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lorsque james revoit la lumière tamisée de son chez-soi, il pense pleurer. lily est délicate, attrapant ses sacs sales pour les ranger et placer ses affaires dans des sachets. elle s'empresse d'en laver une grande partie, même ses vieux t-shirts préférés, désormais rongés par les mites.

il s'installe dans son ancien canapé dont la texture est toujours aussi douce et agréable. cela faisait des semaines que son lit n'était plus aussi confortable.

il a hésité avant de revenir, ayant peur des conséquences de ses erreurs sur son couple et sur le comportement de lily. elle a toujours été une femme admirable, fière, dynamique et particulièrement douce. elle pouvait pardonner même au plus mauvais.

mais lorsqu'il s'agit d'une telle trahison, james a ressenti un énorme doute. comme il n'a jamais douté.

ils se sont disputé avant de prendre leur décision. lily doutait que james ne puisse l'aimer, elle s'est demandée si lui aussi était gay, s'il faisait semblant depuis tout ce temps. james lui a assuré que ce n'était qu'une aventure et qu'il n'a jamais cessé de l'aimer, malgré ce break en septième année, lorsque james a sorti cette phrase terrifiante : je crois être gay lily.

elle peine à trouver de la confiance pour lui, ni même à le croire. mais elle sait au fond que james l'a déjà aimé à un moment ou a un autre. alors elle se raccroche à ça pour se convaincre qu'ils en sont capables. qu'ils peuvent maintenir le cap et reprendre leur vie d'avant.

malgré les doutes et les regrets, james veut y croire. il veut se faire confiance, faire confiance à lily, à leur couple. il veut que tout les dommages causés servent à quelque chose. que sa culpabilité montre qu'il en est capable et que même s'il ne mérite pas lily et qu'il ne l'a méritera jamais, il peut essayer de prendre soin d'elle et la rendre heureuse, c'est la moindre des choses.

- je t'ai installé des affaires dans la chambre d'amis, explique lily, la gorge enrouée.

- merci, articule james, terrifié de dormir seul de nouveau, malgré la qualité de la chambre d'amis.

il aime se sentir près de lily et ressentir sa présence. il ressent juste son amertume cependant, et cette dernière, aussi justifiée qu'elle soit, est terriblement douloureuse.

- nous mangerons ensemble ? demande alors james.

- ne pose pas de question, s'il te plaît, exige lily d'une voix suppliante.

james obéit et monte dans sa chambre pour prendre une douche, trouvant progressivement l'énergie pour reprendre sa vie en main.

- brosse-toi les dents aussi, tu sens l'alcool à des kilomètres, marmonne lily, essayant de garder un ton agréable malgré l'amertume dans son regard.

il s'exécute et lily peine à retenir son sourire lorsqu'elle pose ses yeux sur un james propre comme un sou neuf. on dirait un autre homme. l'ancien homme qu'elle connaissait, celui qui a disparu avec regulus black.

- j'ai besoin de voir sirius, lâche soudainement james pendant le repas silencieux.

- tu ne peux pas voir sirius. en réalité, tu ne peux voir personne, explique lily.

- pourquoi ? james fronce les sourcils avec confusion.

- les mangemorts. et l'ordre ignore toujours ton aventure avec regulus. cependant, ils l'apprendront tôt ou tard.

- pourquoi les mangemorts me veulent-ils du mal ? râle-t-il.

- tu as un lien avec regulus, une jeune recrue, fils de walburga black et la famille des black est dangereuse dans ce milieu, siffle lily avec une inquiétude dans la voix.

- je n'ai rien à voir avec sa mort, grommelle james.

- tu n'en sais rien. on ignore les circonstances de sa mort, dit lily, irritée de parler encore de celui qui a ruiné son couple, presque autant que james lui-même.

- donc ils veulent me tuer parce que j'ai eu une aventure avec lui ? c'est stupide, crache james en laissant tomber sa fourchette contre son assiette.

- tu es également membre de l'ordre et ami d'un rebelle black. écoute james, les mangemorts ne cherchent pas une raison pour te tuer, ils en attendent une pour ne pas le faire.

lily se fait claire en attrapant leur assiettes avant de se diriger vers la cuisine.

- et il n'y en aura pas, oui j'ai compris, on m'a déjà fait ce discours, grogne james en levant les yeux au ciel.

lily débarrasse tranquillement, profitant du temps de répit qui la sépare d'un nouveau conflit avec james. ils semblerait qu'ils ne soient doués qu'à ça ces derniers temps.

- je dois aller faire ma ronde, tu seras seul pendant approximativement quarante minutes, explique lily depuis l'autre pièce alors que james s'installe sur le canapé de nouveau.

- K, répond-il.

lily attrape alors son manteau sans un regard en arrière et quitte la maison en claquant la morte. james peut sentir le sortilège de protection qui règne entre les murs. pourtant, cela n'empêche pas le jeune homme de se sentir oppressé dans cette demeure qu'il connaît si bien. il n'a pas le sentiment d'être chez lui, ni même à sa place. il a l'impression de prendre la vie de quelqu'un, quelqu'un qu'il aurait assassiné. et lily l'ignore.

les minutes passent et james essaie finalement de s'endormir sur le sofa, ne trouvant rien de mieux à faire que de noyer l'ennui par le sommeil. mais quelqu'un en a décidé autrement.

dumbledore transplane directement devant lui, apparaissant comme une forme imposante et terrifiante à la fois. sa longue barbe tombant sur sa tenue sombre malgré son excentricité.

- james, appelle albus.

le concerné le regarde, ses yeux grands ouverts, pas vraiment préparé à recevoir de la visite.

- monsieur dumbledore ? bégaie james en se redressant immédiatement, il semble croire être toujours endormi.

- nous avons une conversation à avoir. à propos de regulus black, dit dumbledore en s'asseyant à ses côtés.

- reg? encore ? gromelle james, à moitié endormi.

- les mangemorts ont découvert de nombreuses choses grâce aux journaux de regulus. notamment son homosexualité. pour cette raison, ils essaient de faire taire le drame de sa mort, pour que regulus soit plus oublié. pour cela, je pense pouvoir vous dire qu'il y a deux options.

- lesquelles ? demande james, confus.

- soit ils vous tuent en prévision de vos paroles, soit ils vous laissent tranquille et oublient les évènements passés, sourit dumbledore.

james se crispe.

- quelle option est la plus probable ?

- vous connaissez la réponse james. la première, ricane dumbledore en se levant du canapé.

- vous partez déjà ? s'étouffe james, étonné d'à quel point dumbledore peut l'effrayer pour sa vie.

cela pourrait très bien être un mangemort ayant pris l'apparence de dumbledore, james ne se douterait de rien et continuerait de croire ces mensonges.

- la soirée est déjà bien chargée. bonne soirée james, annonce albus avant de disparaître.

et james reste là, conscient qu'il risque de se faire assassiner à chaque instant pour avoir eu cette stupide aventure avec regulus black, qu'il, malgré tout cela, ne parvient pas à regretter. comme si tout le mal causé par cet amour n'était toujours pas suffisant pour les remords.

il se sent toujours creux à cause de la disparition de regulus et ressentira à jamais ce vide, même s'il le rempli avec un bon entourage et lily à ses côtés.

𝐆𝐔𝐈𝐋𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant