Le Chemin Glacé vers ton Cœur Brûlé

Chapitre 3 : Tobias

Une scène surréaliste vient de se jouer sous mes yeux. Cette fille que je ne connais ni d'Adam ni d'Eve vient de me faire un scandale. Une vraie peste ! Il n'y a qu'à voir la maison dans laquelle elle semble avoir grandi. Visiblement elle n'a manqué de rien, sauf peut-être de gentillesse. Constance n'essaie même pas de l'arrêter et se tourne vers moi, le regard triste.

- Tu ferais mieux de rentrer chez toi Tobias. Me dit Constance en m'emmenant dans le salon.

- Je suis désolé Constance, je ne comprends vraiment pas la réaction de votre petite fille, mais j'ai vraiment besoin de ce travail ! Dis-je tentant de garder mon calme alors que la peur m'envahit.

- Ne t'inquiète pas mon garçon, ça lui passera. En attendant, on se retrouve demain matin à 7h30. Une longue journée nous attend !

Elle me raccompagne jusqu'à la porte et attend que j'ai fini de me préparer. Je sors sur le perron où la nuit à envahit le ciel, le froid est mordant et il neige de nouveau. Il va me falloir une bonne heure pour rentrer et je ne suis pas allé à l'épicerie acheter du lait pour Emelie. Avec un peu de chance Astrid aura été lui en acheter aujourd'hui. Je me tourne vers Constance :

- Quelle heure est-il ?

- 19 heures passées, pourquoi ? Elle sert son gilet contre elle.

- Non pour rien. A demain Constance, encore merci. Dis-je en m'éloignant.

Malgré ma tenue faite pour l'hiver, le froid est vraiment très dur à supporter. Je serre les dents, en me disant que d'ici une heure, je serai de retour auprès d'Emelie. Et j'espère secrètement que rien ne lui est arrivé pendant mon absence.

Le lendemain, je me réveille aux aurores. Il est tout juste 5h30 lorsque je mets un pied dans le salon, fraîchement lavé et habillé. Je suis de bonne humeur, car je sais qu'aujourd'hui ma journée va être occupée. Emelie pleure depuis que je me suis glissé sous l'eau froide de la douche et je constate qu'Astrid n'est pas là. Je fonce vers Emelie, regarde si tout va bien. Elle a sans doute seulement faim. Son dernier repas remonte à hier matin, tout comme le mien et je sens mon ventre crier famine. Je vais dans la cuisine, Emelie dans un bras et je cherche de l'autre main si Astrid a acheté du lait maternel pour Emelie. Bien sûr que non ! Quelle idée ! La colère m'envahit, car si Astrid n'est pas là ce matin, cela ne peut vouloir dire qu'une chose. Elle s'est barrée, sans doute trop en manque. Et elle ne reviendra pas avant plusieurs jours, le temps qu'elle soit suffisamment redescendue. Qui va garder Emelie aujourd'hui ? Il faut absolument que j'aille travailler, mais que je lui trouve surtout de quoi se nourrir. Je l'emmène dans la salle de bain où je la prépare, elle semble s'être calmée et me lance même quelques sourires, je lui souris en retour, complètement gaga.

Lorsque nous sortons de la maison, il est bientôt 6h30. Il ne manquerait plus que je sois en retard le premier jour ! J'ai la surprise de trouver Alice, garée dans notre rue. Elle sort de sa voiture et me rejoint sur le trottoir. Elle tient un sac dans l'une de ses mains et me le tend. Je pali en découvrant ce qu'il contient, une boîte de lait maternelle et de l'eau. Son regard en dit long sur le pourquoi de sa présence ici. Même si Alice avait beaucoup d'estime pour ma mère et qu'elle a toujours pris soin de nous à sa façon, elle ne se mêle jamais de nos affaires. Elle n'est jamais intervenue dans les problèmes d'Astrid, ni dans ma façon de les gérer. Et je lui en suis reconnaissante, notre situation est suffisamment honteuse et merdique.

Je lui fais un signe de la tête et elle me suit à l'intérieur de la maison. J'ai à peine franchi le seuil de la maison que je fonce préparer un biberon à Emelie. Lorsque je reviens dans le salon, je retrouve Alice en train de détailler la pièce où Astrid passe son temps. Je ne sens aucun jugement dans son regard et je vois également qu'elle n'attend rien en retour de son geste. Je ne comptais pas non plus me confondre en remerciement, cela reviendrait à admettre que j'ai tout foiré.