Au son strident du réveil matin, Ace s'éveilla brusquement. Il tenta de se frotter les yeux pour effacer les derniers lambeaux de sommeil qui les recouvraient encore. Ses paupières lourdes peinèrent à se soulever. Il avait l'impression que la fatigue qui l'avait accablé la veille ne l'avait pas quitté, qu'elle avait même empiré.
Malgré le repos dont il avait profité en début de nuit, Ace s'était réveillé vers trois heures du matin pour retourner se coucher quarante minutes avant la sonnerie du réveil. Pourtant, il était resté éveillé une bonne demie-heure, à ruminer encore et encore ce qui lui arrivait. Dix minutes de sommeil. Dix minutes depuis qu'il avait fermé les yeux. C'était insuffisant.
Lorsqu'il posa ses pieds sur le carrelage blanc, il fut secoué par un frisson. Le froid lui rappela que la nuit avait été fraîche et qu'il aurait préféré rester sous sa couette encore quelques heures. Il soupira en réalisant qu'il devait se lever et se préparer pour aller travailler. Ace avait besoin de son travail pour être utile à la cité et pour se sentir bien dans sa propre peau. Pour être heureux. L'utilité était la voie du bonheur.
Ava rompit le silence de sa voix synthétique en lui demandant si elle devait enregistrer le rendez-vous chez le médecin qu'elle avait programmé la veille. Ace se souvint alors l'étrange chose qui avait fait sortir ce liquide bizarre de ses yeux pour la première fois de sa vie la nuit précédente, ce que Ava avait appelé "pleurer". Cela l'avait chamboulé au plus profond de lui-même. Il ne savait pas encore quoi en penser, mais il se dit qu'il ne devait plus être inutile à la société comme il l'avait été hier. Ace devait prendre sur lui, ces horribles événements qui cassaient son quotidien parfait devaient cesser.
"Non, ne l'enregistre pas. Ça va passer.
_D'accord, Ace, je ne réserve pas de rendez-vous avec le médecin."
En se levant, le jeune homme sentit une douleur sourde dans son dos, probablement due à la fatigue accumulée depuis quelques temps. Il se dirigea vers la salle de bain en se forçant à marcher droit malgré sa souffrance. Il se regarda dans le miroir, ses yeux rougis trahissaient sa nuit agitée. Il prit une profonde inspiration pour se calmer.
Le jeune homme souffla :
"Ava ?
_Oui, Ace ?
_Entre en mode «douche», s'il te plaît.
_Très bien. Je lance le mode «douche» et donc le programme «intimité». Il sera désactivé lorsque je capterai votre présence dans le couloir. Je vous souhaite une bonne douche, Ace. Je quitte à présent la pièce en éteignant tous mes micros et mes capteurs."
Ace entendit immédiatement le flot de la douche et, juste après, un «bip» résonna dans la pièce, annonçant que l'intelligence artificielle avait quitté la salle de bain.
Le garçon retira son pyjama blanc et entra dans la cabine. L'eau chaude fit du bien à ses muscles endoloris.
Pendant qu'il se lavait, il réfléchit à tout ce qui lui était arrivé jusqu'à maintenant. Une journée avait suffit à briser tout ce qu'il connaissait. Il n'avait aucune idée de ce que tout ça signifiait, mais plus il y pensait, plus le jeune homme se disait que ce qui lui arrivait n'était pas dû à une grippe.
Il réalisa alors qu'il devait se concentrer sur son travail et se mettre en mode automatique pour accomplir ses tâches quotidiennes sans faillir, car la fatigue perturbait sa capacité d'analyse et de réflexion. Plus Ace pensait à tout ça, moins il comprenait. L'épuisement était si puissant qu'il n'arrivait plus à gérer les mouvements de son corps et ses pensées en même temps.
Il ne devait pas montrer de signes de faiblesse, car cela pourrait lui valoir des ennuis. S'il n'arrivait pas à se concentrer sur sa tâche aujourd'hui, il allait encore être un poids pour ses collègues et les citoyens, et donc la cité. Le jeune homme ne devait plus faire d'erreur.
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Placebo
FanfictionDans une société où l'amour est un crime et où les émotions n'ont pas leur place, Ace et Marco ont toujours vécu dans la conformité. Jusqu'à cette matinée, durant laquelle une chose ne s'est pas passée comme prévu. Quand les deux jeunes hommes comme...