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Les premières fois sont les pires💛💙
Je ne sais pas comment je me démerde pour toujours tomber dans des plans foireux avec les mecs. Quand on dit que soit ça passe, soit ça casse, eh bien avec moi ça casse à chaque fois.
Depuis que la puberté m'a frappé c'est comme ça : j'enchaîne les fiascos. Ce n'est pourtant pas faute d'y mettre tout mon cœur et ma bonne volonté. Mais je ne sais ni draguer ni prendre les devants, et je fais toujours confiance à des boulets (coucou le type marié du bar).
Vraiment, la liste de mes échecs est longue comme le bras et franchement peu gratifiante.
La première fois que je me suis déclaré à un garçon, c'était vers mes dix ans et j'ai pris mon premier râteau. Cruel comme peuvent être les enfants, il m'a craché au visage qu'il n'aimait pas les boutons et les peaux grasses, ce qui m'a valu un gros complexe, jusqu'à ce que je me rende compte qu'à dix ans, on a pas vraiment de boutons ni de peau grasse. Il ne voulait juste pas de moi.
La première fois que j'ai embrassé un garçon, c'était vers mes treize ans et je lui ai mordu la lèvre sans le vouloir. Il m'en a voulu et m'a traité de vampire psychopathe, la bouche pleine de sang. C'était bizarre et pas très joli à voir. Et puis le sang, c'est pas bon du tout.
La première fois que je suis sincèrement tombé amoureux d'un garçon, c'était pas bien longtemps après ça. Je me souviens qu'on s'est foncés dedans le jour de la rentrée scolaire et qu'on s'est regardés pendant plus de cinq secondes. Durant des mois, il n'a pas arrêté de me tourner autour en me faisant du charme pour que je craque pour lui. Ça a marché. Comme avec beaucoup d'autres. Mais naïf comme j'étais, j'ai cru qu'il m'aimait alors je me suis confessé. Il m'a ri au nez, puis sa copine a débarqué et ils se sont léché la face devant moi alors que les élèves autour de nous se moquaient. Dure époque. Ne jamais croire aveuglément les populaires.
La première fois que j'ai eu une relation sexuelle avec un garçon, c'était vers mes dix-sept ans et je lui ai vomi dessus. Je crois que ça ne lui a pas plu, vu qu'il a de suite arrêté de tester l'extensibilité de ma gorge pour crier, dégoûté.
Le reste n'est qu'une succession d'événements tout aussi tragiques et honteux.
J'ai choppé des morpions le jour où je me suis fait dépuceler. J'ai reçu une lettre d'amour de mon voisin de quarante ans. Je me suis fait draguer par un inconnu pour gagner un pari lancé avec ses potes, puis traiter de pervers par mon binôme de SVT quand je lui ai suggéré l'idée de bosser notre exposé chez moi. On m'a proposé un job de mannequin contre des offrandes (et je ne parle d'offrandes alimentaires, sauf si on me considère comme un déjeuner). Au moment où j'allais conclure avec un gars, la mère de celui-ci a rappliqué dans sa chambre et m'a congédié sans me laisser le temps de me rhabiller. Résultat : j'ai fini en calbut dans la rue ; pas de chance pour ma pomme, il habitait devant une école primaire.
Des fois, je me demande si je ne ferais pas mieux de changer de bord. Est-ce que les choses seraient plus simples avec les filles ? Je n'en suis pas certain. Mais en y pensant, j'aurais peut-être moins de difficultés à les inviter pour boire un café.
C'est fou comme même une chose aussi banale m'est impossible. Ce n'est pourtant pas compliqué, surtout quand il s'agit d'une personne comme Jungkook où il n'y a pas franchement d'enjeux. Ce n'est pas grave s'il refuse, nous ne sommes ni amis ni amants en devenir.
Moi, je souhaitais juste me faire pardonner, avoir une chance de repartir sur de meilleures bases avec lui et peut-être apprendre à le connaître. Mais comme toujours, ma poisse légendaire a tout fait capoter.
Cette fois-ci, elle a pris le visage de Yoongi. Ce sale mammouth ! Quand on pense que c'est lui qui cherche tout le temps à me caser, c'est assez ironique. Pourquoi a-t-il fallu qu'il me coupe l'herbe sous le pied pour un vieux qui cherche des matelas avec un revêtement plastifié, pile au moment où j'allais enfin m'ouvrir à quelqu'un ?
Dis-moi, est-ce que ça te dirait de...
J'y étais presque. J'arrivais au bout de ma phrase, il ne me restait que deux petits mots à formuler pour compléter ma question. Mais il faut croire que même deux petits mots sont durs à m'accorder.
Et dire que j'avais décidé de faire des efforts... C'est si rageant !
Une semaine a passé, maintenant, depuis ce gros raté, et je n'ai revu Jungkook qu'une seule fois. Une rencontre pas très fameuse, comme on pouvait s'y attendre. Forcément, j'avais déjà perdu tout mon courage quand je l'ai croisé, alors je me suis contenté de tracer ma route sans même le saluer. De toute façon, il dormait.
– Tu rêves ?
Le mammouth porteur de poisse me tire de mes lamentations et je ne bronche pas. Je devrais m'énerver contre lui, le traiter de tous les noms mais je ne le fais pas. À la place, mes yeux se remplissent d'espoir et je demande :
– Tu crois qu'il va venir aujourd'hui ? je demande.
– Tu veux un daim ? contre-attaque-t-il.
– Pourquoi tu ne réponds pas à ma question ?
– Parce que ça fait cinq jours que tu me la poses et que je n'ai pas plus de réponse à t'apporter que j'en avais hier.
Devant son air désabusé, je soupire.
Je déteste les mecs.
Je déteste Yoongi.
Je déteste Jungkook.
Et je me déteste d'attendre que ce dernier revienne alors que j'ai passé mon temps à prier pour qu'il parte.
..‿︵‿..︵ʚɞ
Un petit chapitre qui, je l'espère, saura tout de même vous faire plaisir !
Taehyung me fait vraiment rire. J'aime sa façon de raconter les choses. Il me rafraîchit l'esprit ! Tout comme vos commentaires à chaque fois, d'ailleurs 🤗
Je vous dis à bientôt pour un chapitre que j'ai adoré écrire.
Kyssar !
Astëlya
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Släkt・ᵛᵏ
Fanfiction❝ Allo, la Belle au Bois Dormant, ici vendeur de matelas qui aimerait bien bosser en paix. ❞ Voilà plus d'un an que Kim Taehyung, vendeur de matelas chez IKEA, jongle entre collègues loufoques et clients ingrats. Bon gré mal gré, il s'y est habitué...