Chapitre 46

70 10 0
                                    


- Ah! aïe! oh qu'est-ce que c'est chaud, marmonna Yeji.

- C'est normal, ça sort du four.

Elle se masse les doigts tout en me fusillant du regard.

- Au lieu de me casser, dit-elle, concentre-toi pour pas rater ta... ton truc.

- C'est une bûche de Noël, inculte.

- Je sais ce qu'est une bûche de Noël mais ce que t'as fais... Je sais pas si on peut même le caser dans la même famille.

- Jalouse de mes talents de pâtissière, je vois. Moi je suis fière du résultat.

- Les filles !!!!

Axelle fait irruption dans la cuisine telle une tornade et continue de crier :

- On va ouvrir les cadeaux !!! Venez !!!!

- Cette petite n'aura plus de voix demain, dit Yeji une fois que ma sœur fut parti aussi vite qu'elle était venue.

- Impossible. Sa voix est infatigable. Pas comme nous.

Je retire délicatement mon tablier que je dépose sur la chaise la plus proche et m'apprête à sortir avant que Yeji ne m'interpelle d'une voix horrifiée.

- Vic ! Ta robe !

- De quoi ?

Elle s'approche et me montre du doigt une tâche de glace et de chocolat fondu sur le côté. Je soupire, exaspérée en observant l'ampleur des dégâts.

- J'ai fais attention avec mon tablier pourtant...

- Dépêche-toi d'aller la rincer avant que Hyunjin ne voit rouge.

- D'accord, tu les préviens que j'arrive, j'en ai pour deux secondes, dis-je en me dirigeant vers la salle de bain.

Armée d'un gant de toilette humide et d'un savon, je rage contre moi-même, agacée d'avoir été aussi peu prudente. Ça aurait pu être n'importe quel vêtement mais cette robe était trop précieuse pour être gâchée.

- Alors comme ça on sali ma robe ?

Je sursaute et me retourne pour remarquer Hyunjin appuyé contre la porte, les mains dans ses poches, avec un air de reproche dans les yeux.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Tu t'es pas loupée.

- Tu crois que ça me fait plaisir... Je la mets à laver dès que possible. Je suis vraiment désolée, je t'assure que j'ai fais extrêmement attention en plus.

Il s'approche lentement tout en fixant la tâche qui a joliment enlaidi ma robe. Je m'attends à encore d'autres reproches mais il semble s'adoucir.

- Je sais. Ça peut arriver. Je t'en achèterai une autre. Je suis déjà content que tu aies tenu parole pour ce Noël.

- Je t'avais promis de la mettre à chaque Noël et tu sais mieux que personne que je tiens mes promesses.

Il sourit avant de me prendre mon gant des mains. Il s'assoit sur le rebord de la baignoire et m'attire vers lui.

- Je pouvais finir, dis-je d'une petite voix.

- Maintenant que je suis là autant que je me rende utile. Sauf si tu préfères que je continue à te faire culpabiliser.

- Frotte doucement, marmonnai-je.

Il s'attelle avec sérieux à sa tâche ce qui plonge la pièce dans un profond silence. Je le regarde faire et je ne peux empêcher un sourire de naître sur mes lèvres tandis que ma main va se perdre dans sa belle chevelure qui est à nouveau noir comme la nuit. Tantôt je joue avec, tantôt je caresse doucement sa tête.

Inconnu ne rime pas avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant