Psycheros

Chapitre 3: La Psychose

Une semaine s'était écoulée depuis la mort de Phtonos, le palais était en deuil et le mystère la concernant rendait les gens méfiants, à un tel point qu'il devenait impossible d'honorer la mémoire du défunt convenablement.

Thymos, la plus petite des sœurs, avait été interrogée car elle était la dernière personne à avoir passé du temps avec Phtonos, mais elle ignorait tout de ce qui s'était déroulé devant elle ; elle ne savait pas comment, en quelques dizaines de minutes, toute la situation du palais avais pu se renverser, après tout, elle n'était qu'une noble jeune fille qui cherchait à s'instruire, la scène qu'elle a dû confronter a été un véritable traumatisme pour elle, depuis ce jour elle peine à parler.

Kallos quand à elle, s'efforçait de rester présentable malgré son épuisement et sa tristesse. Elle portait dorénavant , en plus de son deuil sur ses épaules, les responsabilités que son mari endossait.
Elle se devait de s'occuper de tous les problèmes que sa mort avait engendrés, qu'ils soient d'ordre politiques, économiques mais également sociaux.
Phtonos était un homme à la position élevé, il avait de nombreux partenaires commerciaux qui étaient désormais bien embêtés par sa disparition, ils infligeaient donc tous leurs interrogatoires sordides à la récente veuve:

« Comment est-il décédé ?
Parait-il que c'était un meurtre, pourtant il n'était pas du genre à se laisser berner... »

Dit le premier.

« Qu'en est-il de la situation du Port ? Nous avions un rendez-vous prévu pour un arrivage commercial. »

Enchaîna le second.

« Avez-vous prévu de le remplacer ? C'était un bon parti, vous ne trouverez pas son égal rapidement ! »

Marmonna un troisième.

« Qu'en est-il de l'avenir de l'Empire ?! J'espère que vous êtes déjà enceinte ! »

S'exclama le dernier.

Malgré son éducation de princesse aînée, elle peinait à leur répondre , maintenir un sourire sur son visage était déjà une lourde épreuve, à chaque fois que quelqu'un évoquait le nom de son défunt mari, elle sentait des larmes affluer au coin de ses yeux, mais en se remémorant ses dernières paroles, elle les contenait et se contentait alors de baisser le regard puis de répliquer, d'un ton désolé:

« Je suis navrée, je l'ignore, j'espère être un jour en mesure de vous offrir des informations supplémentaires, quand elles seront à ma portée. »

Mais ces hommes étaient peu compatissants et ne prenaient même pas la peine de considérer la situation de Kallos, car pour eux, elle n'était que la fille de l'Empereur, qui plus est, celle qui devrait porter le fils de Phtonos, qui deviendrait lui même le futur Empereur, rien de plus.
La réponse qu'elle recevait le plus souvent ensuite était alors:

« Les femmes, toujours bonnes à enfanter mais jamais à nous renseigner, une bouche faite pour parler de banalités mais rarement de choses sérieuses, votre mari ne vous avait dont jamais dressée ?
Vous feriez mieux de prendre exemple sur votre Père, lui est un homme responsable et fiable ! »

Kallos se sentait outrée mais n'avait pas la force de s'opposer à de telles remarques, elle espérait au fond d'elle que Phtonos viendrait la défendre comme il l'a toujours fait, mais malheureusement elle devrait désormais confronter ce genre d'insultes seule.
Alors elle s'en alla sans décrocher un mot de plus.

Pour penser à autre chose, elle se réfugiait dans divers domaines qu'elle n'avait jamais tenté auparavant, allant de la couture au jardinage, tout était bon pour occuper son esprit et lui faire oublier ne serait-ce que quelques instants, le fait que l'homme de sa vie était définitivement parti.

Sans savoir pourquoi, Psyche se sentait coupable du malheur de ses sœurs.
Comme si elle avait pu empêcher le drame mais ne l'avait pas fait.
Car la voix qu'elle avait entendu ce jour là lui avait marqué l'esprit, ses moments d'absence la laissait perplexe.
Et si ce n'était pas qu'un rêve ? Et si quelqu'un avait vraiment tenté de communiquer avec elle ?
Ces questions résonnaient dans sa tête sans jamais trouver de réponse, elle n'osait pas en parler par peur d'être moquée, alors elle se renferma sur elle même comme à son habitude, tout en attendant que son père lui trouve un mari pour pouvoir enfin passer à autre chose.

Alors que l'enquête concernant la mort de Phtonos alimentait des théories toutes plus improbables les unes que les autres, Psyche n'aspirait qu'à s'éloigner de cet environnement.

« Cette fois-ci je ne me soucierais plus de rien, je ne veux plus vivre par moi même, je veux me contenter d'écouter ce qu'on me dit sans avoir à faire de choix, je ne supporte plus ce sentiment de culpabilité constant, je ne veux plus jamais faire la moindre erreur. »

C'est alors qu'elle entendit de nouveau la mystérieuse voix:

« Notre rencontre est proche. »