Atlas

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Je me recroqueville sur moi même, une brûlure encore vive au niveau de l'abdomen me fait gémir contre toute volonté.

Mon torse dévoilé, je pose ma main dessus dans l'espoir que la souffrance lancinante s'apaise au moins un peu, de manière à ce que je puisse me relever et m'enfuir le plus loin possible. Mon cœur bat, il bat au point ou je n'entend que lui, mes mains moites et tremblantes tentent vainement d'adoucir cette douleur dévorante.

"- Je suis sûre que je l'ai vu passer par ici !!

- On a un témoin qui affirme l'avoir vu se faufiler dans la deuxième rue après le parc, je vous envoie ma position, attrapez le immédiatement !"*

Merde, ils se rapprochent, je me relève tant bien que de mal, les jambes aussi stables que des mikados. Je serre les dents, et marche en accélérant peu à peu jusqu'à courir comme un dératé dans les ruelles, dans l'espoir de trouver une solution pour me cacher.

D'habitude, j'ai mon compagnon qui me récupère, seulement... Il n'est pas au lieu de rendez-vous.... J'espère au moins qu'il va bien.

"- Psst, Atlas, ici, viens ici."

Je tourne le regard à l'entente de mon "nom", effectivement, un groupe d'enfant m'invite à les suivre. Le fait de reposer ma vie sur des gosses ne me plaît pas vraiment mais il s'agit d'une situation où faire la princesse serait ridicule.

Je les suis avec peu de confiance, il s'agit d'un cas de force majeur Izuku.

Nous traversons plusieurs rues, en silence, ils s'arrêtent enfin devant une petite porte en bois et se pressent pour l'ouvrir.

"- Elle est où cette maudite clé...

- Dépêche toi Thomas les héros arrivent, je les entend !

- Oui bah deux minutes, j'arrive pas à trouver cette foutue clé... Ah c'est bon !"

Il déverrouille tant bien que mal la porte et nous entrons tous pour refermer juste derrière.

J'entre dans une pièce sombre et poussiéreuse qui semble découler sur d'autres pièces, une femme adulte tricote dans un coin sur une rocking chair. Elle ne lève pas le regard et poursuit son activité, m'a t'elle vu ? 

Les enfants qui viennent de me secourir se tournent lentement avec des yeux pétillants, je détourne le visage, quelle situation...

" - Vous vous rendez compte les gars, on a sauvé Atlas, le Atlas...

- Tu penses que c'est le vrai ?" murmure une gamine avec un air suspicieux.

"- Je suis bien Atlas et j-je vous remercie de m'avoir éviter un drame...." je bafouille

" - C'est sûr, c'est lui, je reconnais sa voix, il a la même que celle qu'on entend dans la vidéo du combat avec le vilain aux..." Il ne pu prononcer la suite de sa phrase.

En effet, tout le monde se tut, des voix passent derrière la porte d'entrée.

" - Merde, on l'a encore perdu de vue, comment il fait pour disparaître ainsi à chaque fois !!

- C'est ta faute tout ça, je t'avais dit que c'était une tête plus complexe qu'il laisse paraître, on va devoir missionner un plus gros poisson comme Dynamight ou Best Jeanist, je ne vois que ça...

- Décidément, il...."

Avec la distance, les voix s'atténuent peu à peu, pour n'entendre que le mouvement des aiguilles sur la laine et le grincement de la chaise que produit  la femme toujours silencieuse au fond de la pièce.

"- Et bien, merci beaucoup les enfants, je vais devoir y aller, j'ai euh, un autre vilain à attraper !"

Oui, je suis conscient que le mensonge est un acte peu recommandé, seulement je ne veux pas leur montrer que le pilier de la justice a aussi des faiblesses, ma blessure me fait de plus en plus mal et je ne sais pas si je vais réussir à maintenir mon expression forte et rassurante plus longtemps.

Ils paraissent déçu et se regardent entre eux. Je fais mine de me diriger vers la porte et pose ma main sur la poignet quand une voix douce empreinte de réconfort fait écho dans la salle :

" - Est-ce bien prudent de sortir avec une telle blessure, les enfants, amenez moi la crème qu'on utilise quand on se fait mal au travail ! "

Un enfant me demande de m'abaisser et me souffle à l'oreille : 

" - Elle est aveugle mais étonnamment, elle semble tout voir, ne fait pas attention, elle n'est pas mauvaise "

J'acquiesce avec un hochement de tête, mimant l'accord à un secret complice que nous partageons et des rougeurs se distinguent sur ses petites joues rebondies.

Mignon.

Le petit qui s'appelle Thomas, je crois, arrive avec un pot rouillé et l'ouvre sans grande difficulté. Il passe sa main dedans et lève le regard dans ma direction, me demandant l'accord de pouvoir créer un contact entre sa main et le torse du plus grand justicier du monde. Je lui souris chaleureusement, il le prend pour une réponse affirmative et se lance. 

L'effleurement de la texture froide avec ma peau brûlante me provoque sur l'instant des frissons puis un bien être total et infini se repend dans mon corps.

Je soupire. Bordel que c'est bon.

........................

Je remercie tout le groupe en fixant un instant la femme, je serai éternellement reconnaissant à cette famille, famille ? Le sont-ils d'ailleurs ? 

Une petite fille pleure et s'agrippant à ma jambe, les autres semblent néanmoins admirer le plafond pour empêcher les possibles larmes de monter, la fierté j'imagine.

Je leur sourit une dernière fois, je leur donne un sourire sincère avec toute la gratitude que je puisse y infuser.

Je ferme la porte derrière moi avec amertume et observe mon environnement.

Il est tard mais ce n'est pas encore la nuit, je sors mon téléphone pour avoir des nouvelles de mon compagnon qui m'a, visiblement posé un lapin. Rien.

Je décide donc de l'appeler. Pas plus de résultats. Merde.

Sans lui, la situation va devenir vraiment compliqué, j'estime quarante cinq minutes de trajets pour rentrer chez moi... Avec mon costume.... Je suis dans la giga merde.

Je vois plus loin, dépassant d'une poubelle, un sac. La chance est peut-être enfin de mon côté !

Je le prend et me déshabille, je n'ai vu personne mais dans le doute, je me cache entre deux poubelles. Sous mon costume, je porte un legging et un débardeur, ce n'est certes pas adapté pour la température mais je vais faire avec. Je balance ma tenue à moitié déchiqueté, résultat du précédant combat, dans le sac et adopte une attitude de joggeur.

C'est maintenant que le froid mordant du soir atteint ma peau, j'ai froid. Je cours, malgré la terrible fatigue qui hurle de m'arrêter, je cours pour pouvoir ressentir le confort de mon chez-moi.

Les regards des habitants désapprouvent ma tenue "légère", mais après être passé une cinquantaine de fois sur les écrans, je m'en care le fion.

Je ne cesse de courir jusqu'à enfin apercevoir mon immeuble, je ralentis donc le pas et marche sereinement jusqu'au perron. Je prend la clé cachée dans le lampadaire au dessus de ma porte et ouvre. Je découvre une lettre avec des caractères en gras déposée sur mon tapis. Merde, encore le proprio. J'attrape le papier, non sans un ultime soupire.

Je le dépose avec mes clés sur la table et allume les lumières, un silence de mort s'installe. Le frétillement du néon dans l'entrée se fait entendre mais c'est tout.

Je m'assois lourdement sur le canapé, demain, il y a le travail.

Oui, à la base je suis policier, je n'ai pu devenir héros à cause de l'absence de ce maudit alter mais je possède une seconde identité :

Atlas


05/02/2023

Deux hérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant