Chapitre 4

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Amitié toxique

Le sureau, de sa couleur blanchâtre, pousse soit comme un arbuste, soit comme un arbre. Les fleurs sont attrayantes pour les pollinisateurs comme les abeilles.

Contre toute attente, Maya se pointe en cours le lendemain. Elle me raconte sa soirée de lundi. Je l'écoute parler sans s'arrêter alors que nous nous dirigeons vers la cafétéria. C'est toujours un endroit que j'appréhende. Accompagnée, je trouve ça plus surmontable qu'être toute seule. Maya s'arrête dans son monologue tandis que nous marchons dans les couloirs.

— Pourquoi t'as mis une perruque ? me demande-t-elle en passant une main dans mes cheveux.

Je lui souris, embarrassé. Parce que je suis faible. Parce que vos critiques m'ont donné encore moins confiance en moi avec mes cheveux naturels.

— Parce que je voulais du changement, dis-je en haussant les épaules.

Elle hoche la tête, son regard traînant sur ma chevelure. Bien sûr, elle ne comprend pas comment l'attitude qu'elle a eu la dernière fois m'a blessé.

— De tout façon, ça te va mieux comme ça.

J'essaie d'ignorer ce faux compliment qu'elle me fait et continue de marcher. Nous arrivons dans la cafétéria et Maya salue quelques connaissances pendant que je réfléchis à quelque chose. Aujourd'hui, il y a beaucoup trop de monde. C'est peut-être parce que nous sommes en heure de pointe alors que d'habitude, on vient manger à l'heure de l'ouverture pour éviter le monde. Maya préfère faire ça pour avoir plus de choix de nourriture. Moi, c'est pour une toute autre chose. C'est pour éviter tout les regards sur moi, les personnes impatientes et la file derrière moi alors que je commanderai quelque chose à manger. La cafétéria est différente de la cantine. Il n'y a pas de plateau ou de choses comme ça étant donné que c'est également à emporter. Je n'ose pas demander à Maya de manger dans la cour de dehors. En plus, il fait froid, elle refusera catégoriquement.

Je cogite toujours tandis que nous nous dirigeons vers la queue. Une odeur de friture vient emplir mes narines. Je triture mes doigts, Maya à mes côtés.

— Qu'est-ce que tu vas prendre ? me demande-t-elle.

— Une part de pizza, et de l'eau, je réussis à articuler.

Mon cœur bat de plus en plus vite dans ma poitrine alors que nous nous rapprochons du comptoir. Je sais que je vais paniquer, et avoir Maya avec moi ne va pas m'aider.

— Hm, j'ai trop envie d'un burger.

Elle fait mine de fermer les yeux et d'humer la bonne odeur qui se dégage des fourneaux. Soudain, je trouve un prétexte à dire.

— Y'a du monde aujourd'hui, tu veux pas plutôt que j'aille nous garder une place ?

Maya jette un œil derrière nous. En effet, les tables commencent à se remplir.

— Ouais, t'as raison. Donne moi ta carte.

Ici, nous payons avec une carte spécifique à l'école qu'il faut charger pour y mettre la somme que l'on veut. Je lui la donne et part chercher une place. Je passe entre les tables, les rires et le bruit ambiant. Tout mon corps est en feu à mesure que je marche. Je ne regarde même pas les gens autour de moi, je les évite. Je trouve enfin une table de quatre dont j'espère que personne ne viendra s'y asseoir.

Après une attente toute seule qui m'a paru interminable, Maya s'assoit à côté de moi avec notre repas. Elle me redonne ma carte que je fourre dans ma poche. Je peux désormais souffler un peu. Quand quelqu'un est avec moi, je me sens moins angoissée. Je fais un croc dans mon énorme part de pizza aux chorizos. Elle est grasse, mais c'est tout ce que j'aime.

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