Lettre au Docteur d'âme

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Docteur d'âme

Peu importe où

mais quelque part

Une personne qui a oublié

Quelque part sur Terre

Samedi 4 Mars 2023


Docteur,

Désolé de vous déranger mais j'ai bien réfléchi à ce dont nous avons parlé l'autre fois.

Je sais que j'ai oublié quelque chose, je le sens. Il y a un trou dans ma mémoire, dans ma tête, dans mon être. J'ai en permanence cette impression de vide, celle de quand l'idée qu'on voulait dire est partie avant qu'on ne puisse la formuler. Mais cette fois je n'arrive pas à la retrouver. Elle ne revient pas, peu importe les jours, les mois, les années. Elle refuse de réapparaître.

J'ai peur Docteur.

Je crois vivre avec une boîte à énigme que je n'arrive pas à ouvrir. Mon être est la boîte et mon esprit est celui qui essaie inlassablement de le déverrouiller. Mais il a oublié comment faire.

C'est douloureux monsieur.

Même si on dit qu'il ne faut pas forcer sur les casse-têtes je fini pas me blesser et c'est littéralement ma tête qui se casse.

J'ai besoin de la réponse à une question que je ne connais pas non plus. C'est obsédant docteur.

Je vis avec une voix dans ma tête qui me hurle "Souviens-toi" mais rien ne me vient.

Parfois j'imagine que je suis à genoux dans de la terre meuble et que je creuse en tenant de toutes mes forces une lourde pierre entre mes mains. Cela fait du bien un temps, de voir la terre céder. Mais ça ne dure jamais longtemps, car c'est encore plus dur de voir la terre partir sans aucune chose qui se découvre en dessous.

Alors je passe des heures à creuser dans mon imaginaire une terre vide de réponse. Jusqu'à ce que mon esprit soit si fatigué qu'il oublie le trou qui l'habite lui-même.

Docteur j'ai peur d'empirer les choses...

J'ai peur qu'en creusant ce trou imaginaire je n'agrandisse celui qui m'habite. Pensez-vous que si l'on creuse trop une chose l'on puisse la détruire ?

Je ne veux pas me détruire...

Mais je ne peux pas non plus arrêter de creuser.

Je ne sais si vous avez déjà connu d'autres personnes avec ces mêmes symptômes, ni si vous avez pu les soigner. J'attends votre réponse avec crainte mais je saurais l'accepter.

Je m'en remets à vous.


Cordialement

Les lettres que je n'ai jamais envoyéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant