Saburo est resté dormir trois heures dans la chambre. Je trouve que mes Oncles ont quand même un sang-froid remarquable, le Japonais n'échappe pas à la règle. Il meurt, revit les instants les plus pénibles de sa vie, apprend qu'il doit vouer son éternité à protéger une jeune fille et il parvient à s'endormir comme une souche en deux secondes chrono. Moi, si j'apprends que j'ai un devoir de maths surprise à préparer pour le lendemain, je ne dors pas de la nuit, c'est vous dire...
Bref, pendant ce temps, je suis allée chercher à manger dans le quartier, ainsi que quelques vêtements pour remplacer ceux tachés de sang du tueur à gages. Je ruminais un peu des idées noires. Je n'ai pas compris tout de suite pourquoi, après avoir vécu une expérience de mort terrifiante, Saburo restait avec ses idées de vengeance. En fait, c'est très simple : les Proscrits sont des hommes. Avant d'être des maudits, ils sont des hommes. Ce qui ne m'arrange pas du tout.
Au moment où je passais devant la réceptionniste de l'hôtel – qui m'a totalement ignorée –, je me suis demandé où pouvait bien se trouver Ove, s'il m'en voulait toujours, s'il était déjà reparti... Honnêtement, je lui en voulais un peu d'agir comme un bébé, mais je comprenais qu'il avait pu prendre ma réaction comme une trahison. Sur le coup, c'était une question de minutes, donc je ne pouvais pas lui laisser le choix. Ni le temps. Dans mes pensées, j'ai gravi les marches d'escalier. Un frisson m'a parcourue lorsque je me suis dit que Saburo s'était peut-être envolé, me laissant seule en Suède. Génial. Je me suis mise à courir, prise d'une peur panique, mais le Japonais somnolait toujours sur le lit, un gant frais sur sa marque.
Nous avons rapidement mangé, la fatigue me faisait fermer les yeux, mais je savais qu'il faudrait que je tienne encore plusieurs heures. Au moins, j'avais l'estomac plein et Saburo n'était plus couvert de sang. Nous avons ensuite pris, dans deux rues différentes, un taxi chacun. Je sais que Saburo est descendu quelques kilomètres plus loin, alors que le mien m'a directement déposée à Arlanda – il devait être midi et demi. J'ai à nouveau commandé à manger en attendant mon vol, qui ne décollerait que deux heures plus tard et j'ai aussi pris un café pas trop fort. Dans la salle d'embarquement, j'ai repéré Saburo. Il ne m'a pas adressé un seul regard, trop occupé à lire un tabloïd suédois. Très crédible. Le voyage s'est déroulé sans encombres, Saburo était en classe affaires, moi pas. Je me suis endormie comme une masse et je n'ai pas senti la différence.
À l'arrivée, un peu déboussolée – un peu crevée, surtout ! – j'ai ouvert le portable de Ove et ai retrouvé le numéro de Saw, qui était sous l'appellation « Le Roux Chiant ».
— Bon, un taxi t'attend à l'entrée. Saburo doit être déjà dedans. Vous allez filer chez Raven, là vous serez en sécurité. Je parie que ton nouveau copain n'est pas armé. Que ça m'énerve, alors, cette organisation à la va-vite... Fais attention à vous.
Sawyer a toujours été très expéditif. J'ai noté qu'il m'avait implicitement demandé de prendre soin du Proscrit. Ça m'a flattée, parce qu'il me traite toujours comme une enfant et que c'était la première fois qu'il me confiait quelque chose. Effectivement, le Japonais m'attendait dans un taxi noir, garé juste devant l'entrée. Nous n'avons pas échangé un mot. Je me suis dit que ce n'était pas très prudent de nous faire voyager ensemble, aux yeux de tous, et je me suis endormie sans me poser davantage de question, me demandant où pouvait bien être Ove...
*
J'ai décidé d'utiliser désormais les titres des chapitres présents dans le livre publié pour intituler les "connexions", étant donné que l'écriture des scènes va être beaucoup moins scindée, en comparaison avec le premier cycle !
J'espère que ça vous plaira toujours : n'hésitez pas à laisser une étoile ou un commentaire ;-)
Merci pour votre lecture
Sea
VOUS LISEZ
L'Escorte 3
ParanormalIls sont sept, elle est seule. Ils semblent sortis tout droit d'un commando d'élite, elle est une étudiante comme les autres. Ils sont en permanence armés, elle sait à peine se servir d'un couteau à huîtres. Ils ont un casier judiciaire long comme l...