Chapitre 1 : Bienvenue au cirque

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Assise sur un rocher, en haut d'une colline, ses cheveux courts décoiffés, Louise observait la ville qui s'étendait devant elle. Nous étions en milieu d'après-midi et la jeune brune tenait dans ses mains un vieux carnet blanc taché. A l'intérieur ne subsistaient que les deux premières pages. Ce vieux carnet d'apparence si simple, n'aurait pas attiré l'attention de la jeune fille si quelques jours auparavant son grand-père, le doyen du cirque, lui avait prononcé ces quelques mots avant de décéder : " Louise... l'histoire que j'aimais tant vous conter... elle est vrai... docteur Hapin le carnet blanc..."

Elle n'avait pas prêté attention à ces paroles mais en fouillant dans les affaires du vieil homme, elle avait trouvé avec Théo ce carnet blanc signée de la main du docteure Ondine Hapin. Perturbée, elle avait pris le carnet et courut sans se soucier d'où elle allait. Elle avait fini par arriver, épuisée, en haut de cette colline qui surplombait la ville. Le cirque de la grande ourse, ne partait en tourner que de juin à août, le reste de l'année il ne bougeait pas mais proposait régulièrement des spectacles. Il était très populaire grâce à ses engagements pour l'environnement et le bien-être animal, les seuls animaux présents étant quelques chiens et des chats.

Louise, le carnet sur ses genoux, n'osait pas l'ouvrir, le sentiment qu'il s'y cachait quelque chose de dangereux la dérangeait. Des bruits de pas se firent alors entendre, elle se retourna et vit Théo et Harmonie, essoufflés, qui avaient décidé de la rejoindre.

Théo et Louise avait maintenant 14 ans. Leurs cheveux étaient noirs, leurs yeux bleus et leur teint bronzé. Ils faisaient la même taille et la seule chose qui les distinguait était leur coiffure. Louise avait des cheveux qui s'arrêtaient au-dessus des oreilles, alors que Théo les avait laissés pousser jusqu'à ses épaules et les attachaient souvent. La jeune Harmonie, âgée de 12ans, portait des cheveux blonds longs et bouclés jusqu'au milieu de son dos. Une frange venait cacher en partie son œil gauche. Ses yeux verts semblaient perdus dans le vide. Elle avait toujours avec elle un petit sac à dos noir. Cadeau du doyen pour ses dix ans.

Les nouveaux arrivants vinrent s'assoir près de Louise. Ils restèrent silencieux, contemplant la vue. Puis Théo décida de prendre la parole :

"Je ne connaissais pas cet endroit. C'est très beau.

- Oui, répondit sa sœur, papi devait connaître lui qui aimait toujours se balader.

- Oui c'est vrai... Il doit bien rire de nous voir ici de là où il est...

- Qu'est-ce que tu vas faire pour l'enterrement ? murmura Louise

- Simplement lire un poème et toi ?

- Je ne sais faire que des pirouettes... aïe !"

Harmonie l'avait tapé sur la tête avec son poing et la regardait d'un air agacé. Elle prit son sac et l'ouvrit. Elle en sortit l'arc miniature en bois que lui avait offert la jeune fille, comme preuve de son talent pour la sculpture en bois. Théo rigola :

" J'ai toujours la lance grandeur nature de Victor Okéanos (Héro du livre préféré du garçon) que tu avais fabriqué !

- J'avais galéré à la faire ! Heureusement que Léo m'avait trouvé une photo !

- C'est vrai que lire c'est pas ton fort ! Allons pourquoi ne pas fabriquer quelque chose en bois pour mettre sur la tombe de papi ? Ça lui fera plaisir j'en suis sûr !"

Théo, le plus discret des jumeaux, savait comment réconforter sa sœur. Louise sourit. Comme d'habitude... Harmonie débloquait les situations et Théo lui donnait du courage :

" Oui bonne idée, je lui ferais une rose"

Le doyen, passionné par le cirque, avait deux autres loisirs, le jardinage et l'astronomie. Quand elle était petite, pour calmer son énergie débordante, le doyen aimait amener Louise dans son jardin et lui expliquait fièrement comment s'occuper de son beau rosier. Sa plus grande fierté, après le cirque. Quand il était plus jeune Maurice Solei (le doyen) avait épousé une jeune femme d'origine roumaine. Ensemble, ils avaient créé le cirque de la grande ourse et avait eu deux enfants : Suzanne et Roxanne. Cette dernière, la cadette, était partie le jour de ses dix-huit ans pour entrer dans l'armée. Deux ans plus tard sa mère décédait. C'est à son enterrement que Suzanne vit sa sœur pour la dernière fois. Quelques années plus tard, le cirque avait eu un grand succès et il accueillit trois autres familles : Les Livière, les Rostand et les Villo. Quatre familles formaient donc l'actuel cirque de la grande ourse. Suzanne très perturbée par l'absence de sa sœur avait passé le début de sa vie d'adulte entre le cirque et les fêtes. C'est dans une de ses fêtes qu'elle avait rencontré Henri, un aristocrate anglais venu passer ses vacances en France. Ils s'étaient fréquentés pendant un mois et le jour où elle était tombée enceinte des jumeaux, sa famille ne l'acceptant pas, ils se séparèrent. Quatre ans plus tard, elle avait épousé un musicien du coin qui les aidait souvent au cirque, Léo. Lucie Livière avait accouché d'Harmonie alors que le père était décédé.

Chacun avait son histoire mais ils étaient tous unis et se considérait comme une famille.

Le temps passait et la nuit ne tarderait pas à tomber. Nos trois jeunes gens toujours sur le haut de la colline, fatigués de ne pas dépenser leur énergie d'enfant, s'amusaient à lancer des pierres pour voir qui avait le plus de force dans les bras. Sans grande surprise, Louise gagna le concours haut la main et Théo le perdit de loin.

Alors que la jeune fille se moquait de son frère, la jeune Harmonie se prit les pieds dans une branche et s'écroula par terre. Théo accourut vers elle mais elle tendit sa main pour l'arrêter. Elle s'assit par terre. Ses genoux étaient écorchés. Elle sortit de son sac une compresse et de l'alcool Elle en appliqua sur ses genoux sous les regards amusés des jumeaux. Elle avait à peu près tout dans son sac. Ses deux amis s'assirent à leur tour :

"On l'ouvre ? proposa Théo après un long silence

- Je ne sais pas, murmura Louise"

Harmonie poussa un long soupir, se leva, s'arrêta devant Louise, les mains sur les hanches, comme le faisait parfois sa mère devant la leur. Elle inspira et dit :

"Lis-le !"

Même avec les jumeaux il était rare que la jeune fille s'exprime. La brune sourit, jeta un œil à son frère qui hocha la tête et ouvrit le carnet.

Docteure Hapin :

J'ai découvert quelque chose de grave. Une chose pour laquelle je pourrais être tuée. Toi qui lis ce journal, je t'en prie retrouve la suite et révèle au monde ce secret impardonnable, la vérité, nous, humains, avons le droit de la connaître !


Le mystère du carnet blancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant