Chapitre 1

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Notre nouvelle maison n'était pas bien différente de celle que nous avions laissé il y a tout juste deux jours. Je notai cependant qu'elle comportait une pièce supplémentaire, et que toutes comptaient plusieurs mètres carrés en plus. Ma chambre se trouvait à présent au rez-de-chaussée. Je devais avouer que ce changement m'arrangeait. Ainsi je pouvais me lever, la nuit, sans craindre de réveiller mes parents. Depuis plusieurs années déjà, j'étais sujette aux insomnies. Alors j'avais pris pour habitude de me dégourdir les jambes dans le salon, un verre d'eau à la main.

Les murs de ma chambre n'étaient non plus blancs laiteux, mais blancs cassés. Quel effort de la part du gouvernement, c'était trop, vraiment ! Tout comme dans l'ancienne, j'y trouvais un lit - deux places maintenant - , un bureau, une armoire et une simple table de chevet. Étonnamment, je remarquai qu'une salle de bain était reliée à ma chambre, les deux pièces séparées par une simple porte coulissante. Je me rendis seulement compte que notre nouvelle maison était bien plus luxueuse que l'ancienne. Je ne savais pas de quelle manière mes parents avaient réussi un tel miracle, mais ils l'avaient fait.

Seules les personnes importantes, jouant un rôle primaire dans la reconstruction de notre monde avaient droit à un tel luxe. A chaque nouvelle pièce que mon regard traversait, je devenais de plus en plus septique. Mais je passais outre mes hypothèses douteuses, et acceptais sans trop rechigner cette nouvelle vie qui s'offrait à moi. Je m'y ferai, un jour. Du moins je l'espérais.

Deux jours que nous nous étions installés, et je n'avais toujours pas échangé un mot avec mes parents. Je n'avais posé aucune question, que ce soit sur notre départ précipité, notre nouvelle identité ou bien notre nouveau statut qui semblait bien supérieur au précédent. Je les rejoignis dans le salon. Ils étaient tous deux confortablement installés sur le canapé, les mains croisées sur les genoux. Même seuls, le règlement du gouvernement semblait les oppresser en permanence. Je les imitai en m'asseyant sur un fauteuil placé en face d'eux. Nous nous observâmes un moment, sans rien dire. Ils ne cillaient pas, ce qui me fit soupirer d'exaspération. Ma mère releva les yeux, surprise.

- Alors, commençai-je, votre maison est ravissante.

Mon père plissa les yeux, comme pour m'avertir. Le sarcasme était mon moyen de répartie préféré.

- Monsieur et Madame Bennett.

J'avais particulièrement insisté sur notre nouveau nom. Les lèvres de ma mère se plissèrent, déformant légèrement son visage habituellement si doux. J'arquai les sourcils, toujours dans l'attente d'une quelconque réponse de leur part.

- Vous préférez peut-être tous les deux que je vous appelle Cameron et Gabriella ?

Cette fois-ci les yeux de ma mères quittèrent les miens pour venir fixer le sol. Une tristesse non feinte traversa ceux de mon père. J'avais mis toute la rancœur et la colère que j'éprouvais dans le ton que j'avais employé. Et mes parents l'avaient ressenti.

Je pouvais digérer assez facilement un changement de nom et de maison. J'avais rarement osé remettre en cause les décisions de mes parents. Mais abandonner le prénom qu'ils avaient toujours porté, c'était renier leur propre identité. C'était comme si plus rien de les rattachait à la personne qu'ils étaient vraiment. Je vivais assez mal ce choix, même si je savais pertinemment que je ne pourrai rien y changer. J'affectionnais, plus que jamais aujourd'hui, les prénoms que portaient à merveille mes parents : Hector et Anaé.

- Ecoute Allison... commença mon père.

- Je dois déduire que je m'appelle toujours Allison, ou bien me ferai-je appeler autrement une fois à l'extérieur ?

- Tout le monde t'appellera Allison, m'assura ma mère.

Je soupirai, déjà plus détendue. Je ne me serai jamais faite à l'idée de perdre, pour toujours peut-être, mon prénom. Mes parents m'avaient prénommé ainsi en souvenir de mon arrière grand-mère, qui se prénommait Alyson. Elle avait été la dernière de notre famille a avoir connu le monde avant la terrible guerre qui l'a détruite. J'étais fière de porter ce prénom, et jamais je ne pourrai m'en séparer.

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