Chapitre 16

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De l'autre côté, au milieu de cette pièce, attachée comme un vulgaire chien par le cou, le corps couvert d'hématomes bleues ou rouges, les cheveux en pagaille et arrachés sur certains côtés, les bras tremblants, les jambes flageolantes, les mains égratignées, les pieds écorchés, les lèvres fendues, le nez tordu, le teint miteux et les yeux vitreux ; Hinata était au pied de son agresseur dans une position de soumission insupportable. Elle avait été réduite à l'état d'un objet dans lequel le souffle de la vie sifflait péniblement ; jamais Naruto n'avait vu un humain dans un tel état de faiblesse, on lui avait ravi son humanité, sa dignité et son identité. Il se demandait même si elle était encore capable de respirer. Il l'avait vu morte, il la voyait désormais misérable.

La scène était comme hors du temps, Naruto n'arrivait plus à bouger, hypnotisé par ce tableau, dans lequel Mumei arborait un regard narquois et un sourire mauvais, qui ne révélaient que l'entièreté de leur cruauté si l'on prenait en compte la pauvre fille qui n'était plus maîtresse d'elle-même.

Puis le jeune tortionnaire se baissa et glissa quelques mots à sa prisonnière, qui lentement, mouvement après mouvement, tourna sa tête et son regard en direction de Naruto qui était tombé sur ses genoux pour se mettre à sa hauteur. Leurs yeux se croisèrent et se fixèrent pour ne plus se lâcher. Elle semblait vouloir lui dire une parole, ou bien un mot, ses yeux était le dernier moyen de communication qui lui restait et ainsi Naruto vit au fond de ces pupilles vaseuses une tristesse si pleine de mélancolie et de regrets, que la colère qu'il avait accumulée en lui se métamorphosait en de grosses larmes salées.

Il avait si mal, la voir lui rappelait qu'il n'avait pas réussi à la protéger, qu'il l'avait abandonnée à ce sort indicible et qu'il était responsable de cette presque mort. Il voulait plus que tout la prendre dans ses bras, la serrer et ne plus jamais la laisser, il la soignerait, il soulèverait des montagnes pour cette amie qui lui est si chère.

Naruto releva ensuite son regard en direction de celui qui surplombait ces retrouvailles tragiques, et la colère embrasa de tout son être. Le criminel tenait dans sa main coupable, un bout de la chaîne qui emprisonnait Hinata et se faisait un malin plaisir de jouer avec. Il toisa son ennemi de toute sa hauteur, et Naruto comprit immédiatement, que le jeune effronté était prêt à tout pour le sortir de ses gonds.

Il ne pouvait pas se laisser être consumé par la colère, les dernières expériences qui commençaient juste à dater ne bénéficiaient pas d'excellents retours, cette puissance qu'il abritait n'apportait que le malheur et la désolation, il ne fallait pas qu'il se prenne à ce jeu. La gangue de haine de Kyubi est d'une efficacité sans pareille, à un détail près, avec les yeux baignés de crimes, des amis des ennemis, on ne fait plus la différence, tout est à abattre, à vaincre, à fracasser.

Dans ce genre d'élan qui le dégoûtait au plus haut point, il craignait surtout de blesser son amie. Alors, lentement, il se leva et répondit à l'appel au défi du jeune homme masqué.

Pauvre ninja de Konoha qui croyait avoir vu les pires horreurs de cette planète ! Pauvre optimiste ! Pauvre généreux ! Le spectacle qui allait suivre finira pas avoir raison de lui et de ses belles résolutions. Si avec les années, certains réussissent à gérer leur caractère et à mieux le connaître, il n'empêchait qu'il s'agît d'une part de sa personne, la colère se liait toujours en un sens avec son histoire. Cette part sombre qu'il cachait sans cesse de peur qu'elle soit jugée, grondait en lui malgré les innombrables chapes de plomb qu'il avait posé dessus, un mouvement de travers suffirait à faire éclater cette mascarade. Tout vautour hélas sait repérer les charognes, et lorsqu'ils hument ne serait-ce qu'une molécule de faiblesse psychologique, ils accourent pour assister au souffle ultime.

Mumei était un vautour. Il se délectait déjà du programme qu'il avait préparé en amont. D'abord, il tira d'un coup sec sur la chaîne si bien que Hinata dont le corps était d'une extrême faiblesse, se laissa emporter et tomba la tête la première contre le sol, puis Mumei, s'adressant à elle comme à une vulgaire chienne, lui demanda de lui lécher la main pour récupérer son seul en cas de la journée, elle s'exécuta sans réfléchir, lorsqu'elle vit que dans la main de Mumei se trouvait une boulette de viande, elle approcha sa tête et dégusta le précieux présent.

Regards empoisonnésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant