Chapitre 1: Quittons Endo

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Le vent soufflait particulièrement fort ce matin-là, le peu de sable qui décollait du sol à chaque seconde lui fouettait la peau la rendant par endroit rosée.

- Que fait-elle exactement ?

- Traverser ce maudit fleuve, elle veut certainement rejoindre l'autre coté de la frontière.

- Est-elle folle ? C'est une mort presque assurée.

- C'est vouloir être libre mon ami.

Une femme traînait à grande enjambée, un bras à hauteur de son regard, pestant contre ce temps à vouloir tout reporter au lendemain. Calant son sac sur sa hanche elle se prépara mentalement à franchir l'espace humide droit devant. Le courant était puissant, qui sait si elle ne trébucherait pas sur un rocher l'attendant sagement pour la faire chavirer. Sa chevelure était enveloppée dans un tissu conçu à partir d'un rideau de premier choix, son corps ne portait qu'un vulgaire short irritant qui faisait pâle présence par rapport au pull chaud recouvrant jusqu'à ses avants bras. Sa bonne humeur au réveil s'enfuyait à chaque seconde qu'elle approchait prudemment de son but.

Désormais, au bord, prête à affronter et à faire travailler ses muscles, sa jambe s'enfonça dans l'eau puis la deuxième suivit. La concentration se lisait clairement sur son allure, à tout moment, à tout relâchement ses deux genoux pouvait fléchir et ça serait ensuite l'inconnu. La jeune femme frissonnait de froid, et la violente brise n'arrangeait en rien cela. Toutefois, elle parvint à continuer son chemin vers l'étape final de son but. Sans qu'elle s'y prépare son équilibre vacilla en avant, ratant de peu de relâcher son bagage pour immerger ensuite la tête dans l'eau turbulente. Un rocher. Un rocher biscornu l'avait surprise et par chance, elle ne ressentit qu'une éraflure à son mollet. Son mentor avait tout intérêt à l'attendre là où le rendez-vous se tenait, plus elle pensait à lui plus sa motivation grimpa.

Après trois années et quelques mois, elle se permettait enfin de revenir, l'expérience s'était forgée avec brio et plus d'une fois la mort l'avait effleurée, effroyablement. Ses capacités tiendraient probablement tête à Drahyel, en revanche, le battre semblait demeurer encore un lointain rêve. Une goutte tombant dans son dos la ramena à l'instant présent. Encore un peu rien qu'un peu avant de remettre pied à terre, le sable ne se ressentait plus ce qui l'encourageait à poursuivre tout en plissant les paupières. Ses dents commencèrent à claquer frénétiquement malgré un entraînement éprouvant dans les rivières glaciales du royaume d'Endo. Tout corps humain possède une limite à la résistance des basses températures et le sien démontrait celle-ci. L'idée d'enfiler un pantalon ? Surtout pas. Le poids du vêtement trempé pèserait et freinerait son avancement. Son métabolisme était obligé de se battre aussi.

- Félicitations à moi-même, soupira-t-elle.

Empoignant son sac bien fermement elle balança son bras en arrière puis le laissa revenir avec force en direction de l'herbe devant elle. À la suite du son sourd au sol, elle tenta de se hisser sur la rive froissant son nez au peu de réaction de son avant-bras droit. Jurant contre ses muscles, proches de l'anesthésie, elle serra le poing puis par frustration un air de grognement sortit de sa gorge. Le courant intense persistait cependant il ne s'arrêterait pas. Cette remarque eut pour résultat qu'elle expira profondément afin de bondir et de glisser rudement sur le gazon.

- Ça mérite davantage de bonnes baignades qui gèlent grave.

Se positionnant contre un arbre, une fois avoir regagné un état adéquat, elle s'autorisa à se reposer tout en examinant sa blessure mineur qui se trouva à être une fine coupure. Celle-ci, grâce à l'eau ne saignait aucunement et ne manifestait pas de présage d'une quelconque infection.

Le royaume d'Endo résidait à cette heure derrière elle. Royaume dans lequel elle se fut un nom correct parmi les habitants, Violette, une fois de plus on s'appuyait sur le physique, mais ce n'était pas plus mal ainsi. Des iris qui évoquaient les lavandes des champs ça ne s'oubliait pas. Particulièrement, quand on présentait des cheveux bleus nuit.

De son sac, elle en retira deux bottes, ses talons la brûlaient dus aux grains de sable qui s'étaient fait un malin plaisir de se râper à elle. Chaussures revêtues, elle regagna son itinéraire à travers le peu d'arbres existant.

Les minutes filaient et le paysage se modifiait peu à peu, les végétaux laissèrent place à des habitations en nombres restreints et visiblement modestes. Les propriétaires fixaient suspicieusement la misérable femme, cette dernière émettait une aura qui les dérangeait sans parler de l'allure avec laquelle elle se montrait ouvertement devant eux. Cela ne lui procurait rien excepté un vague sourire d'ironie puisque qu'ils étaient dans le même bateau.

Plus tard, elle fut entourée par de vastes champs de blé, le doré s'imposait à elle comme couleur unique existante en ce monde. Les chemins étaient étroits, mais pas assez pour bloquer une charrette ni pour l'obstruer, les quelques brins qui se penchaient vers elle par la brise la chatouillait seulement. Enfin, elle patienta, le soleil s'en allait se reposer, le voile de bleu vira au rosé entrelacé d'orange. Une présence loin devant sa position l'incita vivement à redresser ses pupilles vers l'imposante silhouette. Cette voix caverneuse, qui lui manquait tant, l'interpella.

- En toute honnêteté, je ne croyais pas en ta réussite, Vemira Moonvy.( Il marqua une pause, puis sourit. ) T'as une sacré dégaine.

Oui, ce genre de moquerie aussi.

- Et toi, tu as toujours autant de poil sur la gueule. Tu ne sais plus comment te raser ou bien ?

- Bon retour à Krept gamine, pouffa-t-il.

Visiblement, c'était réciproque.

DÉLECTATION SOUVERAINEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant