Chapitre 5 : St-Marc

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Les mois passèrent, j'avais presque commencé à m'habituer à ma nouvelle vie. Il y avait tout de même un souci, que je comprenais au vu du regard de ma mère, je ne retrouvais pas le sourire. Tout du moins, pas le naturel.

Le point positif que je trouvais dans tout ça, c'était que nous étions le dernier jour et donc que le soir débutaient les vacances ! La fin de l'année, enfin. La fin de ce centre de rééducation de machin-chouette de déprime tout pourri !

En septembre, Sandrine me l'avait promis : je rentrais au lycée. Enfin une bonne nouvelle dans cette vie toute en noire.

La cloche retentit. Je me presse de sortir. Mon père avait garé sa voiture juste devant le centre. Sandrine, après m'avoir embrassé, m'aida à m'installer correctement sur mon siège. On démarra prudemment, nous ne tenions pas à ré-avoir un accident !

-Bon... En avant les vacances, en avant la mer ! s'exclama mon père.

-Oui, le soleil nous fera un bien fou à tous ! répondit joyeusement ma mère.

Je fis la moue. Je ne pourrais pas me baigner cette année. Ni les suivantes d'ailleurs. Sur la baie St-Marc, les températures montaient facilement aux alentours de 30 à 35°C. Un temps à fondre sur place si l'on restait en dehors de la mer ou de la piscine.

St-Marc était notre lieu de destination de vacances depuis toujours. Mes parents ne s'en lassaient pas. Moi non-plus jusqu'à présent mais je redoutais particulièrement cette année.

Au fil du temps nous avions établi un programme de rêve ma sœur et moi ; nous commencions dès le matin à enchaîner mer et piscine, nous mangions sur le pouce quand bon nous semblait avant de partir bronzer et plonger dans la piscine. Une fois la chaleur un peu atténuée, nous allions jouer dans les petites collines sauvages aux alentours, nous rentrions prendre un repas frais en famille et partions à la ferme avoisinante acheter des produits frais pour le petit déjeuner du lendemain. Le paradis je vous dis !

Mais toutes les bonnes choses ont une fin et comme tout le reste, ça allait changer.

Je tournais la tête vers Lucie ; elle avait l'air déçue elle aussi.

Mais je gardais espoir et faisais confiance à la baie, bien qu'on y aille chaque année, elle nous réservait chaque année de magnifiques surprises. Il y avait toujours plus de choses à découvrir et explorer. Après plusieurs heures de route, on s'arrêta devant une petite maisonnette, celle que nous louions chaque année. La propriétaire avait même fini par nous remettre les clés tant nous étions les principaux habitués.

Lucie descendis en courant de la voiture tandis que mon père commençait à décharger la voiture et que ma mère m'aidait à descendre.

Le soleil frappait d'une force impressionnante pour cette fin de journée.

Très vite, Lucie se mit rapidement en maillot de bain. Je la regardais d'un air envieux et mélancolique qu'elle remarqua. D'un air innocent elle demanda :

-Maman ? Est-ce que tu peux aider Léna à enfiler son maillot ?

-Pardon ? Mais tu es folle ma fille ! Tu ne t'imagines tout de même pas que ta sœur va se baigner ? s'exclama ma mère, et puis quoi encore ! Tu as oublié sa situation ?!

-Non, et justement ! Je gère !

Après quelques négociations, ma mère finit par céder.

-Tu as intérêt à être prudente car sinon tu auras de mes nouvelles !

-Mais oui !

-J'espère que je peux te faire confiance !

-Bon arrêtes de t'inquiéter et aide plutôt Léna, elle va fondre !

Je ne comprenais pas réellement l'objectif de ma sœur, mais docile, je me changeais.

Après m'être installée, Lucie prit mon fauteuil fière d'elle et me poussa jusqu'à notre "plage secrète".

Dissimulée entre deux falaises, notre plage secrète était en réalité un petit bout de terre recouvert d'un sable des plus fins et des plus doux. Elle ouvrait sur la chaude Méditerranée bleu turquoise. Dee nombreuses ronces paraissaient en empêcher l'accès mais nous avions découvert, quelques années plutôt, un petit sentier en contrebas qui y menait facilement.

Cette plage était donc inconnue des touristes, il fallait espérer que ça dure, sinon, fini le paradis ! Ce lieu magique serait rapidement coloniser par ces "sardines" cramant au soleil à longueur de journée.

Lucie arrêta le fauteuil à l'ombre de la falaise et me souleva délicatement pour me déposer contre un rocher dans l'eau chaude avant de commencer à s'éloigner en brasse. Inquiète à l'idée de rester seule, je frappais l'eau de toutes mes forces pour me faire remarquer. Heureusement loin de l'idée de me laisser seule, elle revint rapidement et m'éclaboussa telle une grosse vague. Je ne pus m'empêcher de répondre par un petit sourire. J'adorais ma sœur.

21h00.

Nous sortons de table. Lucie s'approche de moi avec l'air d'avoir une idée derrière la tête :

-Léna ? Tu me suis ? Faut que je te montre quelque chose...

Sans trop réfléchir, je la suivis. Elle me guida devant la maison, près de la voiture, là où elle avait garé son vélo. Elle s'apprêtait à partir.

-Regarde là, fit-elle souriante me désignant l'arrière du vélo.

Je le contournais et découvrit avec surprise une sorte de petit chariot relié au porte-bagage.

-Tu ne croyais tout de même pas que j'allais y aller seule ? Allez on embarque !

-Tout ça pour moi ?! demandais-je, au comble de l'excitation, Maman est au courant ?

-Non, t'imagines bien. Elle se ferait un sang d'encre pour pas grand chose au final. Bon allez je te soulève.

J'avais beau connaître ma sœur, elle m'impressionnerait toujours. Nous partîmes, cheveux au vent en direction de la ferme. Longeant les bords de mer, grimpant le long des sentiers, nous profitions de chaque instant.

Joyeuse de nous revoir, la fermière nous remis un énorme panier rempli de fruits, de pain, de confitures, de fromages, de quelques légumes et nous confia une belle bouteille de lait. Notre petit-déjeuner serait royal.

Une fois rentrées, Lucie gara son vélo tandis que je rejoignais discrètement la maison.

Cette journée avait été paradisiaque. J'avais vraiment hâte de découvrir la suite.


HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant