DÉLECTATION SOUVERAINE

Chapitre 4 : Les Ornéens

Les deux camps se regardaient dans le blanc des yeux, irritée par cette situation ; Vemira osa alors prudemment un pas en avant vers l'une de ces bêtes. Seulement, elle qui était prête à l'intimider se figea comme mis à nu devant l'expression qu'arborait ce qui semblait être une femelle appelant à l'aide. Mitigée, puis décrispant ses muscles, la mercenaire s'abaissa à la vue de tous, une part furent intrigués tandis que le reste se méfiait de son comportement. Khadios en retrait, il l'aperçut tendre son bras gauche à la panthéos qui combla la distance entre elles puis la renifla. Il serra les dents sous la nervosité du moment, Soriell quant à lui fronça les sourcils. Quelques secondes passèrent, le contact se faisait sans danger, du moins, jusqu'à ce que l'animal ouvrît la gueule et planta ses crocs au poignet de Vemira sans qu'elle ne pût réagir. À partir de là, aucun des panthéos ne sourcilla au contraire des humains qui se tendirent violemment à l'attaque. L'homme à la chevelure écarlate sorti de son léger choc et sans attendre plus, entama deux grandes enjambées avant de se faire barrer la route par deux individus, Soriell ainsi que l'un des panthéos.

- Arrête toi Æsma, gronda son supérieur la main sur son épaule. Ne vois-tu pas qu'elle n'a pas ripostée ni cillée ?

Le brun disait vrai, Vemira semblait bien se porter, cependant elle fixait le vide et respirait profondément, si bien qu'il se demandait si elle n'allait pas s'écrouler.

- Oh, parce que pour vous, elle à l'air d'aller bien là ?

Face à son air sarcastique, Soriell roula des yeux.

- Écoute, là nous ne sommes pas en position de faire quoique ce soit. Alors prends ton mal en patience.

- Je suis aussi de cet avis. Vemira aurait d'ores et déjà été prise d'assaut si c'était le but de ces panthéos, affirma Khadios à l'attention de son ami qui put faire reculer son garde du corps.

Pendant qu'Æsma grommela dans son coin, des souvenirs qui n'étaient pas les siens défilèrent dans l'esprit de la mercenaire. On lui montrait une magnifique cité aux édifices d'un blanc immaculé entourée par une grande végétation pure ainsi qu'évidemment ses habitants vêtus de tissu fins et colorés. Tous sans exception marchaient pieds nus avec des ornements munis de pierres précieuses qui descendaient de leurs genoux à leurs chevilles, quelques-uns, en l'occurrence des adultes, avaient leurs cous décorés de magnifiques parures. Les couleurs de peaux se mélangeaient autant que leurs couleurs de cheveux différentes, celle qui ressortait le plus fut le brun. Une ambiance proche du mystique ressortait de cet endroit, on ne pouvait que s'y sentir bien. Même les odeurs devaient être agréables, Vemira para incontestablement là-dessus. Petit à petit, elle comprit que certaines traditions se fêtaient chaque troisième pleine lune, probablement pour rendre hommage à une divinité qu'ils idolâtraient. Malheureusement, une forte émotion de détresse la conquit, les maisons, les belles structures, tout, tout s'écroulait dans les cris et dans les larmes, des corps sous les décombres, les vies de la forêt en entières paniques dans le tumulte.

Une ombre apparut peu après sous les pupilles effrayées des survivants de cette horreur. Il y avait femmes, hommes, enfants, et même des bambins dans les bras de leurs parents. Cette ombre, sortant de la pénombre, laissa à tout le monde la découverte de son apparence féminine, des traits fins, des cheveux de jais regroupés en chignon bas puis des iris tout aussi obscurs. Un sourire machiavélique prit place sur ses lèvres, se délectant de leurs états de détresse. Comment cette personne avait-elle réussi à elle seule à briser leur cité ? L'aura qui l'entourait ne prédisait que le malheur.

- Après la destruction, vient l'anéantissement.

Lorsqu'elle termina cette phrase, une dizaine d'hommes et de femmes foncèrent sur elle en hurlant dans un espoir de la chasser d'ici. Parmi ce groupe, ceux qui ne possédaient pas d'armes telles qu'un couteau ou une épée prirent des morceaux de pierres, afin de les lancer ou alors avec de la chance, la frapper pour l'assommer.