En entendant un gémissement derrière lui, Guy se retourna. Il s'agissait d'Erwann, qui se relevait de sa position avachie. Il l'aida à se redresser avant de vérifier son état. Il semblait aller bien, malgré une coupure au-dessus de sa tempe, qui saignait en gouttelettes. Il posa un bandage propre avant de chercher des soins.
Pendant ce temps, Erwann vérifia à son tour l'état de Rubi et de son chien-loup. Tous les deux se sentaient bien et ne ressentaient aucune douleur particulière. Guy souffla de soulagement ; personne n'était blessé.
Alors qu'il s'activait à soigner la plaie d'Erwann, son visage très près du sien, il le fixa quelques secondes. Même couvert de saletés et le front en sang, il restait magnifique. En fait, rien que dans sa position, Guy pouvait voir qu'il avait été élevé dans la grâce. Ses cheveux étaient sauvagement décoiffés, tombant sur ses sourcils. Guy les écarta, profitant de la vision de son visage dégagé.
Quand il croisa le regard verdoyant et intrigué de son compagnon, il sentit une chaleur remonter sur ses joues.
« - Tes cheveux m'empêchaient de voir ta blessure...
- Mais je n'ai rien dit. Continue, je t'en prie. »
La réponse d'Erwann le déstabilisa un temps. Il avait souri, et ce sourire n'avait rien à voir avec ceux que Guy avaient pu observer. Il était rieur, confiant et peut-être mêlé de sous-entendus. Il tenta d'éviter d'y penser et reporta son attention sur sa mission initiale ; soigner Erwann. Heureusement pour lui, Rubi les interrompit dans leur échange. Elle les prévint que dans cet état-là, l'avion ne pourrait plus décoller. Ils allaient devoir trouver un autre moyen de locomotion, au cas où les évènements tourneraient au vinaigre. L'une des deux ailes de l'avion était complètement arrachée, et l'avant laissait une fumée noire s'en dégager. Mais comment trouver un engin qui serait capable de les conduire jusque chez eux ? Ils étaient en terre inconnue, en plein hiver. Et si le crash avait rameuté tous les habitants ? Le bruit avait dû attirer des gens, c'était inévitable. Guy pensa un instant au fait qu'ils devraient certainement se battre. Mais il n'avait pas envie de combattre des inconnus. Ce qu'il désirait, c'était des réponses. Qu'on lui explique enfin tout ce système discriminatoire. Le vrai but de cette expédition se trouvait toujours dans son cœur et ce n'était pas un avion qui ne fonctionnait plus qui allait le détourner de son objectif.
Il tenta donc de remettre de l'ordre dans sa tête et demanda si l'un d'entre eux avaient une idée d'où ils se trouvaient. Évidemment, tel qu'il l'avait pressenti, aucun de ses deux compagnons ne purent lui donner de réponse. Rubi se mit à tourner sur place et regarder les alentours. Puis, tandis qu'elle se remettait face à ses deux amis, elle posa sa main contre son menton.
« - Cet endroit... J'ai l'impression de le connaître... C'est idiot, mais il ne m'est pas totalement inconnu. »
Erwann lui demanda s'il était possible que sa famille, qui était dirigeante de la ville, soit déjà venue ici. Rubi lui répondit que si cela avait été le cas, elle n'en détenait aucun souvenir. Mais pourtant, elle semblait connaître cet endroit. La disposition des arbres la perturbaient beaucoup. Et ce fait intrigua Guy, qui ne savait pas quoi en déduire. Peut-être qu'à Pale Meadow, une forêt lui ressemblait ? Ou peut-être que Rubi avait fait un rêve qui imaginait une forêt semblable à celle-ci ? Dans tous les cas, sa réaction devait rester sous le contrôle de Guy, qui ne lui faisait pas totalement confiance.
Ils se décidèrent à s'enfoncer entre les arbres. Rester là pourrait leur apporter des ennuis. Rubi envoya son chien-loup arpenter les alentours afin de constater si un village, ou une quelconque vie humaine, ne se trouverait pas loin. Adda revint plus tard, et même si Guy ne connaissait rien aux chiens, il comprit que la voie était libre. Ils pouvaient donc marcher sans craindre de se faire attaquer.
VOUS LISEZ
Le fléau des couleurs
Ficción GeneralLe monde est divisé en fonction d'une couleur définie dès la naissance, qui s'apparente à une pierre. Si les habitants de Height-Moss vivaient sans craindre les discriminations qui les divisaient, c'était loin d'être le cas de Guy Sove. Adolescent...