Chapitre 1 : Cette nuit la.

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Valentina :

Saint-Sébastien, Amarako Abadia ; Dimanche : 21h

La nuit commence à se faire ressentir, par la lueur du soir et la fraîcheur du vent. Mais ce n'est absolument pas ça qui me préoccupe autant, non.

Loin de là.

Je presse le pas, la boule au ventre.

Mon père et mon frère m'ont toujours appris à fuir. Je ne voulais pas. Je voulais me défendre. Mais étant la plus petite et étant une fille, je n'avais pas le choix. Leur raison de ne pas m'apprendre à me défendre est que les femmes n'ont pas de place au sein de la mafia et des gangs.

Ça me répugne.

Je déteste les armes. Ils le savaient très bien. Mais ils en ont fait qu'à leur tête, sans me concerter et me demander si je voulais.

J'ai du apprendre toute seule.
Le combat au corps à corps.

Je n'utilise pas d'armes. Pour différentes raisons.
Mais surtout pour la plus évidente.

Je continue de presser le pas. J'entends des pas derrière moi depuis maintenant quelques minutes. Je ne me sens pas en sécurité.

J'ai... je suis terrifiée.

Une pharmacie indiquant "ouvert". Je m'engouffre aussitôt dans celle-ci.

Je commence à me précipiter près de la jeune femme qui se tient devant moi pour lui demander des médicaments.
C'est inutile de demander de l'aide.

*"Les femmes ne doivent pas appeler la police.
Elles ne doivent rien faire même.
Elles ne sont bonnes que pour faire ce qui se trouve à la maison."*

Voilà ce que j'ai appris.

*"Elles sont faibles."*

Ce qui est faux. Mais là je n'ai aucune puissance, je ne suis plus maître de mes mouvements. De mes paroles. J'ouvre quand-même avec difficulté la bouche pour lui répondre.

Elle ne se doute de rien.
J'espère.
Je ne peux pas imaginer lui dire ; elle se ferait sûrement agresser par ce type. On le serait toutes les deux.

Non. Je ne veux pas ça. Elle mérite de rien savoir. Elle ne mérite pas ça, tout simplement.

Tout mon corps tremble.
Elle tend mon sac que je pris avec énormément de difficultés. Je traîne jusqu'à la porte de sortie. Je ne veux pas. Je sais ce qui m'attend. Je ne peux rien faire.

Avant de sortir, je m'assure de ne voir personne.

Peut-être est-il parti ?
Ou peut-être pas.

Le vent hivernal me procure de multiples frissons sur tout le corps.

Quelque temps après être ressortie j'entends à nouveau les mêmes pas.

Merde il est là.
C'est qui ce type ?

Je traverse la rue.
Peut-être que je me fais de fausses idées ?
Me voilà sur le trottoir face à celui auquel j'étais juste avant, priant pour qu'il ne me suive pas.

Du coin de l'œil j'aperçois alors son ombre traverser. Il se dirige sur le trottoir où je me situe.
Je comprends.
Je comprends instantanément.
Et je sais où je suis.
Je vais mourir.
Ou pire encore.
Je vais être embarquée.

《To protect you from everything》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant