Le neveu

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Je rentrais chez moi en claquant la porte cette fois-ci. Ma mère passa la tête par l'entrée du salon, ses longs cheveux châtains pendillaient sur le côté et ses grands yeux noisettes m'observaient.

- Quelque chose ne va pas ?

- Il y avait quelqu'un sur la colline, grommelais-je.

Elle haussa les sourcils, en signe d'étonnement (enfin je crois).

- Si ce n'est que ça...

- Comment ça ? Il n'y a jamais eu personne d'autre que moi là-bas ! Et puis tu sais bien que je préfères être toute seule. Et puis quand j'y vais je suis souvent en robe...

- Ta volonté de ne pas parler aux autres m'étonnera toujours.

Je levais les yeux au ciel, me préparant à lui servir mon laïus habituel sur la société. Mais, comme je me dis qu'elle avait l'habitude, je ne dis rien. Enfin, presque rien.

- Tu sais très que la solitude me va mieux. Je ne veux pas avoir à dépendre de quelqu'un, à part de ma famille.

Ma mère sourit légèrement et retourna dans le salon. Je montais prestement dans ma chambre, attrapait une serviette, lâchait mon carnet sur mon lit et me dirigeais vers la salle de bain. Je me déshabillais et montais dans la cabines de douche. L'eau chaude qui coulait aussi bien sur ma peau que dans mes cheveux me faisait réfléchir et me détendait. Je m'emparais de mon savon à la nectarine, et son odeur remplit la pièce. Je me mis alors à réfléchir à l'étrange et dérangeant instant que j'avais vécu à la colline. Je vivais ça comme... un viol de ma vie privée. D'ordinaire, personne ne venait ici. Nan, les gens "normaux" allaient au centre commercial avec leurs amis, se promener dans le parc, ou même dans les rues. Mais jamais en haut de la colline. J'appréciais la solitude de cet endroit et l'intrusion d'Andrew l'avait en quelque sorte souillée. "Je te ferais changer d'avis Allya !" Cette phrase ne m'inspirait rien de bon. Ma solitude resterait ma solitude, j'y tenais. L'odeur de mon shampoing u miel vint adoucir l'atmosphère. Et le moment où je lui étais tombée dessus, je préférais tout simplement ne pas y penser. C'était humiliant. Même si j'avais gardé ma fierté, on ne pouvais pas dire que c'était très glorieux. Je retournerais à la colline cette nuit. Quand je serais sûre qu'il n'y aura personne. Je sortie de la douche et m'emparais de ma serviette. Dans mon armoire, je pris une autre de mes innombrables (oui, innombrables) robes. Je n'aimais pas spécialement en porter à la base, mais ma mère m'en avait quand même acheté, et pour lui faire plaisir, je les mettais. Même si c'était pour que personne ne les voient. Puisqu'elle allait à la colline avec, et que donc il n'y avait pers... Oh non, Andrew m'avait vue en robe. Je plaquais ma main sur mon front. Encore une histoire qu'il allait se donner un malin-plaisir à raconter à ses meilleurs-amis, la jet-set du collège. Mais, au pire... J4men foutais non ? J'avais supporté nombre de brimades et même parfois d'insultes à cause de mon associalité. Je me fichais bien d'être la bête noire depuis toutes ces années. Alors une de plus ou une de moins... Je m'enveloppais dans ma serviette et me dirigeais vers mon armoire. Après m'être mise en sous vêtement, j'enfilais une robe bleu marine plutôt moulante qui se terminait à mi-cuisse. Elle avait des bretelles larges et un col en U pas très profond. Cette robe était une de mes préférées. Tout en marchant pieds-nus dans ma chambre, je rabattis mes cheveux sur une épaule tout en les frictionnant avec une petite serviette. Puis, je les brossais. J'ouvris ensuite une des grands porte fenêtre et m'assis, les jambes dans le vide. Je ne risquais pas de tomber, SI y a bien une chose dont j'étais fière c'était mon agilité. Et je n'avais jamais flanche sur le rebord de cette fenêtre. De plus, comme ma maison n'était pas très haute, je pouvais même en sauter si je me laissais d'abord pendre par les bras. Enfin, seulement quand je voulais sortir la nuit sans réveiller mes parents. Je ainsi, les cheveux au vent, pendant un temps indéterminé. Sans forcément penser à quelque chose en particulier. Je m'emparais du tas de feuilles le plus proche. C'était l'histoire dans laquelle j'avais raconté la rencontre de mes parents. Pour l'illustrer, je les avaient dessinés entrain de se rentrer dedans un jour de neige, alors que le trottoir glissait. Puis, j'avançait à cette époque et je les avait dessinée dansant une sorte de slow sous la neige également, au beau milieu d'un parc. C'était tel qu'ils me l'avaient racontés, et quand ma mère l'avait lu et vu, elle m'avait confié que c'était très réaliste et que c'était très émouvant et gentil de ma part d'avoir fait ça. JE me perdis au fil de mes pensées, attrapant ici et là des histoires et des dessins. Si bien qu'au final, la brise et la chaleur avait fait sécher mes cheveux. J'attrapais une élastique et me fis une tresse épi de blés que je rabattis sur mon épaule droite. Je pris le bandeau de cuir tressé sur ma commode et le passait autour de mon front. Ca plaisait à me mère elle disait que ça me donnait un côté amazone ou "sauvage". Mine de rien j'étais restée longtemps en mode "comptemplation", puisqu'il était 21h. Ma mère m'appela pour manger. Mon père venait de rentrer. Je déposais un baiser sur sa joue et me dirigeais vers les placards pour mettre la table. Mon père raconta sa journée, ma mère la sienne et moi je dis simplement que j'avais vu quelqu'un sur la colline, et que ça ne m'avais pas vraiment fait plaisir. Mon père s'étonna qu'il ait eu quelqu'un qui irai là-haut.

Rose et tulipes rougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant