La colline

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J'étais enfin rentré chez moi. Enfin un week-end. Et dans une semaine les vacances. Je décidais de me rendre sur la colline. Au collège, je me cachais derrière des tee-shirts trop grands et des joggings. Mais sur la colline et chez moi, je prenais un plaisir fou à mettre des robes et à aller dessiner et écrire sur la colline. Je me plaisais à écrire de petites histoires et à en illustrer des passages. J'entrais dans ma chambre, mon antre si particulière. En entrant, le mur de gauche était en fait plusieurs baies vitrées qui menaient directement au vide. Mon armoire se trouvait adossée au mur en face de la porte. Dans le coin entre le mur en face et le mur de droite se trouvait mon lit, la tête de lit tournée vers le mur en face. Et le mur de droite au-dessus du lit était empli de dessin. Le mur sur lequel se trouvait la porte constituait en une petite bibliothèque où je rangeais mes dessins et mon matériel. Des feuilles blanches recouvertes de mon écriture ainsi que des dessins jonchaient le sol un peu partout et des classeurs qui en étaient remplis étaient en tas devant les portes fenêtres au lieu d'être rangés dans la bibliothèque. J'adorais écrire de petites histoires et les illustrer. J'esquivais les obstacles pour ne pas glisser et me dirigeais ver mon armoire. Je me mis prestement en sous-vêtements et enfilait une robe blanche ceinturée qui s'élargissait vers le bas. J'attrapais mon large chapeau de paille. Je m'emparais enfin d'un carnet et d'une trousse un peu vieille où se trouvait de multiples crayon. Je descendis les escaliers en trombe et criais à l'intention de ma mère :

- Je vais à la colline pour une ou deux heures !

- Ok !

J'ouvris la porte et la refermais derrière moi en prenant bien soin de ne pas la claquer. Cela insuportait ma mère et je ne tenait pas à la mettre en rogne. Lorsque je traversais, mes pieds parcoururent l'asphalte chaud, qui fondait et dégoulinait sous la friction craintive des voitures qui tentait de s'accrocher à la route de la ville. Oui, je suis poète à mes heures perdues. Je filais à travers les hautes herbes, mes pieds évitant les quelques ronces. Je connaissais le chemin par coeur, j'aurais pus le faire les yeux fermés. La colline était mon havre de paix. Je m'y rendais depuis des années. J'y trouvais de l'inspiration, tant pour les dessins que pour les écrits. Les pousses sèches m'arrivaient  la taille. Je serrais fort mon cahier dans ma main pour ne pas le lâcher sous le fouet de la sécheresse et des plantes. J'arrivais enfin au sommet. Il y avait quelques arbres et toujours les même hautes herbes. D'un côté, j'avais vue sur ma ville. Et de l'autre s'étalaient d'innombrables champs. Des arbres bordaient ce petit havre de paix. Je m'installais au milieu du petit plateau. Je m'allongeais et cherchais l'inspiration dans les nuages. Leurs formes tantôt trapues, tantôt étirées me procuraient beaucoup d'idée. Je fermais les yeux et jouait mentalement avec les ombres sous mes paupières. Le soleil me réchauffait agréablement les tibias. Je sentis soudain une ombre planer sur moi. Pensant que c'était un nouveau nuage, je décollais une paupière. Ce n'était pas un nuage. Une silhouette humaine était penchée au-dessus de moi. J'ouvris en grand les paupières et me redressais d'un coup. J'étais encore un peu éblouie par le soleil, mais je réussis à identifier l'intrus. Une moue grincheuse se dessina sur mes lèvres. Il affichait le petit sourire en coin qui semblait être sa signature. Je persiflais :

- Qu'est ce tu fais là ?

Andrew sembla satisfait de mon ton énervé puisqu'il affichait à présent un vrai sourire. Je me relevais et tentait de prendre l'air le plus énervé dont j'étais capable. Et ce n'était pas rien. Même s'il mesurait dix bons centimètres de plus que moi, je ne me sentait pas du tout dominée. 

- Je passais visiter. T'énèrves pas, j'habites juste derrière la colline. Et toi, tu habites où ?

J'espères qu'il ne comptait pas sur le fait que je lui répondes. Je ramassais mon cahier et me dirigeais vers le chemin retour. 

- Hé, attends !

Il m'attrapa le poignet. Je fit volte face et enlevais ma main. Je dit entre mes dents:

- Ne t'avise jamais de refaire ça.

Je repartit vers chez moi. Je l'entendais qui me suivais. Le bruit de ses pas m'irritait au plus haut point. J'entendait l'herbe sèche ployer sous les semelles de ses baskets. Une petite minute plus tard, je ne pouvais plus supporter ce bruit. Je me retournais et il me rentra dedans. Nous tombâmes. Bizarrement, j'atterris sur lui. Mon visage à quelques centimètres du sien. Dans cette position, il reprit son sourire moqueur. Je me dégageais rapidement. J'eus du mal à ne pas le baffer au passage.  Je me redressais fièrement. Lui aussi. ça ne fit que rajouter à mon mécontentement. il croisa les bras dans cette attitude nonchalante qui aurait fait chavirer n'importe laquelle des minettes sans cervelle de mon collège. Mais pas moi. Je refusais d'être aussi bête qu'elles. 

- J'ai l'impression que tu ne m'aimes pas. 

- Je dirais plutôt que je te détestes. 

Il inclina la tête sur le côté. Ô, pauvre chou, il n'avait pas l'habitude qu'une fille lui résistes ? Mon sourire intérieur commença à se pointer quand je vis qu'il n'avait pas l'air content. Mais celui-ci s'évanouit quand il reprit un air tout à fait agaçant. 

- Et pourquoi ?

- JE n'aimes personne en particulier. 

Cette fois je repartis sans me retourner. Il cria: 

- Je te ferais changer d'avis Allya !

Je soufflais et regardais résolument devant moi.

Rose et tulipes rougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant