Il était une grenouille,
Toute couleur de feu,
Qui au pied des quenouilles
Se languissait des cieux,
Des nuages animés,
Qu'elle aimait orageux.
Mais un jour enflammé
Vint une famille abeille
Qui au cours d'essaimer
Butinait au soleil
Et se dit : « Qui voici,
À bayer aux corneilles ? »
Blottie sous l'éclaircie,
La rousse soupirait :
« Guère de goutte ici,
Hormis mon cœur suret. »
Les trois abeilles inquiètes
Lui fir'nt part d'un secret.
« Que dirais-tu, rainette,
D'une pluie de pollen ? »
Trop sec pour la pauvrette.
« Zut », jura la doyenne,
« Et d'une mer de miel ? »
Crapaud fêta l'aubaine.
« Viens donc dans notre hôtel,
Là-bas vers la rivière.
Vois notre larve belle :
Tu seras son grand-frère. »
Qui eût cru que la rousse
Joindrait leur univers !
Cette vive rescousse
A surpris les tocards.
Depuis, la raine mousse,
Produit un doux nectar
De bave de grenouille.
Pas mal, pour un Sans-Dard !
Et tous les jours elle touille
Pour nous, petits têtards.
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Errances poétiques
PoesiaDe la solitude aux amours égoïstes, non-réciproques ou condamnées. Recueil de poèmes.