CHAPITRE 2 - Conséquences

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- Je n'aime pas me répéter, Kaiko, tu le sais très bien.

Ironiquement, Kaiko Okimochi avait entendu ce monologue un nombre incalculable de fois de la part de l'inspecteur Tsukauchi.

Se trouvant justement au commissariat de police dans le bureau de ce dernier (après lui avoir timidement demandé de faire un détour pour qu'elle récupère ses affaires), Kaiko se dandinait sur sa chaise en jouant avec ses doigts, toujours vêtue de son costume de justicière improvisé.

- Alors, explique-moi pourquoi je dois te le dire encore une fois.

Kaiko ne répondit pas, l'esprit perdu dans ses pensées.

- Il est arrivé quoi, aux otages?

L'inspecteur soupira.

- Ils vont bien, mais là n'est pas la question, Kaiko. Quand comprendras-tu que...?

- Génial! J'avais peur que la structure ne soit pas gonflée à temps, faut dire que je l'ai trouvé un peu par hasard et que...

- Où l'as-tu trouvé?

Kaiko haussa les épaules.

- C'était des gens qui la transportaient pour un truc, un festival, j'imagine, donc je leur ai demandé un coup de main et...

- Tout ça, ce c'est pas le sujet, Kaiko, et tu le sais très bien.

La jeune fille se tût et baissa la tête.

- Kaiko, tu dois comprendre.

La voix de l'inspecteur avait baissé d'un ton et s'était adoucie.

- Tu le sais aussi bien que moi, Kaiko. Tu ne peux pas... agir sans réfléchir à chaque fois qu'un super-vilain débarque quelque part.

- Je sais, mais c'est plus fort que moi!

Kaiko s'était redressé sur sa chaise, les yeux brillants.

- Quand je vois quelqu'un qui a besoin d'aide, je ne réfléchis pas plus que ça! C'est stupide, je sais, mais je n'y peut ri...!

La jeune fille se tut en réalisant avec quel ton elle s'adressait à l'agent de police. Honteuse de s'être laissée emporter, elle se rassis.

- Désolée, monsieur...

- Ce n'est rien, Kaiko, je peux comprendre.

La jeune fille lui fut reconnaissante.

- Mais comme je te le dis à chaque fois, ça ne change rien. Seuls les héros peuvent intervenir en cas d'attaque de vilains, ou encore des élèves en filière super-héroïque supervisés ou possédant un permis provisoire. Tu as beau vouloir agir pour le mieux, tes interventions mettent plus en péril les opérations de sauvetages.

- Mais...

- Même si selon les rapports que j'ai reçus sur tes "petits services" de ces dernières années, coupa l'inspecteur Tsukauchi en sortant de son bureau une belle liasse de papiers, tu as réussi à éviter la casse à chaque fois, tu as causé des dégâts matériels assez considérables par moment.

- Au moins, personne n'est mort...

Le regard que lui lança l'inspecteur réussit à la convaincre de se taire.

- Non seulement, tu réussi à casser des trucs ici et là, mais c'est toujours à tes parents de payer tes dégâts. Oribu et Akarui ont déjà dépensé des sommes assez considérables pour t'éviter des problèmes. N'oublie pas aussi que ton école a reçu des avertissements de la Commission pour qu'ils te supervisent davantage. Il faut que tu le comprennes, Kaiko: jouer les justiciers, ça apporte rarement quelque chose de bon. Tu es mineure, donc pour le moment, on ne peut que te donner des avertissements, mais si tu continue ainsi, qui sait comment tout cela va se terminer au final.

Kaiko resta sans voix.

Elle aurait voulu répliquer, elle aurait voulut trouver les mots justes pour s'expliquer, prouver qu'elle avait raison.

Mais Kaiko elle-même savait qu'elle avait tout sauf raison.

- Ou... oui... inspecteur Tsukauchi...

Il eut un long moment de silence.

- Bon, tu peux y aller. Débrouille toi pour que ce soit la dernière fois qu'on ait à discuter de ça.

Kaiko se leva doucement de sa chaise et traîna des pieds jusqu'à la porte du bureau.

- Une dernière chose, Kaiko.

L'interpellée se retourna vers l'inspecteur qui rangeait ses dossiers.

- Tu es en troisième, cette année. Concentre-toi sur tes études si tu veux potentiellement intégrer Yuei.

Yuei...

Kaiko eut un sourire mélancolique.

- Parce que vous croyez sincèrement que je pourrais entrer à Yuei avec un alter comme le mien?

Comme l'inspecteur ne semblait pas trouver de réponse, la collégienne ouvrit finalement la porte et sortit du bureau.


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- Combien de fois il va falloir te le dire, Kaiko!?

La jeune fille déglutit en entendant la forte voix de sa mère s'abattre sur elle. Elle s'enfonça davantage dans son canapé sous le regard de son père.

J'avais oublié que Papa et Maman pouvaient être si intimidants...

C'était en sortant du commissariat que Kaiko avait remarqué ses parents qui l'attendaient devant.

Le trajet en voiture jusqu'au domicile familial se fit dans un silence de mort et une atmosphère des plus pesantes.

Kaiko ne prit même pas le risque de se défendre et laissa sa mère continuer sa tirade colérique.

- Tu passes ton temps à te mettre dans les pattes de la police et des héros! Quand l'inspecteur nous a appelé, j'ai halluciné! Nous pensions que te priver de ton argent de poche allait t'apprendre à te calmer! Et bien, on ne pouvait pas plus se tromper que ça!!

Kaiko déglutit de nouveau et évita de croiser le regard de son père.

- Oui, mais...

- Y'a pas de «Oui, mais» qui tienne, jeune imprudente! Tu te tais et tu écoutes!

Oribu et Akarui s'énervaient très rarement, surtout contre leurs enfants, mais leur patience avait depuis longtemps atteint sa limite.

Une estime inébranlable pour le respect des lois, c'était plus qu'attendu chez deux anciens super-héros et aujourd'hui membres de la Commission de Sécurité Publique Héroïque.

Combinée au sens des responsabilités de figures parentales, Kaiko pouvait comprendre que, dans ces conditions, ses parents ne pouvaient pas vraiment retenir leur mécontentement.

Elle écouta donc l'ordre de sa mère et se tut dans la seconde qui suivit.

Akarui sembla se calmer et commença à se masser le front.

- Qu'est-ce qu'on va faire de toi, Kaiko? Tu n'es pas idiote, on le sait, mais tu es plus bornée qu'une mule!

Kaiko fixa son père.

Oribu n'avait toujours rien dit et elle ne pouvait pas espérer que cela continue ainsi.

Sa mère était déjà difficile à encaisser en cas de bêtise, elle n'avait pas besoin que son père se rajoute à l'équation.

Cependant, Oribu avait ouvert la bouche.

- Ce n'est pas comme ça que tu entreras à Yuei.

My Heroic Me|Volume 1 - Les originesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant