Djeda était accoudée dans l'encolure de la porte d'entrée. Elle bloquait la propagation des rayons du soleil et, étant à contre-jour, on ne pouvait qu'apercevoir ses longues boucles dorés.
- Oui, tout va bien grande sœur, je me préparais juste pour aller faire le ravitaillement d'eau à Baya, mentit t-elle.
Son aînée sourit.
- Tu l'as déjà fait il y a deux jours, Kaï.
Son sourire déguisait un regard triste. Elle se dirigea vers sa petite sœur pour l'aider à ranger ses affaires malgré tout.
Dans la lumière du jour, on pouvait mieux distinguer le teint de bronze de la jolie blonde. Djeda était d'une beauté céleste telle, que les gens du village la pensait bénis des dieux. Elle était lumineuse, délicate, et pure comme du cristal gelé. Tout ce que Kaïna n'aurait jamais daigné se définir.
- J'y vais pour me ressourcer, Dje.
Un sifflement ponctua la phrase de Kaïna.
- Bien dit Zirca, félicita Djeda. (Elle caressa le crâne du reptile enroulé sur son bras.) Elle siffle quand elle reconnaît que tu ne dis pas la vérité.
Zirca était l'animal de compagnie de Djeda, créature pour le moins atypique car il s'agissait d'un serpent. C'était une femelle qui n'était pas très grande pour son espèce, elle devait faire la taille d'un bras humain.
- Maudite vermine, va.
Malgré l'intervention du reptile, la jeune femme ne mentait pas. Elle voulait s'évader, car elle ne réalisait toujours pas qu'elle venait d'être fiancé contre son grès. Cela dit, Kaïna ne voulait point inquiéter sa sœur, et ne chercha donc pas à évoquer son histoire de mariage. Elle la rassura :
- Je te promets que tout va bien. Je serai revenu demain matin à la première heure, promis.
Et comme la grande sœur qu'elle était, Djeda fronça les sourcils, comme font les parents lorsqu'ils sermonnent leurs enfants. Dans un soupir volontairement dramatique elle lui répondit :
- Très bien, je nous ferais des Baghrir.
Les Baghrir étaient des petites crêpes alvéolées préparées à base de semoule. C'était la pâtisserie préférée de Djeda, et donc de Kaïna.
- Super ! Merci beaucoup grande sœur.
Kaïna attrapa les mains de son aînée dans un geste tendre et remplie de soulagement.
Afin de s'assurer de ne pas perturber sa sœur, elle aborda précautionneusement le sujet préféré de celle-ci :- Avant que je ne parte, les préparatifs avec Zafir avancent comme tu le souhaites ?
Djeda se mit à rougir telle une adolescente.
- Ne m'en parles pas ! Je suis tellement impatiente que tu découvres ma robe de mariée.
Kaïna faisait semblant d'être euphorique pour faire plaisir à sa sœur, car la vérité était qu'elle détestait Zafir.
Djeda était une romantique dans l'âme, elle ne voyait que la bonté que seule elle savait faire ressortir chez les personnes qu'elle rencontrait. Tandis que Kaïna présumait toujours le pire, et avait pour sa décharge souvent juste. Ainsi, elle avait de bonnes raisons de douter du futur mari de sa grande sœur.
Zafir était l'homme le plus courtisé de Jaïa, il était connu pour sa beauté désarmante, ses bras seyants eux-mêmes reconnus pour aider le village en cas de nécessité de main d'œuvre, mais surtout, pour ses multiples conquêtes. Mais si ce n'était que ça, Kaïna n'aurait rien à redire, il avait le droit d'avoir eu un passé. Le problème était qu'il avait pour réputation de cumuler les femmes au même moment.
VOUS LISEZ
Venesis
Romance« Mais en se rapprochant peu à peu de Jaïa, les amis d'enfance eurent à l'unisson un hoquet de stupeur. Ismaïl en laissa tomba son sac de voyage. - Par le ciel tout-puissant, que s'est-il passé ? Comme si le temps s'était figé avec eux, ils demeur...