Chapitre 3 L'opération

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8h00.

Je me réveille. Ma mère m'aide à m'installer sur une chaise pour me doucher. Je descends déjeuner.

Aujourd'hui avait lieu l'opération et je peux vous assurer que je n'étais pas au top de la forme. On prit la voiture en direction de l'hôpital. Le trajet se fit en silence, l'ambiance était tendue, ma mère avait le visage grave. On arriva dans la chambre. Après multiple câlins, ma mère me souleva et me déposa dans mon lit. Ses yeux étaient humides, ses lèvres tremblaient. Je baissais les yeux pour éviter de laisser quelques larmes couler. Je détestais pleurer en public. J'ai besoin de tout sauf de la pitié des gens, et encore moins de celle de ma mère. Elle m'embrassa une dernière fois et se retira tristement.

Pour faire passer le temps, j'observais la chambre. Elle était des plus déprimante, des murs blancs et vides, des draps blancs, un carrelage blancs, des tables ou bureaux garnis de médicaments, rien qui ne puisse motiver à se faire opérer. Je me suis toujours demander pourquoi les chambres d'hôpital n'étaient pas recouvertes de posters colorés, meublées de lits douillets aux couettes multicolores et de tables composées de coloriages, de feutres, de crayons, de livres avec du parquet au lieu de ce carrelage si froid, si triste...

14h00.

Voilà quatre heures que l'opération a pris fin et je tente de me réveiller complètement. Tout est flou dans ma tête.

Au bout de quelques minutes, je parviens à retrouver mes esprits et recolle tous les morceaux. Par curiosité, je tentai de sortir un mot. En vain. Sorti à la place une sorte de cri rauque qui me fit mal aux oreilles. Ca y est. J'étais muette. Un mélange de nostalgie, de tristesse, de rage et de je ne sais quelles autres émotions m'envahissait. Petit à mes petit, mes yeux se remplissaient de larmes. Il fallait que je vois ma mère. Ou encore Sandrine. Ou même les deux. Je me redressais sur mon lit et actionnait la petite sonnette d'alarme. Une minute plus tard, une infirmière fit irruption dans le pièce. Il ne s'agissait pas de la belle et jeune infirmière plutôt sexy que l'on pouvait voir dans les films. C'était une toute petite bonne femme toute ronde, aux cheveux bouclés et aux yeux sombres. Ses joues roses étaient recouverte de multiples tâches de rousseur.

- Vous avez sonnez ? demanda-t-elle.

Elle semblait attendre une réponse. Naturellement, je dus me servir du langage dans signes pour lui répondre. Elle me regarda avec des yeux ronds :

-Je... Vais chercher le chirurgien..., répondit-elle.

Je retombais comme une masse sur mon oreiller. La simple idée de ne plus pouvoir m'exprimer ou parvenir à me faire comprendre m'horripilait. Bien plus que ça. Mais le mal était fait à présent. Il n'y avait plus qu'à réparer les dégâts. Plus facile à dire qu'à faire... Au bout de quelques instants, le chirurgien arriva à son tour :

-Vous êtes réveillée, fit-il, comment vous sentez vous ?

Sans bouger, je le fixais le plus froidement possible. Il s'imaginait quoi... Visiblement il paru comprendre et enchaîna :

-Hum... Euh.. Vous désiriez quelque chose peut être ?

Je lui répondit lentement : Je-Veux-Voir-Maman. Il hocha la tête et sortit.

Quelques minutes plus tard, on frappait à la porte. Je vis quatre tête apparaître tour à tour, mes parents, Sandrine et Lucie, ma petite sœur. Ma mère accourut jusqu'à mon lit pour m'embrasser et me câliner. Immobile j'observais tout le monde. Personne ne disais rien, tout le monde me dévisageais comme si je ne venais pas de la planète Terre. Sandrine brisa le silence :

- Ca y est. C'est fait. Tu rentres au centre lundi. Comment te sens-tu ?

- C'est assez compliqué..., répondis-je en mimant, ce n'est vraiment pas la meilleure des situations et... Se dire que... Rien ne redeviendra jamais comme avant est... Assez désagréable...

-Je comprends. C'est tout à fait normal et le contraire aurait été plutôt déstabilisant. En quelques heures, ta vie a basculé. Mais... Elle n'est pas terminée. Tu as tout le temps de la rendre joyeuse. Patience. Sois forte.

Elle me passa une main dans les cheveux par compassion. Elle avait toujours les mots placés comme il fallait.

Lucie, elle me fixait, sans rien dire. Timidement, elle s'approcha de moi. Tout en me câlinant, elle me glissa à l'oreille :

-Je t'aime comme tu es. Tu resteras toujours ma sœur préférée. Compte sur moi. Je n'ai pas vraiment pitié parce que je sais que tu n'as pas changé au fond. Et puis, c'est plutôt drôle comme façon de communiquer, non ?

Elle se releva en m'adressant un clin d'œil rempli d'amour. Avec nos trois ans d'écart, nous avions toujours été proches elle et moi, et pourtant nous ne nous ressemblions pas du tout. Lucie était de petite taille, aux cheveux ondulés mi-longs, blonds vénitiens et aux magnifiques yeux gris, tandis que j'étais plutôt grande, aux longs cheveux lisses brun foncé et aux yeux bleus. Je trouvais ma sœur très jolie. Elle était d'un naturel déterminé et facile à vivre que j'appréciais beaucoup.

-Bon... Eh bien je pense que nous allons devoir te laisser ma chérie tu dois être exténuée non ? demanda ma mère.

Je haussais les épaules.

-Si tu as besoin de quoi que ce soit tu nous appelles, d'accord ? Et dans tous les cas n'oublie pas que nous t'aimons et pensons très fort à toi et surtout que tout vas bien et puis on se revoit demain de toute façon n'est-ce pas ? Allez je crois qu'on vas y aller hein ?

Ma mère serait toujours la même. Maman-poule très stressée et sensible. Et mon handicap n'allait rien amélioré. Mon père prit doucement ma mère par le bras et ils me laissèrent me reposer.


HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant