Les bouffons (Wish you back) // Hyunsung

6.

Now

« J'ai écouté ta mixtape. »

Je t'ai dévisagé, surpris.

« Vraiment ? »

Tu as hoché la tête en silence et tu as pris une gorgée de ton café.

« J'ai bien aimé. Surtout Alien. »

Oh. Alien... La musique la plus profonde que j'ai jamais rendu accessible au grand public. Celle pour laquelle j'ai été obligé d'aller chercher au fond de mes tripes. Celle qui m'a fait à la fois le plus de bien et le plus de mal. Je ne l'écoute jamais. Une fois qu'elle a été finie, je n'ai plus voulu en entendre parler.

Évidemment que c'est ta préférée.

« Ça m'a rappelé le jour où on était allé faire du camping.

- La fois où on a dû rentrer à deux heures du matin parce que t'avais entendu du bruit ? »

Tu as levé les yeux au ciel.

« Je reste persuadé que c'était plus prudent de rentrer, marmonnes-tu.

- Hum, pas sûr que rentrer après tout ce qu'on avait bu et fumé ait été une très bonne idée. »

Tu as rigolé en secouant la tête.

« On était vraiment des gamins irresponsables, dis-je dans un souffle.

- Hum... Des bouffons. »

Then

Malgré la chaleur étouffante dans laquelle ils ont passé la journée, la nuit est tombée et a apporté avec elle une vague de fraîcheur qui les a surpris. Assis à côté du feu, Jisung entoure ses genoux de ses bras, tentant de se réchauffer tant bien que mal. Il aurait dû écouter Hyunjin lorsqu'il lui avait dit d'emporter un pull, mais plutôt crever que de l'avouer alors il se gèle dans son coin.

« T'as pas froid ?

- Non.

- Mais qu'est-ce que t'es borné, c'est fou.

- Dit-il... »

Hyunjin lève les yeux au ciel, amusé par la petite voix de Jisung. Son piercing est cicatrisé depuis plusieurs semaines, il peut de nouveau l'embrasser quand il veut alors il lâche le sac qu'il tenait entre ses mains pour s'approcher de lui. Jisung le regarde faire, hypnotisé par sa démarche féline. Il le regarde s'approcher, attachant ses cheveux blonds d'une main experte, la lumière du soleil couchant se reflétant sur le piercing argenté qui habille sa lèvre inférieure.

Bordel de merde qu'est-ce qu'il est beau.

Jisung porte le joint qui trônait au bout de ses doigts vers sa bouche et un sourire idiot nait sur ses lèvres alors que Hyunjin s'abaisse à sa hauteur, en équilibre sur les talons, la main tendue en direction du joint.

« À moi.

- Non. (Jisung secoue la tête.) Ça me réchauffe.

- Ah donc tu admets que tu as froid ! »

Oups, grillé.

« Je sais pas si on peut appeler ça "avoir froid", lance-t-il donc, forçant son cerveau imprégné de drogue à trouver une excuse. Je pense qu'on devrait plus appeler ça une sorte de réaction physiologique provoquée par le mercure qui chute une fois que notre ami le soleil – et je ne parle pas de Félix – part se cacher. Tu vois, Jinnie, tout ça c'est de la physique, de la médecine. Les joies de la science ! Enfin si on peut appeler ça de la science puisque je te rappelle que Canguilhem, qui fut un illustre étudiant qui passa une thèse de médecine sans même avoir assister à des cours de cette discipline, disait que la médecine n'était en réalité pas une science et-