Blooming Flowers

Chapitre 2

Routine New-Yorkaise

Les acacias sont des fleurs douces et jaunes qui ont tendance à être pelucheuses. Ces plantes sont délicates et tendres.

Je sors de mon dernier cours sur l'art du pinceau quand une chevelure blonde court vers moi pour m'enlacer devant tout le monde. Nous sommes en plein milieu du couloir. Je souris timidement, gênée que des regards se posent autour de nous. Cependant, en présence de Maya, je me sens toujours plus à l'aise que toute seule. Avec elle, je peux presque faire abstraction des regards.

— Tu m'as tellement manqué Eve, s'exclame-t-elle en s'éloignant de moi.

Je ricane face à sa remarque et recoiffe mes cheveux qu'elle a écrasé au passage.

— Ça fait qu'un weekend qu'on s'est pas vu, t'abuses.

— Un weekend, c'est long. T'es vraiment sans cœur, lâche-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.

Nous commençons notre marche vers la sortie du bâtiment. Sur certains murs, il y a différentes affiches qui annoncent des petits concerts organisés par les étudiants, ou encore des cours particuliers dans certaines matières. Un jour, j'avais envisagé de m'inscrire à un cours, mais je suis trop timide pour oser le faire. Il y a toujours des choses que j'aimerais faire tout au long de mes journées. Des choses banales comme participer à des cours, demander un renseignement à quelqu'un... Mais je n'ose jamais. Maya me prend par le bras alors que nous sortons dehors. La rue est pleine, comme toujours. A New-York, tout paraît deux fois plus grand. Je ne suis pas née ici, alors je me retrouve toujours dépaysée face à cette ville.

Devant nous, un groupe s'engouffre dans une voiture. Maya leur lance un regard de travers alors qu'un garçon se met à hurler pour amuser la galerie.

— Ils me font vraiment pitié, lance-t-elle.

— T'abuses, dis-je en laissant échapper un rire embarrassé.

— Même pas, je peux plus me les voir.

Elle grimace devant eux tandis que j'espère qu'ils ne vont pas nous faire une remarque à cause du regard insistant que leur lance Maya. Maya est une amie d'enfance. On se connait depuis le collège et je l'ai retrouvé ici alors qu'on ne s'était pas parlés pendant des années. Je ne la considère pas comme ma meilleure amie. Nous nous sommes retrouvés ici dans le plus grand des hasards. C'est elle qui a fait le pas vers moi, et depuis, nous restons toujours ensemble. J'apprécie être son amie, mais parfois, j'ai l'impression qu'elle me met de côté pour ses autres amies, qu'elle traîne avec moi que parce qu'elle a pitié de moi. Peut-être que je me fais des films.

— On va retrouver les autres au Starbucks.

Ce n'est même pas une question. J'acquiesce alors, jouant avec une bague sur mes doigts. Je prends soin de mettre ma capuche pour éviter que mes cheveux gonflent avec l'humidité. Il a arrêté de pleuvoir comme tout à l'heure, mais il y a encore quelques gouttes. Nous traversons les rues, passons entre les personnes pressées et les concerts improvisés sur les trottoirs pour enfin arriver à destination.

Maya entre en première alors que mon cœur bat plus fort dans ma poitrine. Je n'apprécie pas particulièrement ces filles. J'ai toujours l'impression qu'elles me jugent et je n'aime pas ça. Elles me mettent toujours inconfortables. Comment dire ça à Maya qui les considère toutes quasiment comme ses sœurs ? Elle qui oublie toujours mon existence quand nous sommes avec elle ? Je ne veux pas me victimiser, mais pourtant, c'est ce que je ressens, et c'est la réalité. Des fois, je me dis que je reste sûrement avec Maya car j'ai peur de me retrouver sans personne. Être seule me terrifie. J'ose à peine aller manger quelque chose toute seule, faire les magasins toute seule...

— Maya, on est là !

Une autre blonde nous fait des grands signes. Les filles sont sur une table à côté de la baie vitrée ou tout le monde passe sur le trottoir dehors. J'aurais préféré qu'elles se mettent un peu plus à l'arrière. De cette manière, je n'aurais pas à sentir des regards curieux sur moi.

— Salut les filles ! s'exclame Maya.

Elle salue les trois filles. Je les vois rarement car elles ne sont pas dans la même école que nous. L'art ne les intéresse pas. Maya m'entraîne toujours dans ce genre de sortie avec elles, mais je ne me sens jamais à ma place. Les filles me font comprendre que je n'ai rien à faire là, et je me demande si Maya s'en rend compte. Une fois de plus, elles me le prouvent aujourd'hui. Je reste en retrait et essaie de sourire.

— Ah, salut Evelyn.

— Salut, dis-je dans un petit sourire.

La blonde devant moi me scrute de la tête aux pieds. J'ai l'impression de passer sous un scanner. Mal à l'aise, je triture mes doigts tandis que Maya s'assoit à côté d'une autre fille et entame une discussion.

— Tu sais, tu peux enlever ta capuche, me dit-elle avec dédain.

Mon cœur sursaute dans ma poitrine tandis que mes joues deviennent instantanément brûlantes. J'ai oublié d'ôter ma capuche pour la deuxième fois aujourd'hui. Je m'empresse de la retirer sous tous les regards des filles. Quand mes cheveux se dévoilent, la fille à côté de Maya, Aymie, je crois, se met à pouffer de rire. Je reste là plantée devant elles, la poitrine en feu. Une boule se forme dans mon ventre.

— T'es décoiffée, commence l'une d'elles en grimaçant.

J'essaie de discipliner mes boucles avec précipitation, la main tremblante. Je parie que je suis toute rouge.

— Non mais comment une touffe pareille a pu rentrer sous cette capuche ? ricane Aymie en tapant le bras de Maya.

Je n'arrive pas à bien voir le visage de mon amie quand elle se tourne vers Aymie. Je l'entend chuchoter quelque chose à son oreille alors que ses épaules sont secouées de rire. Devant cette réaction, j'ai juste envie de pleurer, ou de m'enterrer dix pieds sous terre. Tout mon corps est en feu tandis que je me force à ne pas pleurer en me mordant la lèvre du plus fort que je le peux. Une boule vient se former dans ma gorge. Elles se moquent ouvertement de moi, sans se préoccuper de ce que je pourrais ressentir. J'adore porter mes cheveux aux naturels. Je me sens jolie, et j'ai la sensation d'avoir confiance en moi. Mais dans ces cas-là, je me sens juste minable. J'ai envie de les cacher, de les ratatiner et de les plaquer pour faire disparaître ce volume.

— Allez, assis-toi Eve, dit Maya en essuyant une petite larme au coin de son œil tandis que Aymie reprend ses esprits.

Je leur fais rire au point d'en pleurer ? J'essaie de contenir un visage neutre tandis que je remarque que c'est une table de quatre. Il n'y a pas de place pour moi.

— Oh, on ne pensait pas qu'elle viendrait, ajoute la blonde avec une petite grimace.

Tout ce que j'ai envie de faire là maintenant, c'est de me barrer et de ne plus jamais les revoir. C'est sûrement ce qu'elles veulent d'ailleurs, mais je ne partirai pas maintenant. Je prend une chaise d'une autre table vide derrière moi et me place en bout de table, à côté de Maya et de la blonde. Aymie lance une conversation tandis que tout le monde commande une boisson. Je sirote la mienne, écoutant leurs conversations qui ne m'intéressent pas. Je me demande pourquoi Maya tient tant à me faire venir avec elles alors qu'elle se fiche clairement de moi. Elle n'a même pas tenté de me défendre, au contraire, elle s'est moquée de moi avec elles. J'aurais aimé avoir un élastique pour attacher mes cheveux. Maintenant, j'ai l'impression qu'elles ne regardent que ça, ce qui me met mal à l'aise.

Je suis partie avant tout le monde, prétextant que je devais passer à la boutique de fleurs alors que c'était bien évidemment un mensonge. Je ne travaille là-bas qu'une semaine sur deux, mais ça n'avait pas l'air de déranger Maya que je parte. Je prends une grande bouffée d'air frais une fois dehors. Je déglutis avec peine alors que je me dirige vers mon appartement. Devant moi, les grands buildings se dessinent. Jamais je ne me lasserais de cette vue, même du bruit ambiant et si bruyant de la ville. La journée se finit bientôt. Elle n'aura pas été très enrichissante pour moi. Mais demain est un autre jour, et j'espère qu'il se passera mieux que celui-là.

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Bientôt l'arrivé de Peyton !

Je vais poster un chapitre tout les lundis :)