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Château de Pierrefonds, France, XIII ème siècle.

"Hmmm, rouge !

- la rouge ?

- oui.

- bon. D'accord."

La rouge n'est pas la plus belle, mais Marion est plus douée que moi pour les choix de robe, alors je lui fais confiance.
J'enfile la robe et me regarde dans la glace. Jolie.
"Vous voyez, elle vous va bien.

- oooh, tu peux me tutoyer, le personnel n'est pas là !

- pardon, excuse moi, je suis désolée. dit-elle en baissant la tête."

Mon père fait irruption dans la pièce, me toisant du regard.
"Mademoiselle Marion à choisit la robe n'est ce pas ?

- oooh, ça va. C'est vrai que Marion est douée pour ça... On devrait la faire travailler en tant que couturière.

- Nan, elle reste avec toi."

Cela fait maintenant 11 ans que Marion est ma "servante", je n'aime pas ce terme, mais c'est la vérité. Quand j'avais 8ans, ma mère est décédée, et mon père a jugé bon de m'acheter une jeune fille du même âge que moi pour me tenir compagnie. Heureusement, Marion est quelqu'un de bien. Elle a un an de moins que moi, mais paraît plus âgée. J'essaye tant bien que mal de la faire monter au rang de couturière, car elle est douée dans ce domaine, mais surtout parce qu'en raccomodant des vêtements, elle serait payée ! Elle ne gagne pas un sou pour tout le travail qu'elle fait : elle me réveille, m'habille, m'aide à me laver, prépare mes repas, m'occupe toute l'après-midi et me berce le soir. Tout ça et pas un sou. Certes je pourrai faire toute ces choses moi-même, mais je suis une princesse, et "une princesse ne doit pas travailler ne serait-ce qu'un instant pour conserver sa pureté et son innocence de jeune fille". Même mon père, très ouvert d'esprit, s'épuise à me le répéter.
"Elise ?

- oui ?

- les princes arriveront dans 30min, sois prête."
J'acquiesce puis je le regarde partir.
Il faut que je me trouve un prince. Il veut que je me marie. Mais je n'en ai pas envie. Ça, il ne l'entend pas. Au pire, je me marie, et puis après je l'évite.

J'entre dans la salle de bal, tous les regards sont posés sur moi. Je sais exactement ce qu'il faut que je fasse, mon père me l'a expliqué une centaine de fois : je marche, droite, la tête relevée, j'observe attentivement chaque prétendant, les scrute de la tête aux pieds, je me fais désirer. Ensuite, j'en choisi un pour une danse.
Pas mal, le brun au fond de la salle.
Le grand blond, aussi.
Un petit brun me sourit; eurk, qui l'a fait venir lui ?
Ils sont tous si vaniteux.
Oh. Il a l'air stressé lui. Désolée mon grand, mais tu seras ma victime.
Je lui tend ma main . Il me sourit, étonné mais heureux.
Il danse bien. Merde. Nous enchaînons les pas, les froufrous de ma robe rouge virevoltent. Il va se prendre les pieds dedans, c'est sûr. Non ? Même pas ? Pff, pas drôle.
Ok , ok, tu me donnes du fil à retordre. Je croise son regard. Il n'y a rien de vrai dans ses yeux, à part peut être son stress. il n'est là que pour l'argent. En même temps, pour quoi dautre ?
Je lève mon pied, et l'écrase sur le sien , perturbé, il fait un faux pas et se prend les pieds dans ma robe puis tombe . Tout le monde le regarde et éclate de rire.
Haha.
Je les observe d'un air faussement effaré. D'un coup, je crie "mais vous ne ressentez donc point de honte à rigoler de sa misérable chute ?" En une seconde, tous ceserent de rire.
Qu'ils sont cons.
J'aime me donner en spectacle.
J'aide le pauvre homme à se relever.

Un homme m'accosta, puis un autre, et encore un autre. Ils me sortaient tous le même discours " je suis Mr. Le prince de bidule truc, fils du roi des cons, vous êtes magnifiques, je suis riche, vous êtes intelligente, je ne sais plus si je l'ai déjà dit mais je suis riche, votre robe est superbe, ah et aussi, je suis riche." Génial.
La soirée fut longue.
Mon père vient me voir, un sourire en coin :
"Oh, monsieur le roi dont la richesse est si convoitée daint me saluer.

Venimeuse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant