Chapitre 14

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Sofía , 14 ans







J'ai quinze ans dans quatre jours et je n'ai jamais autant eu hâte de fêter mon anniversaire. Ma cousine souhaitait organiser la quinceañera du siècle mais je n'étais pas emballée par l'idée et j'ai dû semer indice sur indice pour faire comprendre à tous mes proches que la seule choses que je désirais était de passer du temps avec eux. Et eux seuls. Je suis pleinement consciente que mes oncles et tantes sont prêts me gâter avec tout l'amour qu'ils me vouent mais j'allais porter une jolie robe, ça me suffisait. Abuela, très à cheval sur les traditions, n'a pas bronché alors comme elle était la décisionnaire, je suppose que c'est comme ça que mon anniversaire se déroulera. Dans le jardin, avec une jolie décoration confectionnée par ma tante Monica, les hommes de la famille autour du barbecue et peut-être une danse ou deux. Je suis à peu près sûre qu'ils vont essayer de me faire danser avec EZ et sans doute même Jo et Kareem. Mon cousin sera, comme à son habitude, accompagné d'un de ses amis et je ne serai pas surprise si on me forçait à valser en sa compagnie aussi. Cette idée m'angoisse déjà et j'espère qu'EZ sera assez jaloux pour me tenir la jambe toute la journée. Je serai très heureuse s'il l'était. Et je me dis que peut-être qu'il l'est, je sais qu'il tient à moi.
D'ailleurs, pas plus tard que ce week-end, j'ai surpris une conversation entre mon frère et mon oncle. Enfermés dans la chambre de ce dernier, je marchais si discrètement qu'ils ne m'ont pas entendue traverser le couloir. Apeurée à l'idée de me faire surprendre, j'avais retenu ma respiration si longtemps que j'entendais battre mon cœur. C'était David qui parlait à voix basse.

— Je sais pas... C'est bizarre. C'est juste que la manière dont il la regarde me met mal à l'aise.

— Et comment il la regarde ?

— J'en sais rien, tío. Il la fixe, il la suit des yeux dès qu'elle bouge ou qu'elle parle. Et ce n'est pas toujours avec un regard bienveillant.

— T'essaies de me dire que tu as peur qu'il lui fasse du mal ?

— Non ! Enfin, s'ils étaient pas amis depuis aussi longtemps, c'est ce que je me dirais. Mais il y a quelque chose de primitif et un peu sombre dans son visage, tu vois ce que je veux dire ? Je ne dois pas être le seul à le remarquer.

— Tu es courant qu'il kiffe ta sœur ? (Mon frère meet un son étouffé mais ne répond rien). C'est peut-être ça qui te frappe, mais comme tu es encore jeune, tu ne le remarques pas. Etc., etc.

— Arrête de me prendre pour un bleu, je sais qu'ils se kiffent. Mais tu ne les vois pas dans les couloirs du lycée et en dehors du cercle familial.

— Tu sais quelque chose que je devrais savoir ?

— Non.

— Alors estime-toi heureux qu'il veille sur elle. Plus elle grandit et plus elle devient jolie.

— Et si c'est lui le danger ?

— On fera tout pour que ce ne soit pas le cas.

Je m'étais aussitôt éloignée en entendant des bruits de pas se rapprocher et m'étais enfermée dans la salle de bain en ouvrant le jet d'eau de la douche à fond. Qu'EZ m'aime ne me semblait pas être une vérité absolue, du moins pas dans le sens dont je souhaitais qu'il le fasse. Peut-être que je suis juste trop stupide pour m'en rendre pleinement compte et que je me persuade de l'inverse toute seule, mais le fait est que si tel était le cas, je ne voyais pas ce qu'il me trouvait. Et un regard à mon corps nu dans le miroir de la salle de bain me m'avait fait grimacer, j'étais vraiment loin d'un standard de beauté et je serais chanceuse qu'il me considère...

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