Chapitre 2

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-Les femmes voulaient l'égalité n'est-ce pas? Tu travailleras si tu veux pouvoir vivre sous ce toit! Sois utile.

La blondinette gardait la tête basse bien qu'elle ne sente aucunement la culpabilité qu'elle aurait dû ressentir de ne pas servir sa famille. C'était l'un des avantages de ses pouvoirs. Ses trois frères faisaient comme si de rien n'était, s'occupant faussement dans la maison pour la voir se faire disputer. Finn et François s'amusaient parfois à la bousculer en passant d'un coin à l'autre de la pièce centrale de la maisonnette dans laquelle ils vivaient. Ses deux grands frères étaient des brutes, Grant lui se contentait de suivre pour ne pas être celui qui subirait leur action.

Les deux jumeaux pouvaient être machiavélique. A de nombreuse fois, Eurydice avait été punie par leur faute: Mettre de la boue dans la maison, tirer la queue d'une vache pour qu'elle fonce dans une autre, manger la part destinée à leur glouton de père. Ils étaient des enfants qui se chamaillaient, mais il fallait être bête pour ne pas voir la des répercutions majeures sur la suite des événements.

Sa mère n'était même pas là pour prendre un petit peu sa défense, elle était sortie avec le petit Spencer pour aller au marché. Il n'y avait pourtant pas grand-chose à vendre aujourd'hui.

-Est-ce que tu écoutes quand je te parle?

Non. Elle était partie depuis de longues minutes dans ses songes. Eurydice s'imagina ne pas avoir glissé de cet arbre le mois dernier, ne pas s'être redressée comme si chuter de trois mètres était un acte normal pour son jeune âge. Son père, non loin de là, avait tout vu, il lui avait attrapé le bras comme il aimait le faire. Sans aucune douceur. Chez Gaspard, on élevait ses enfants à la dur! L'homme l'avait tirée jusque la maison et l'avait poussée sur une chaise étant proche de la table à laquelle ils mangeaient quand il y avait assez de nourriture pour tout le monde. Une personne normale aurait vérifié son enfant sous toutes les coutures. Milène l'aurait fait si elle avait été là. Le père lui approcha un couteau sans même songer à une quelconque conséquence si ses hypothèses avaient été fausse, il l'enfonça dans la main de sa seule fille.

Grant avait presque vomi, assis avec un livre imagé juste en face. Le pauvre n'avait pas compris la situation. Le geste violent qui enleva la lame de la peau le choqua deux fois plus. Son ainé avait appuyé ses mains sur la table afin de se pencher pardessus et vérifier la plaie de sa sœur. Hormis une vilaine tache de sang qui goutta au sol, il n'y avait déjà plus rien. La petite n'avait même pas hoqueter, ni pleurer. Sous les yeux effarés du garçon et ceux sans vie d'Eurydice, le visage du père venait de se fendre d'un sourire immonde...

Elle n'avait pas répondu à son père. La gamine s'en rappela quand la première claque avait atteint sa joue. C'était sûr que maintenant, elle était attentive. Quand bien même elle ne sentait rien, une deuxième ne la tentait pas. Eurydice n'en était pas moins masochiste. Mais l'idée de retourner au village et d'absorber une seconde fois la douleur d'une personne quelconque ne l'enchantait guère.

-Tu vas y retourner immédiatement!

-Oui, père.

La jeune enfant pris la petite sacoche que son père lui avait balancé le lendemain de la chute. L'homme lui avait ordonné d'utiliser ses pouvoirs d'une quelconque manière pour ramener de l'argent: "fait la magicienne si cela te chante, mais rapporte de l'or." Les trois premiers jours, la petite n'avait pas ramené d'argent, Gaspard étant parti à la chasse, elle s'était dit qu'elle avait bien le temps de flâner.

Au village, près de sa campagne, il y avait une petite boutique remplie de livres de toutes sortes. Milène, la matriarche, venant d'une famille aisée avant son mariage, avait appris à tous ses enfants la lecture et un semblant d'écriture. C'est pourquoi, les trois jours suivant l'ordre de son père, Eurydice les avait passé à effectuer des recherches sur son étrange guérison. A son plus grand malheur, la jeune fille n'avait rien trouvé sur ses nouveaux talents.

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