenue. En entrant dans ma chambre, je sens une odeur de lavande. Je pose sur mon lit, je ferme les yeux en me remémorant d'anciens souvenirs. Je cours à ma fenêtre pour regarder les étoiles. Si l'une d'entre elles brille plus que les autres, c'est sans doute ma grand-mère. J'observe le ciel à la recherche de cette étoile. Je ne vois rien. Je décide alors d'aller me coucher. Allongée dans mon lit, je sens les bras de Morphée m'amener au doux repos du sommeil.

Plongée dans mon rêve, je me trouve dans une prairie. Soudain, je vois le visage de grandma, ses yeux marron brillent plus que d'habitude. Des fossettes apparaissent au niveau de la bouche. Elle m'offre un large sourire. Ses cheveux gris fouettent le vent de manière gracieuse. Un halo de lumière surplombe sa tête. Elle me tend sa main. Je la regarde un instant, j'essaye de savoir si c'est une illusion. Je prends finalement sa main.

À peine ai-je frôlé sa main, j'atterris dans un endroit tout noir, sombre. Avec des flaques d'eau. Il n'y a plus rien, juste des petits bruits muets. Je marche dans le noir, sentant juste quelques gouttes tomber sur mon visage. Je regarde en haut, mais rien. En marchant, j'aperçois un rayon de soleil. Je cours vers lui. Les bruits muets que j'entends deviennent des hurlements. L'adrénaline fait que mes foulées deviennent plus grandes. Une porte se dessina, laissant le rayon de soleil m'atteindre. Je viens de trouver l'endroit d'où les hurlements proviennent.

Entre coeur et raisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant