II

28 3 0
                                    

Cela fait maintenant quelques minutes que nous marchons avec Marion en direction des bois.
"C'est encore loin ? demandais-je, fatiguée

- t'en fais pas, on est bientôt arrivées.

- ok madame."
Je dois relever ma robe, pour ne pas la piétiner dans la boue, et ça commence à faire lourd. Je ne sais pas où elle compte m'emmener, mais chaque soir, depuis maintenant quelques années, Marion fait de petites balades nocturnes jusqu'à tard, elle doit donc connaître ces bois comme sa poche.
"Et voilà, on y est !"
Je regarde autour de moi; des sols pleureurs et des séquoias longent une large rivière reflétant la lune. Magnifique. Des elfes pourraient vivre ici.
"Cet endroit est sublime... lui avouais-je

Elle me sourit.

- je sais."
C'est tout ? Elle ne me dit pas pourquoi elle connait cet endroit, comment elle l'a découvert, si elle y vient souvent; ce genre de choses ?
Bon.
"Tu ne m'a pas dit, que s'est t'il passé à table ?

- Pourquoi les hommes se croient-ils tout permis ? commencais-je. Enfin, pas tous, c'est une généralité, mais cet homme là, Mr. De la Jeannotière ou je ne sais plus trop quoi, que diable lui ai-t-il passé par la tête pour me mettre la main entre les cuisses !!?

Marion sursauta.

- il a fait ça ?

- ooh, ça oui. Quel porc."
Je commence à enlever mes chaussures, sentant ma servante me regarder d'un air perplexe.
"Quoi ? T'as jamais vu de pieds ?

- mais que fais tu ?

- je vais me baigner ?

Ses yeux sortirent de leur orbite

- quoi ? Tu vas me dire que tu m'a amené ici et que tu ne comptais même pas faire trempette ??

- m, m, mais, non. Le roi votre père à déjà dû envoyer une bonne cinquantaine de gardes à votre recherche, et s'ils vous trouvaient en culotte ??

- ça leur ferait du bien, ces hommes n'ont pas du voir un cul depuis une bonne décennie."
J'éclate de rire à la vue de Marion qui frôlait le malaise.
J'entre un pied dans l'eau. Glaciale. J'entre le deuxième. Toujours glaciale.
"Tu viens souvent ici ? demandais-je alors que je m'asseyais dans l'eau.

- oui. Je trouve cet endroit relaxant. ici, on a l'impression d'être coupé du monde, que plus personne n'existe à part nous, à cet instant... En plus, il y a de très beaux galets.

- la servante est poétique ?"

Elle baisse la tête, gênée.
Effectivement, les galets y sont beaux. J'en rammasse un et le jette plus loin. Je tourne la tête et regarde Marion, assise; ses doigts jouent avec l'eau, elle est pensive.
"Marion ?

- hm, oui ?

- t'as déjà été amoureuse ?

Ma question l'a surpris, puisqu'elle releva brusquement la tête et rougit

- je ne crois pas...

- comment ça tu ne crois pas ? Tu ne peux pas ne pas savoir : quand on est amoureuse, on le sent, on le sait !

- tu l'as déjà été toi ?

- non. Mais j'espère que cela ne m'arrivera jamais.

- pourquoi ?

- parce que de toute manière, je serai mariée de force à un homme dont je ne veux pas, alors si je tombe amoureuse de quelqu'un d'autre, je me retrouverai dans une situation assez embarrassante.

Je l'entend pouffer.

- pourquoi tu ne ris jamais ?

- oh... Je n'aime pas mon rire. murmura-t-elle en baissant les yeux.

- arrête, je suis sûr qu'il est génial ton rire !

- non, je t'assure que non..."

Je forme un récipient avec mes mains et l'éclabousse du mieux que je peux.
"AAAAH. si c'était pour me faire rire, c'est raté !!!!! cria-t-elle

- oooh, ça va, ce n'est que de l'eau.

- tu...

Marion se fait couper par un bruit sourd.
"PRINCESSE ÉLISE ! On vous cherche depuis une heure !! Votre père est furieux !"
Et merde.
La servante et moi montons sur un cheval qui nous était destiné.

Marion ne décrocha pas une mot du trajet.

"ELISE. gronda mon père quand je passais les portes du château . TU OSES PARTIR EN PLEIN DÎNER ALORS QUE LES PRÉTENDANTS LES PLUS PRESTIGIEUX DE TOUT LE PAYS ÉTAIENT LÀ POUR TOI ?

- oooooh, ça va !!! On sait tous les deux très bien qu'ils n'étaient pas là pour moi mais pour ton or !

- oui. Elise. C'est le BUT même d'un mariage arrangé : l'oooor. Et là, encore, tu as le droit de choisir lequel tu voudras épouser ! Estime toi heureuse !!

- mais tu as vu ce qu'il m'a fait, l'autre, ton soi-disant prétendant de prestige ?!

- non ?

- il m'a TOUCHÉ bordel !!!! TOUCHÉ. Sans mon accord !!!!!

- si tu te maries, il va falloir que tu t'y fasses. me dit-il avec un regard noir."

Que je m'y fasse ?

"Que je m'y fasse ? Pardon ? m'exclamai-je

- ton mari aura bien des envies, et il faudra que tu t'y plis. Que tu le veuilles ou non."

J'explose en sanglots, ses mots me font mal. "Que tu le veuilles ou non". J'allais vivre des années de tortures, après le mariage. Quelle horreur. Pourquoi ce ne serait pas lui, qui se plierait à mes désirs ? Pourquoi mon futur mari ne me respecterai pas ? C'est absurde.

Je monte quatre à quatres marches du grand escalier menant à ma chambre, mon père n'essayait même pas de me suivre.
Une fois ma robe de nuit enfilée, je fait appeler ma servante.
Marion entre dans la pièce, et quelque chose me frappe l'esprit : en onze ans à passer des journées entières ensemble, la discussion la plus longue et profonde qu'on ai eu est celle d'aujourd'hui, dans les bois. Je lui fait la remarque.
"C'est vrai... On est passées à côté de quelque chose... souffla-t-elle"
Elle me berce jusqu'à ce que mes paupières se ferment; sa voix est celle d'un ange.
Là, mes pensées divaguent : Marion est vraiment jolie, mon père est un con, qu'est ce qu'un con d'ailleurs ? Le mec bizarre qui m'a touché, par exemple. J'aimerais bien retourner à cette rivière, marcher pieds nues dans l'eau, ramasser des petits cailloux, Marion me tiendrait la main, et là, d'un coup, un dragon nous attaquerait , Marion serait terrifiée, mais moi, je le tuerai en quelques coups !! Marion serait saine et sauve, et elle me dirait "ôh Élise, comment pourrais-je te remercier ?", Je lui répondrai "un baiser me suffira milady", et nos lèvres s'écraseraient l'une contre l'autre, un baiser plein de passion ! Bah ? Marion se transforme en renard, puis, maintenant, nous sommes en Alaska...

"Mademoiselle Élise ? Il est l'heure de se lever..."

Hmmm, déjà ? J'ouvre les yeux , et aperçois Marion à mon chevet.

"De quoi avez-vous rêvé cette nuit ?

Elle me pose la question chaque matin, les rêves sont une passion que nous partageons. Parfois, quand mes rêves étaient originaux ou possiblement prémonitoires, elle les notait dans un cahier.

De quoi avais-je rêvé ?

Oh. Bah merde alors.

_______________

Ça arrive doucement, mais ça arrive. J'écris ça au restaurant, un super repas de famille 💀.
J'espère que l'histoire plairaaaa.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Mar 19, 2023 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Venimeuse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant