Chapitre 1: Douce tristesse

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Un ciel blafard, un manoir austère, des portes pesantes se présentent à nous. On décide de les ouvrir le plus délicatement possible. On y dort. On ne voudrait pas déranger. On souhaiterait y entrer. Les portes grincent, ces scélérates! On aurait voulu qu'elles soient un peu plus muettes. Elles ne le sont pas. On n'a pas d'huile de coude. Si on en avait, on en aurait mis suffisamment sur ces rouages défectueux. Mais on n'en a pas, alors on se contentera de notre patience. Oh des sanglots! On perçoit des sanglots! A-t-on commis un quelconque impair? Ah! Nous en sommes navrés. Continuons à avancer! Allons voir qui nous avons malencontreusement dérangé. Nous empruntons un couloir dénué de lumière. Tout y est sombre. On n'y voit rien. On avance en tâtant le mur. Quelqu'un se met à pleurer. Un bruit vient de déchirer l'air. On n'a pas pris garde à ce meuble. Ceci n'est pas de notre faute, on n'y voit pas bien. On avance comme on peut. On a atteint l'origine des pleurs. On entrouvre la porte et on voit un garçonnet assis au bord d'une fenêtre grâce à la lune qui a été délaissée par les voiles du ciel. Les caresses du vent sur ses cheveux ont pour but de l'apaiser. Il se tait. Il ne pleure plus. Il se lève et s'approche de nous. Nous a-t-il vu? On se dérobe. Il referme la porte. On expulse de l'air par la bouche en signe de soulagement. On l'observe désormais par l'intermédiaire de l'orrifice d'une serrure de porte. Il est allongé sur le matelas. Le voilà qui dort désormais.

Les oiseaux ont décidé en ce jour de parer le ciel de leurs plus belles mélodies. En avez-vous ouï de plus belles? Si vous en avez ouï de belles. Mais pas de belles comme celles-ci. Celles-ci sont les plus belles. Une porte s'ouvre. Un enfant sort d'une chambre. Quelques secondes après, un autre fait de même. Les deux se dirigent vers une vaste salle au pas de course. Six autres enfants y sont attablés et un autre est en son berceau. L'un d'entre-eux, le dernier à être sorti de sa chambre, a les yeux tout rouges et boursouflés.

- Les garçons, qu'avez-vous fait? dit une jeune femme dans la trentaine.

- Nous avons couru Petite-Mère, répondit l'un.

- Est-ce une chose à faire que de courir?

- Non, dirent-ils en cœur.

- Que devez-vous donc faire?

- Marcher, répondit l'autre.

- Et pourquoi devez-vous marcher?

- On doit marcher pour éviter de se faire mal, affirmèrent-ils en cœur.

- Cela est bien. Asseyez-vous. Vous êtes en retard, est-ce pour cela que vous avez couru?

- Oui, Petite-Mère, dirent-ils.

- Faites l'effort pour ne plus être en retard et ne courez plus si vous l'êtes malheureusement.

Petite-mère scruta l'autre garçonnet pendant quelques temps, puis dit ceci: ''Remercions Dieu.''

- On remercie Dieu, dirent-ils en cœur.

Ils entamèrent le repas. Petite-mère avait les yeux rivés sur le petit garçon par moments.

C'était l'instant de se lever de table. Chacun avait des soins à faire en ces lieux.

- Été?

Le garçonnet s'arrêta. Rejoins-moi à la salle de consultation après le repas de midi.

L'on toqua à la salle de consultation, puis on y entra.

- Que veux-tu mon enfant? dit Petite-Mère en présentant un panier de fruits frais contenant des figues, des cerises, des cassis, des fraises et des framboises.

Le garçonnet pris quelques cerises et se mit à les manger timidement.

- Comment les trouves-tu?

- Ils sont bons, dit-il avec un sourire.

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