Eurydice ne connaissait pas les coutumes des gens riches. C'est pourquoi elle ne comprenait pas immédiatement pourquoi elle se retrouvait à une fête.
« Il faut fêter la guérison de la princesse », avait dit le Roi quand Mathilde lui avait annoncé que leur fille avait ouvert les yeux et fait une blague sur la hauteur de la lune dans le ciel. Voilà comment la jeune guérisseuse se retrouvait, toujours dans sa tenue de cuir complètement inappropriée, dans une salle remplie des gens du château, à tenir un verre d'on ne sait quoi dans la main. Magnus aurait dit : « de la nourriture et de l'alcool a disposition ? Je vis un rêve éveillé ! » Le pauvre n'était pas là pour voir ça. Heureusement, le malaise n'existait pas pour la jeune femme, sinon elle aurait prié pour devenir aussi petite qu'une souris et disparaître dans un petit trou. A la place, Eurydice mangeait de somptueux mets dont elle ne pourrait nommer un seul ingrédient. Elle songea à sa fratrie qui ne pouvait pas jouir des mêmes offres, mais aucune once de tristesse ne contracta son cœur.
Bien que ce soit elle qui était à l'origine de la bonne santé d'Isobel, aucun des gens présents à cette petite fête n'était venu lui parler. Aurait-elle su quoi dire et comment s'exprimer ? De loin, Mathilde lui sourit avant de se détourner à nouveau, et c'est à ce moment qu'elle se décida à fausser compagnie à son verre pour se balader dans le château.
Ses pieds traînèrent le long des sols de pierres, alors qu'elle observait les nombreux tableaux réalisés par de somptueux peintres. Rien à voir avec les tableaux étranges de la boutique de Magnus. La période créative de son ami n'avait pas été une réussite. Au moins Magnus ne faisait pas des centaines de portrait de lui-même.
Dans le simple couloir qui permettait de quitter la salle de fête, la famille était peinte au moins dix fois. La peinture imageait le temps passé depuis la nouvelle ère.
Eurydice bifurqua vers la gauche, dans un autre corridor si long et si similaire à l'autre. Au lieu de se perdre dans ce labyrinthe, elle s'arrêta sur un balcon, grimpant dessus pour s'assoir, les pieds dans le vide. La cour du château grouillait en ce début d'après-midi. Il faisait bon dehors, peut-être cela poussait-il les gens à sortir pour se balader dans les jardins.
Dans son village, a Ocadia, on disait que chaque variété de fleurs découverte se trouvaient dans ces grands jardins. On les apercevait de là où elle s'était assise. Ils semblaient entretenus par des dizaines de jardiniers compétents.
Alors qu'elle était en plein songe, des pas pressés se firent entendre dans son dos. Ses yeux se tournèrent à peine vers la personne qui dérangeait ses pensées. Un homme à la chevelure blonde accourait sur le même balcon, montant sur le rebord ou Eurydice siégeait. Tel un animal, il grimpa sur les tuiles pour aller sur le petit toit d'une autre pièce à côté d'elle.
-Il ne doit pas être loin! Crièrent deux voix, à une distance proche d'eux.
Les deux iris vertes de la guérisseuse observaient silencieusement le stratagème. Une tentative de fuite? Alors qu'elle hésitait sur ce qu'elle allait faire, l'homme en tenue de combat glissa son index contre ses lèvres moqueuses, lui intimant de se taire.
Elle redressa le genou pour poser son pied sur le bord et se hisser debout. C'est à ce moment-là qu'un soldat se joint à elle. Celui-ci la lorgna de haut en bas avec un air mauvais. Elle sauta en bas de la rembarre.
-Nous cherchons un homme blond, sa présence est attendue à la fête.
Elle se contenta de cligner des yeux avec ennui, posant sa main sur sa ceinture pour voir quand est ce qu'il allait continuer.
-Est ce que vous l'avez vu?
Le ton employé ne lui plaisait pas du tout. Elle s'employa à utiliser ce que son ami le gardien lui apprenait; l'ironie.

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Aequalis
ParanormalDans un monde d'après guerre encore fort fragile, la jeune Eurydice exerce ses talents à double tranchants; être une guérisseuse et sauver la vie des gens pourrait être un rêve si en échange elle pouvait ressentir ne serait-ce qu'une seule émotion...